Henri Bergson
Henri Bergson (1859-1941) est un philosophe français
dont la pensée est habituellement
associée au
« spiritualisme » : il va en
effet critiquer ces sciences objectives que sont
les mathématiques, la physique ou la
biologie. L'Essai sur les données
immédiates de la conscience constitue sa
thèse de doctorat de philosophie ; à sa
parution, en 1889, Bergson, ancien élève de
l'École normale supérieure, a trente ans.
Il y expose l'un des thèmes fondamentaux de son
œuvre : le monde extérieur de la
science, monde de l'espace, du temps objectif, de la
simultanéité et de la quantité,
diffère du monde intérieur de la
conscience, qu'il se propose d'examiner. D'une
manière similaire, il opposera les
idées d'intelligence et
d'intuition, intuition dont il fera,
avec l'idée de durée, le concept
central de sa philosophie. En 1907, la parution de
L'Évolution créatrice le rend
célèbre.
Souvent accusé d'être obscur, Bergson n'en
connaitra pas moins une certaine notoriété, et
fut même considéré comme un philosophe
mondain, puisque « les femmes du
monde » venaient assister à ses
cours. Il demeure l'une des figures majeures de la
philosophie du début du XXe siècle.
Il recevra, en 1927, le prix Nobel de littérature.
Bergson oppose un temps scientifique, chronologique
à un temps intérieur, abstrait, qu'il
nomme « durée ». La
durée témoigne de
l'activité authentique de la
conscience : elle est perception du temps
véritable, et se distingue du temps des
horloges, c'est-à-dire du temps scientifique ou
objectif. C'est pourquoi Bergson qualifie la
durée de « donnée
immédiate », qui est
simultanément donnée pure : la
durée n'est pas une juxtaposition
d'instants mesurables, qui peuvent s'exprimer en termes
de quantité. Elle est au contraire
« le prolongement ininterrompu du
passé dans un présent qui empiète
sur l'avenir ».
L'opposition de la durée au temps objectif
rejoint l'opposition entre le moi superficiel,
celui du monde extérieur, qui représente
le moi de la vie pratique ou de la vie sociale, et
le moi « fondamental obscur et
profond ». Parallèlement à
cette opposition en surgit une autre, entre la
mémoire pure et la mémoire
habitude. L’une est durée, et
se rapporte à l’intuition ; l’autre
est réglée sur le temps des
horloges.
La pensée intuitive est elle-même relative
à la durée. La durée exprime
elle-même ce temps par lequel nous sommes
directement en contact avec les choses. Le temps
scientifique, lui, ne dure pas.
Dans la mesure où Bergson met également
en opposition, d'une part, l'intuition mais aussi
l'instinct, sorte d'intuition inachevée, et
d'autre part l'intelligence, on a pu l'accuser
d'anti-intellectualiste. Pour Bergson,
l'authenticité, la vérité
auxquelles nous pouvons avoir accès ne
dépendent pas directement de l'intelligence.
Grâce à l'intuition, l'homme est capable
d'expériences pures. Même si l'intuition
reste liée à l'immédiateté
et à la
simplicité, elle s'apparente
néanmoins à un effort spirituel
intense, puisqu'il faut nous arracher à nos
habitudes, au quotidien et en même temps
écarter les notions familières. L'usage
de l'intuition fait que nous cessons alors d'être
des « automates
conscients », selon l'expression que
Bergson emploie dans l'Essai sur les données
immédiates de la conscience. L'intuition est
de surcroît en rapport avec cette
continuité indivisible que la
durée représente.
L'intuition est à ce titre directement
liée à la liberté. Or, pour
Bergson, « les actes libres sont rares,
même de la part de ceux qui ont le plus coutume
de s'observer eux-mêmes et de raisonner sur ce
qu'ils font ». Ainsi, la plupart de nos
actions quotidiennes, que nous
jugeons insignifiantes sont le
résultat du déterminisme et non de
la liberté, alors même que nous
nous croyons libres.
L'intuition nous permet, par conséquent, de
ressaisir la réalité que, comme automates
conscients, nous avions laissé échapper,
et l'action libre est de ce fait
directement inséparable d'une
« création continuelle »
et d'un « jaillissement ininterrompu de
nouveauté ». On comprend
désormais pourquoi Bergson veut mettre en valeur
le concept d'élan vital, lequel est
susceptible de traduire la spontanéité
créatrice de notre conscience pure à
laquelle il attache tant d'importance. En effet,
Bergson a montré dans L'Énergie
spirituelle, que lorsqu'une action cesse
d'être spontanée, elle est automatique,
machinale, et on sait alors que la conscience s'en est
retirée.
La vie elle-même, selon Bergson, échappe
aux explications finalistes et
mécanistes : le finalisme en effet,
pose que l'ensemble des phénomènes
naturels obéit à une
nécessité. Afin d'illustrer
l'idée de finalisme, on cite
généralement l'écrivain
français Bernardin de Saint-Pierre, qui
écrit que « le melon a
été divisé en tranches par la
nature afin d'être mangé en
famille ». Le finalisme présuppose,
donc, un plan conçu à l'avance par une
intelligence raisonnable et puissante. L'expression
usitée aujourd'hui est celle de
« dessein intelligent ». Dans
l'option d'une interprétation
mécaniste du vivant, les êtres
vivants sont assimilés à une machine, et
l'organisme humain peut alors, par exemple, être
comparé à celui d'une montre ou d'une
horloge.
Cependant, pour Bergson, la vie, certes,
obéit à une logique, mais c'est une
logique de la création. La vie n'est pas
constituée, elle se fait sans cesse.
Bergson réfute à la fois le monisme (le corps et l'esprit ne sont qu'un) et le dualisme (le corps et l'esprit sont dissociés l'un de l'autre). L'activité consciente ne peut, d'une part, être réduite à une localisation dans le cerveau ; mais elle n'est pas non plus, d'autre part, totalement différenciée de cette partie du cerveau qui la rend possible. La vie de la conscience est évidemment liée à la vie du corps, mais cette donnée ne nous apporte pas grand-chose. La métaphore du clou et du manteau, à laquelle Bergson a recours dans L'Énergie spirituelle, exprime la position de Bergson à ce sujet : le vêtement est lié au clou qui le supporte, comme l'esprit est lié au corps. Si le clou tombe, le vêtement tombe avec lui. Mais on ne peut en déduire que le clou et le vêtement soient une seule et même chose : « La conscience est incontestablement accrochée à un cerveau, mais il ne résulte nullement de là que le cerveau dessine tout le détail de la conscience, ni que la conscience soit une fonction du cerveau ».

Fiches de cours les plus recherchées
Découvrir le reste du programme


Des profs en ligne
- 6 j/7 de 17 h à 20 h
- Par chat, audio, vidéo
- Sur les matières principales

Des ressources riches
- Fiches, vidéos de cours
- Exercices & corrigés
- Modules de révisions Bac et Brevet

Des outils ludiques
- Coach virtuel
- Quiz interactifs
- Planning de révision

Des tableaux de bord
- Suivi de la progression
- Score d’assiduité
- Un compte Parent