Le bonheur est-il la fin de l'homme ?
On a pu penser que la vie d'un individu n'avait de sens que par
rapport à la collectivité à laquelle il
appartient. Dans cette perspective, le projet politique de
fondation d'une société juste et libre
apparaît comme le point d'achèvement vers lequel est
orientée chaque existence individuelle. Mais ne doit-on
pas plutôt reconnaître avec réalisme que c'est
le bonheur qui est la fin de l'homme ?
1. Toute existence humaine est orientée vers le bonheur
a. Le bonheur est une fin en soi
Chaque acte est dirigé vers un but défini qui lui
donne son sens. Mais si l'on devait préciser le but
dernier vers lequel tend finalement chacun de nos actes, nous
serions sans doute en droit de dire qu'il s'agit du bonheur.
Ainsi que l'écrit Aristote : « Tout ce que
nous choisissons est choisi en vue d'une autre chose, à
l'exception du bonheur, qui est une fin en soi »
(Ethique à Nicomaque, livre X, chap. VI).
b. La sagesse est accès au bonheur
D'autre part, le bonheur est une réalité objective.
En effet, il est déterminé par un genre de vie
spécifique qui permet le développement des
qualités proprement humaines par quoi l'homme se
réalise. La sagesse, dans les philosophies de
l'Antiquité, se présente comme un art de vivre qui
permet de nous procurer le bonheur.
c. Le bonheur est le souverain bien
Enfin, le bonheur désigne un bien supérieur
à tous les autres, puisqu'il vaut en lui-même. Le
bonheur est « toujours désirable en
soi-même et ne l'est jamais en vue d'une autre
chose » (Aristote, Ethique à Nicomaque,
livre I, chap. V). Il constitue donc le souverain bien,
celui en vue duquel notre vie est orientée.
2. Nous désirons le bonheur et nous faisons
l'expérience du malheur
a. La vie humaine est sans finalité
Selon Freud, la question d'une finalité de l'existence
humaine est solidaire d'une approche religieuse de l'existence.
Aussi, il récuse cette question et constate que
l'existence humaine n'a pas de finalité, pas plus que
celle de n'importe quelle espèce animale. « On
ne se trompera guère en décidant que l'idée
d'une finalité de la vie se maintient et s'effondre en
même temps que le système religieux »
(Freud, Malaise dans la culture, chap. II).
b. L'aspiration au bonheur
La seule et véritable aspiration de tout homme est, aux
yeux de Freud, de devenir heureux et de le rester. Cette ambition
présente deux aspects : « d'une part que
soient absents la douleur et le déplaisir, d'autre part
que soient vécus de forts sentiments de
plaisir » (Malaise dans la culture,
chap. II). Que leur existence ait un sens ou pas importe
moins que le fait d'être heureux ou pas.
c. La prééminence du malheur dans l'existence
humaine
Cependant, plusieurs sources de souffrances viennent contrarier
et finalement empêcher le bonheur de l'homme. La souffrance
vient en premier lieu, de son corps éprouvant et
même requérant la douleur et l'angoisse pour
fonctionner normalement, en second lieu, du monde
extérieur doté de forces surpuissantes qui
peuvent le réduire à néant et enfin, de ses
relations avec les autres hommes marquées par la
violence.
3. Nous espérons le bonheur mais il ne cesse de nous
échapper
a. L'homme n'est pas fait pour être heureux
Pour Freud, il n'est pas possible de dépasser cette
condition parce qu'elle définit la condition de l'homme.
Il ajoute même que nos possibilités de bonheur sont
limitées par notre constitution. En effet, nous ne pouvons
connaître le bonheur que de façon brève parce
« nous ne pouvons jouir intensément que de ce
qui est contraste » (Malaise dans la culture,
chap. II).
b. Le bonheur absolu n'existe pas
On peut ajouter que si le bonheur est un sentiment de
satisfaction éprouvé à l'égard de la
vie entière, il va de soi qu'il ne saurait être
permanent. En effet, toute existence est marquée par des
expériences éprouvantes. De plus, ce sentiment est
lié à nos désirs, or ceux-ci sont divers et
parfois contradictoires, de telle sorte que la satisfaction de
l'un entraîne l'abandon d'un autre.
c. Le bonheur est une chance
Il semble que le bonheur, du fait de son caractère
éphémère et imprévisible,
dépende finalement de conditions que nous sommes
incapables de maîtriser. Se le proposer comme idéal
est certes légitime, mais en faire la fin de son existence
revient à viser une réalité insaisissable et
incontrôlable. On ne mérite pas d'être
heureux, on l'est ou non et pour un moment seulement. Le bonheur,
d'une certaine façon, c'est ce qui m'échoit par
l'effet d'une chance ou d'une grâce.
Pour aller plus loin
Aristote, Ethique à Nicomaque, livre I et Livre X, chap. VI : sur le bonheur comme souverain bien.
Freud, Malaise dans la culture : bref essai où l'auteur s'interroge sur la possibilité pour l'homme d'être heureux au sein de la civilisation.

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