Les échanges
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1. Origine et fondement de l'échange
Échanger, c'est se rendre mutuellement un
service ou acquérir un bien contre un autre.
Cette opération implique donc la réflexion et
la concertation sans lesquelles on parlerait de vol
ou d'exploitation. Opposé à la violence,
l'échange est une recherche
d'intérêt mutuel et se situe au cœur
des relations humaines. Échanger, ce n'est pas
seulement s'inscrire dans des relations
économiques. L'échange est avant tout
porteur d'une fonction de
communication. Le langage, les signes,
les symboles peuvent en effet devenir objets
d'échange. Si l'on parle d'échange
d'idées, de rites, de politesses, c'est parce que
l'échange est au fondement des relations sociales
comme processus de reconnaissance mutuelle. Par
l'échange nous nous rendons dépendants l'un
de l'autre et cherchons à être reconnus.
En nature, l'échange prend la forme du troc mais il peut aussi se réaliser au travers de la monnaie pour faciliter les relations et le commerce des biens et services entre les hommes. Médiatrice entre les objets et les hommes, la monnaie rend plus abstraites et neutres les relations qui pour autant ne semblent pas échapper à une dimension affective ou symbolique.
En nature, l'échange prend la forme du troc mais il peut aussi se réaliser au travers de la monnaie pour faciliter les relations et le commerce des biens et services entre les hommes. Médiatrice entre les objets et les hommes, la monnaie rend plus abstraites et neutres les relations qui pour autant ne semblent pas échapper à une dimension affective ou symbolique.
2. Derrière le don, la dette
Les ethnologues se sont penchés sur les
différentes formes d'échange et ont
cherché à analyser les fondements des relations humaines.
Ainsi Claude
Lévi-Strauss a-t-il travaillé sur
le système de parenté et plus
précisément le tabou de l'inceste. Cet
interdit devient une règle d'échange et de
circulation, de communication et de don. Ainsi,
l'échange des femmes est réglé par la
prohibition de l'inceste qui n'est autre qu'une
règle de réciprocité.
Marcel Mauss va chercher à son tour un « phénomène social total ». Dans l'Essai sur le don, il analyse l'institution du potlatch, dans des tribus amérindiennes, qui consiste à mettre à l'épreuve le prestige d'une famille en l'obligeant à des dépenses excessives pour des rivaux qui se sentent dans l'obligation de rendre ces dons ultérieurement. Au-delà de ces dons gratuits se cache donc une logique de prestige et de pouvoir mutuel. Ainsi ce n'est plus tant la valeur d'usage qui pousse l'homme à l'accumulation et à la consommation mais la valeur d'échange qui est la faculté que donne un objet d'en acquérir un autre.
Marcel Mauss va chercher à son tour un « phénomène social total ». Dans l'Essai sur le don, il analyse l'institution du potlatch, dans des tribus amérindiennes, qui consiste à mettre à l'épreuve le prestige d'une famille en l'obligeant à des dépenses excessives pour des rivaux qui se sentent dans l'obligation de rendre ces dons ultérieurement. Au-delà de ces dons gratuits se cache donc une logique de prestige et de pouvoir mutuel. Ainsi ce n'est plus tant la valeur d'usage qui pousse l'homme à l'accumulation et à la consommation mais la valeur d'échange qui est la faculté que donne un objet d'en acquérir un autre.
3. Rationalité économique et
rationalité morale
Mais quel est le moteur de l'échange
au-delà de sa nécessité sociale de
reconnaissance mutuelle ? Ce n'est pas le besoin mais
l'intérêt
qui, selon Stuart Mill,
guide le marché. Cette conception
utilitariste qui rend tout négociable semble
cependant entrer en contradiction avec la morale, qui nous
invite à traiter autrui non comme un simple moyen
mais comme une fin en soi. À cette critique,
l'utilitarisme répond que le bien ne se mesure
pas à la pureté des intentions mais
plutôt aux conséquences produites sur
l'ensemble de la société. Ainsi, si les
égoïsmes privés sont le moteur des
échanges, une « main
invisible » harmonise les intérêts
des uns et des autres. Au fondement du
libéralisme économique qui limite le
pouvoir de l'État, cette conception prône la
liberté des échanges mais la rend compatible
avec les inégalités sociales. C'est dans ce
cadre que doit alors intervenir l'État car, comme le
remarque Émile Durkheim,
l'intérêt individuel est peut-être le
moteur des échanges mais ne peut à lui seul
assurer la cohésion sociale.
Derrière tout échange se tisse la nécessité d'une reconnaissance sociale fondamentale qui lie les hommes entre eux et établit des rapports de pouvoir ou d'affection. C'est ce que révèle le succès des associations d'échange de biens et de savoir qui cherchent à reconstituer des tissus de relations sociales fondées sur des échanges indépendants de toute valeur marchande.
Derrière tout échange se tisse la nécessité d'une reconnaissance sociale fondamentale qui lie les hommes entre eux et établit des rapports de pouvoir ou d'affection. C'est ce que révèle le succès des associations d'échange de biens et de savoir qui cherchent à reconstituer des tissus de relations sociales fondées sur des échanges indépendants de toute valeur marchande.
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