L'histoire
La notion d'histoire s'associe à l'idée devenue
familière que rien n'est immuable et que tout est
soumis au changement. Appliquée à la science
du vivant, cette idée a engendré la
théorie de l'évolution des espèces.
La physique elle-même s'est mise à explorer des
phénomènes irréversibles (l'entropie en
thermodynamique) et la cosmologie, quoique avec
réticence, lui a emboîté le pas :
l'application de la théorie quantique et relativiste de
la matière permet de reconstituer l'ensemble de
l'histoire de l'univers (la théorie du Big Bang).
Toutefois, pourquoi restreint-on l'usage de ce terme aux
affaires humaines ? Quelle compréhension de l'existence
humaine est impliquée par son inscription
dans le devenir historique ?
1. L'histoire n'est-elle faite que d'une succession
d'accidents ?
Certes, la suite des événements qu'on
qualifie d'historique inspire le plus souvent
l'idée d'un chaos ou d'une succession de faits sans
liens apparents entre eux. En effet, quel rapport
établir entre le renchérissement du prix du
blé à la fin de l'hiver de 1789 et le
déclenchement d'un événement tel que
la Révolution française ? En outre, dans
les sciences de la nature, les
phénomènes sont étudiés en
fonction de certains paramètres soigneusement
sélectionnés, afin de les ordonner par
induction selon leurs caractères
généraux. En revanche, les faits
historiques sont appelés des
événements. Ce qui les caractérise,
c'est leur singularité et leur contingence ; autrement dit,
aucun ne peut se répéter à l'identique
une seconde fois et chacun aurait pu se passer
autrement.
Toutefois, peut-on prendre une vue sur l'histoire, tout en se tenant en dehors d'elle ? Ce qui au contraire caractérise l'humanité à l'âge moderne, c'est le sentiment d'appartenir à une même histoire, dont elle est tributaire. Ne parle-t-on pas avec insistance de « globalisation » ? Et la conscience qu'elle prend de cette histoire est elle-même un phénomène historique. Inversement, la reconnaissance du passé historique, quoique immuable, puisqu'on ne peut modifier ce qui a été mais n'est plus, est inséparable de la conscience du présent, de ses interrogations comme de ses œillères. Ainsi le devenir historique de l'humanité est inséparable de la conscience qu'elle prend de cette historicité.
Par conséquent, l'histoire ne peut être ni dénuée de tout sens, ni d'unité. En fait, le mot histoire est pris en deux sens à la fois distincts et inséparables. Il signifie en effet « à la fois le devenir de l'humanité et la science que les hommes s'efforcent d'élaborer de leur devenir » (Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique, 1994).
Toutefois, peut-on prendre une vue sur l'histoire, tout en se tenant en dehors d'elle ? Ce qui au contraire caractérise l'humanité à l'âge moderne, c'est le sentiment d'appartenir à une même histoire, dont elle est tributaire. Ne parle-t-on pas avec insistance de « globalisation » ? Et la conscience qu'elle prend de cette histoire est elle-même un phénomène historique. Inversement, la reconnaissance du passé historique, quoique immuable, puisqu'on ne peut modifier ce qui a été mais n'est plus, est inséparable de la conscience du présent, de ses interrogations comme de ses œillères. Ainsi le devenir historique de l'humanité est inséparable de la conscience qu'elle prend de cette historicité.
Par conséquent, l'histoire ne peut être ni dénuée de tout sens, ni d'unité. En fait, le mot histoire est pris en deux sens à la fois distincts et inséparables. Il signifie en effet « à la fois le devenir de l'humanité et la science que les hommes s'efforcent d'élaborer de leur devenir » (Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique, 1994).
2. Mais la recherche d'un sens de l'histoire n'est-elle
pas vouée à rester une illusion ?
Certains philosophes, comme Hegel ou Marx, ont en effet cru pouvoir
déceler, dans le dédale des
événements historique et la succession des
époques, une logique
immanente dont ils pensaient pouvoir tirer le
but final ou l'évolution nécessaire vers
