Le désir
Le désir, au sens étymologique, évoque un
astre disparu, la nostalgie d'une étoile (du latin
desiderare, « regretter » et
sidus, « l'étoile »).
L'ambiguïté du désir est
déjà explicite : témoin douloureux
d'un manque profond au sein
de mon existence, il me fait tendre cependant vers une
plénitude possible et concentre mon être
entier vers sa réalisation pourtant toujours
insatisfaite. Dès lors, que faut-il faire pour ne
pas souffrir ? Est-il possible, voire souhaitable,
d'apprendre à museler ses désirs ? N'est-ce
pas se méprendre sur la nature même de
l'état désirant ?
1. Le désir est manque et pauvreté
a. Un mythe fondateur
Platon (428-348
av. J.-C.) présente au moyen d'un mythe
l'incomplétude
constitutive du désir. Eros, demi-dieu
qui « tient le milieu entre les dieux et les
mortels » (Le Banquet), personnifie le
désir et l'amour. Fils d'Expédient (dieu de
la richesse et de l'abondance) et de la mendiante
Pauvreté, Eros incarne la conscience
d'un manque d'une harmonie parfaite.
b. Un état d'inquiétude et
d'incomplétude
La première caractéristique du désir
apparaît être la manifestation d'un
manque. Marque douloureuse d'incomplétude, le
désir est cette conscience jamais en repos,
toujours inquiète. Il est une conscience en
quête d'absolue dessaisie d'elle-même et du
monde. Comme le note Sartre (1905-1980),
« Le désir est manque d'être, il est
hanté en son être le plus intime par
l'être dont il est le désir. Ainsi
témoigne-t-il de l'existence du manque dans
l'être de la réalité
humaine » (L'Être et le
Néant).
c. Désir et utopie
On peut alors se demander si le désir ne se
rapproche pas d'une quête
de l'utopie (qui signifie
étymologiquement « lieu de nulle
part »). On retrouve en effet deux
caractéristiques dans le mythe que propose
Platon ainsi que dans
les fondements des principales théories sur le
désir :
- le désir renvoie à une expérience passée ou future de bonheur et réclame sa résurrection ou son accès ;
- le désir postule l'existence d'un autre monde que le monde réel.
Notre désir le plus profond n'est-il pas désir d'éternité, d'abolition absolue du temps ? (Alquié, Désir d'éternité). Désirer devient alors la condition même de notre existence en devenir.
- le désir renvoie à une expérience passée ou future de bonheur et réclame sa résurrection ou son accès ;
- le désir postule l'existence d'un autre monde que le monde réel.
Notre désir le plus profond n'est-il pas désir d'éternité, d'abolition absolue du temps ? (Alquié, Désir d'éternité). Désirer devient alors la condition même de notre existence en devenir.
2. Le désir comme essence et source de
création
a. Le désir est l'essence de l'homme
S'il est fils de Pauvreté, le désir
entraîne aussi une quête de la sagesse et
de la philosophie nous dit Platon. Doit-on toujours
définir le désir à partir de
l'idéal dont il serait le manque ? Contre
Platon, Spinoza
(1632-1677) affirme que le désir est
« l'essence même de
l'homme » et l'appelle le
« connatus ». Il y voit
en effet l'effort que déploie tout homme pour
« persévérer dans son
être ». « Le Désir
est l'Appétit avec conscience de
lui-même. [...] Nous ne nous efforçons
à rien, ne voulons, n'appétons ni ne
désirons aucune chose, parce que nous la jugeons
bonne [...] ; mais, au contraire, nous jugeons
qu'une chose est bonne parce que nous nous
efforçons vers elle, la voulons, appétons
et désirons » (Ethique).
b. Désir et libido
Le désir nous plonge dans le plus profond de notre
être, au sein même de l'inconscient
freudien, de la libido plus
précisément. Pour Freud (1856-1939), le désir
n'est pas commandé par l'objet mais renvoie au
champ des fantasmes inconscients et
investissements antérieurs de la libido. Cela
traduit le conflit entre le principe de plaisir et le principe de réalité
qui, dans la conscience, devient le conflit entre
désir et volonté.
Les artistes surréalistes n'ont-ils pas ainsi cherché à manifester à travers l'art cette profondeur de l'inconscient désirant plus qu'imitant ?
Les artistes surréalistes n'ont-ils pas ainsi cherché à manifester à travers l'art cette profondeur de l'inconscient désirant plus qu'imitant ?
c. Le désir provoque le réel
Le désir n'est donc plus un manque mais la
manifestation même de l'essence de l'existence
en perpétuel devenir. Force affirmative, le
désir devient alors, sous la plume de Deleuze (1925-1995) et de
Guattari (1930-1992)
dans L'Anti-Œdipe, une puissance de subversion qui ne
demande qu'à investir les corps et les objets pour
produire des formes et des valeurs authentiquement
nouvelles.
Manifestation d'un manque au sein de l'être, dans la tradition classique, le désir est la marque de ma finitude et de mon incomplétude mais, jamais pleinement assouvi, il relève aussi de façon dialectique de mon essence et m'invite à transformer le monde pour qu'il puisse s'y accomplir un jour.
Manifestation d'un manque au sein de l'être, dans la tradition classique, le désir est la marque de ma finitude et de mon incomplétude mais, jamais pleinement assouvi, il relève aussi de façon dialectique de mon essence et m'invite à transformer le monde pour qu'il puisse s'y accomplir un jour.

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