Elizabeth Anscombe
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Gertrude Elizabeth Margaret Anscombe est née le 18 mars 1919 à Limerick, en Irlande. Elle a d’abord étudié à la Sydenham High School de Londres, puis au Saint Hugh’s College d’Oxford, où elle a obtenu son diplôme en 1941. Puis, elle a poursuivi un cycle postdoctoral au Newnhan College de Cambridge de 1942 à 1945.
Au cours de ses études, Elizabeth s’est convertie au catholicisme, qu’elle a continué à pratiquer toute sa vie. Sa vocation religieuse a imprégné et a orienté sa philosophie, qui s’est beaucoup préoccupée de la morale et des vertus.
Lorsqu’elle était chargée de recherche au Newnham College, elle a rencontré le célèbre philosophe Ludwig Wittgenstein, qui a été l’un de ses professeurs. Elle a ensuite traduit, en anglais, les œuvres de ce dernier. Elle est ainsi entrée de plain-pied dans la sphère de la philosophie, à laquelle elle a consacré son existence. Elle rencontre également Peter Geach, lui aussi étudiant de Wittgenstein, qu’elle épouse et avec lequel elle a sept enfants. Elle s’est donc aussi, parallèlement à sa carrière de philosophe, consacrée à sa vie de famille.
Après la mort de Wittgenstein, en 1951, elle fait partie des trois exécuteurs de son testament, chargés de l’édition et de la publication de ses écrits laissés sous forme de notes.
Parmi les évènements marquants de son existence, il y a son opposition à la remise d’un degré honoraire au président américain Truman par l’université d’Oxford. Elle rappelle qu’il a participé au meurtre d’innocents en envoyant la bombe atomique à Hiroshima et à Nagasaki. Une des célèbres citations d’Anscombe exprime parfaitement son idée :
En 1970, Elizabeth Anscombe est nommée professeur de philosophie à Cambridge, poste qu’elle occupe jusqu’en 1986.
Ses convictions sont plutôt conservatrices (opposition à l’avortement, à la contraception, aux méthodes de procréation assistée ou encore à l’euthanasie). Elle s’interroge, à travers sa philosophie, sur la relation entre l’intention et l’action, se demandant comment faire coïncider les deux dans un souci de moralité pratique. Elle écrit d’ailleurs que « l’intention d’un homme, c’est son action », critiquant en réalité une éthique de la bonne intention qui consisterait à être moral simplement dans l’idée.
Elle insiste sur l’importance de réfléchir à la fois à nos intentions, et aux conséquences prévisibles de nos actes. Nous sommes, selon elle, responsables des mauvaises conséquences de nos actions – même si l’intention est bonne – à partir du moment où nous n’avons pas suffisamment pris en compte le contexte. Anscombe nous invite à choisir une éthique des vertus plutôt qu’une morale idéale nous dictant des devoirs. Il s’agit plutôt de mettre en pratique des vertus (tenir ses promesses, venir en aide aux autres, etc.) plutôt que de rester dans la sphère des intentions, qui sont trop souvent inapplicables ou abstraites. Elle s’inspire ici de la philosophie éthique d’Aristote, qui développe également une réflexion sur le sens des vertus, sur le chemin de la justice.
Elle insiste sur le fait que le déclin de la croyance en la loi divine nous incite à renoncer à une forme de morale préétablie pour chercher à élaborer une éthique qui possède une dimension pratique et évolutive. Elle propose de mettre en œuvre une « philosophie de la psychologie adéquate », où nos délibérations et nos hésitations mentales sont étudiées afin de comprendre les processus de nos actions, conduisant à une action morale ou immorale ; à un choix, qui devrait pouvoir anticiper les conséquences.
Anscombe s’oppose ainsi à la pensée conséquentialiste, qui propose de juger une action morale sur les seules conséquences de nos actes, alors qu’il serait plus pertinent de travailler en même temps sur les liens entre le contexte, les intentions, la prévisibilité et l’action. Elle veut que nous prenions en compte la globalité de l’action morale, ce qui relève d’une grande exigence.
Elle réfléchit plus particulièrement au problème de l’acte intentionnel, poursuivant les questionnements déjà posés par Aristote chez les Anciens, puis par Wittgenstein chez les Modernes. Dans son livre L'intention, Anscombe procède d’abord à un examen de langage autour du concept d’intention, pour le clarifier, et pour pouvoir mieux l’utiliser par la suite. Elle s’intéresse de près à la question du langage, et plus particulièrement à un certain idéalisme du langage, dont nous serions prisonniers et qui nous empêcherait d’approcher au cœur de la réalité.
Elizabeth Anscombe meurt le 5 janvier 2001 à Cambridge, à l’âge de 81 ans. Elle aimait fumer le cigare, porter un monocle ainsi qu’un pantalon et une tunique, tenue masculine et qui était donc critiquée à l’époque.
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