une « fin de l'histoire ». Pour
Hegel, cette fin n'est autre que « la
réalisation de l'idée de la
raison », pour Marx, l'avènement
d'une société sans classe, où
tout conflit serait surmonté.
Or, cette idée d'une fin de l'histoire postule un déterminisme des lois de la connaissance ou d'une fin de la raison. Un tel postulat repose en fait sur la confusion entre la connaissance de l'histoire et le devenir historique.
Le danger d'une philosophie de l'histoire réside moins dans cette confusion que dans l'illusion d'une maîtrise complète et définitive de la destinée humaine. Cette illusion engendre un certain type d'hommes (les militants révolutionnaires ou les commissaires politiques) qui prétendent détenir la technique infaillible contribuant à l'avènement du sens de l'histoire ou à l'accélération de son cours.
Or, cette idée d'une fin de l'histoire postule un déterminisme des lois de la connaissance ou d'une fin de la raison. Un tel postulat repose en fait sur la confusion entre la connaissance de l'histoire et le devenir historique.
Le danger d'une philosophie de l'histoire réside moins dans cette confusion que dans l'illusion d'une maîtrise complète et définitive de la destinée humaine. Cette illusion engendre un certain type d'hommes (les militants révolutionnaires ou les commissaires politiques) qui prétendent détenir la technique infaillible contribuant à l'avènement du sens de l'histoire ou à l'accélération de son cours.
3. Si le sens de l'histoire ne se déduit ni d'une
science ni de l'action, quelle est sa valeur ?
Le mot « sens » n'est pas
l'équivalent de l'idée d'une fin ou de
celle d'un terme situé dans le temps et dont la
réalisation s'imposerait inexorablement
(fatalisme historique). Il signifie plutôt un
principe d'orientation
pour l'action ou de compréhension pour la
connaissance.
Si l'histoire a un sens, ce dernier indique tout au plus, comme l'a montré Kant, « une disposition morale de l'humanité » (Le Conflit des facultés, 1798). À cette disposition morale correspond une nécessité naturelle, celle de lutter contre l'hostilité de la nature avec pour seules armes la raison et la liberté. C'est ce qui explique la contingence du cours de l'histoire, sans exclure l'idée d'un progrès.
Dans ces conditions, la croyance en un sens de l'histoire, même si elle ne s'appuie pas sur les certitudes d'une science, ni sur un simple pressentiment, repose sur une Idée de la raison. Cette Idée permet, sinon de prophétiser le cours ou la fin de l'histoire, du moins d'en éclairer le sens : on peut lui reconnaître un « usage régulateur » au profit de la réflexion et du jugement ; autrement dit, elle peut servir de règle à la compréhension de la connaissance historique.
Si l'histoire a un sens, ce dernier indique tout au plus, comme l'a montré Kant, « une disposition morale de l'humanité » (Le Conflit des facultés, 1798). À cette disposition morale correspond une nécessité naturelle, celle de lutter contre l'hostilité de la nature avec pour seules armes la raison et la liberté. C'est ce qui explique la contingence du cours de l'histoire, sans exclure l'idée d'un progrès.
Dans ces conditions, la croyance en un sens de l'histoire, même si elle ne s'appuie pas sur les certitudes d'une science, ni sur un simple pressentiment, repose sur une Idée de la raison. Cette Idée permet, sinon de prophétiser le cours ou la fin de l'histoire, du moins d'en éclairer le sens : on peut lui reconnaître un « usage régulateur » au profit de la réflexion et du jugement ; autrement dit, elle peut servir de règle à la compréhension de la connaissance historique.

Fiches de cours les plus recherchées


Des profs en ligne
- 6 j/7 de 17 h à 20 h
- Par chat, audio, vidéo
- Sur les matières principales

Des ressources riches
- Fiches, vidéos de cours
- Exercices & corrigés
- Modules de révisions Bac et Brevet

Des outils ludiques
- Coach virtuel
- Quiz interactifs
- Planning de révision

Des tableaux de bord
- Suivi de la progression
- Score d’assiduité
- Un compte Parent