La société
Tous les animaux forment des sociétés ayant pour fin la survie : celle de l'espèce et celle de l'individu. Les membres d'une même espèce sont liés entre eux par nécessité biologique. En ce sens l'homme ne semble jouir d'aucune prérogative. En effet, comme tout animal, il craint la mort, fuit la douleur, recherche le plaisir, entre en rapport avec ses semblables et satisfait ses instincts.
L'ethnologie – la discipline qui étudie les mœurs, coutumes, modes de vie et institutions, propres aux sociétés humaines primitives – insiste quant à elle sur la différence radicale entre sociétés animales et sociétés humaines. L'ethnologue Claude Lévi-Strauss (1908-) signale que seules les familles humaines interdisent les rapports de procréation entre membres d'une même famille : la prohibition de l'inceste caractérise ainsi la société humaine.
La philosophie, qui refuse de réduire l'homme à l'animal, met en évidence la puissance et la souveraineté de l'espèce humaine, capable de se détacher, grâce à sa culture, du simple règne naturel. Dans les sociétés humaines, le lien social ne repose pas tant sur la nécessité biologique que sur la volonté de s'associer en fonction de buts communs conscients.
Les communautés humaines ne se bornent pas à satisfaire des besoins vitaux, se rapportant aux instincts, mais permettent également la satisfaction des intérêts matériels et des intérêts spirituels qui caractérisent un être doté de raison. L'homme développe au sein de la société l'ensemble de ses aptitudes, il y perfectionne, comme le dit Diderot, « ses facultés et ses talents » et s'y procure « un vrai et solide bonheur » (L'Encyclopédie, article « Société »). La société fournit à l'homme un cadre économique, éducatif, et culturel propice à l'accomplissement de ses dispositions naturelles.
En ce sens, on peut dire avec Aristote (384-322 av. J.-C.) que l'homme est « un animal politique » (La Politique, livre I) car seule la « cité » – en grec polis signifie cité, communauté organisée dotée d'institutions – lui offre le moyen d'actualiser la totalité de sa nature ou, avec Kant (1724-1804), que « la discipline transforme l'animalité en humanité » (Réflexions sur l'éducation), car seules les contraintes imposées par la société rendent possible le dépassement des tendances instinctives. Qui dit socialisation dit éducation et qui dit éducation dit répression de l'instinct au profit de la raison.
La société accomplit et parachève les dispositions naturelles de l'homme grâce à la culture et à l'éducation qu'elle transmet. Ce rôle à la fois répressif et libérateur de la culture humaine sera également mis en évidence par le psychanalyste Freud (1856-1939), qui signalera l'importance extrême de la socialisation pour le développement affectif et intellectuel de l'enfant.
Dans cette perspective, la vie sociale, loin d'être propice à l'accomplissement personnel serait cause d'aliénation. C'est ce qu'avancent des philosophes comme Schopenhauer (1788-1860) et Nietzsche (1844-1900) lorsqu'ils déclarent que seule la solitude permet à l'homme s'assurer sa liberté et d'épanouir sa puissance créatrice et spirituelle.
On ne saurait négliger, dans ces conditions, une réflexion approfondie sur la qualité du lien social, sur celle de l'éducation, sur le rôle et la valeur des antagonismes sociaux, sur les rapports entre liberté et société, socialisation et sociabilité. Une telle réflexion engage à prendre en considération les projets politiques expérimentés, historiquement, par les diverses sociétés humaines.

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