Désir et besoin
Deux exemples le montrent clairement : quand j'ai faim ou soif, c'est-à-dire quand je désire manger ou boire, c'est que je manque de nourriture ou de boisson, autrement dit, parce que j'en ai besoin.
Inversement, quand je viens juste de manger ou de me désaltérer, quand ces besoins vitaux sont comblés, je n'éprouve plus le désir de manger ou de boire.
Désir et besoin semblent ainsi identiques, ou du moins étroitement liés.
Le désir quant à lui serait le sentiment ou la conscience que notre esprit a de ce besoin corporel.
Par suite, le désir aura un contenu différent du simple besoin : le besoin a pour objet la nourriture en général, tandis que le désir portera sur tel aliment précis, en fonction de mes goûts, des souvenirs de plaisirs gustatifs passés, etc.
Tandis que le besoin est neutre ou indifférencié, le désir, parce qu'il relève de la pensée, a au contraire un objet déterminé et différencié.
Si le désir est lié au besoin, il est donc aussi ce qui s'y oppose en le satisfaisant, et par là en le détruisant.
De sorte que le besoin apparaît comme étant pure négativité, tandis que le désir est un élan positif vers un accroissement ou du moins une conservation de soi.
Tel est le sens du mythe de la naissance d'Eros (Amour) narré par Platon dans Le Banquet (201 d-207 c) : Eros, fils de Penia (l'Indigence) et de Poros (la Richesse), est l'intermédiaire entre le manque et la satisfaction, l'élan qui nous permet de passer de l'un à l'autre. Le désir n'est donc pas, comme le besoin, un simple manque : il est ce qui permet de combler ce manque, puisqu'il est à la fois conscience du besoin et élan vers la satisfaction.
Mais il y a aussi des désirs sans besoin : c'est le cas du désir amoureux, qui ne résulte pas d'un simple besoin physique, mais est le fruit d'une attirance complexe, non seulement physique mais d'ordre intellectuel, pour l'objet aimé.
Nous voyons donc que les désirs humains sont souvent découplés du besoin.
Or ceci constitue souvent une faiblesse de notre part : il arrive ainsi que nous désirions manger quoique nous n'ayons pas vraiment faim, et que nous commettions ainsi des excès nuisibles à notre santé ou à notre bien-être.
De même, nous désirons nombre d'objets dont nous n'avons pas besoin (posséder une résidence luxueuse ou des bijoux...). Ce sont là des désirs qu'Épicure dans la Lettre à Ménécée qualifiera de « non nécessaires », et auxquels il recommandera de renoncer si nous voulons trouver la quiétude et le bonheur. Car qui s'attache trop à un luxe ou à des plaisirs excessifs s'expose à bien des insatisfactions et déceptions, puisque ce sont là des biens difficiles à acquérir et aisés à perdre.
Il faut noter en outre que ces désirs ne sont pas seulement d'ordre matériel : l'homme a aussi des désirs portant sur des objets abstraits ou intellectuels.
Le désir de savoir, ou désir de la vérité, a aussi amené l'homme à élaborer des sciences qui lui ont permis de progresser, tant sur le plan intellectuel que pratique puisque certaines découvertes scientifiques ont parfois des applications techniques et utiles.
Enfin le désir de sagesse, qui peut être défini comme l'aspiration à être, non pas seulement plus savant, mais aussi plus juste et plus heureux, est cet élan qui a porté et doit encore porter l'homme à améliorer son existence, à s'améliorer lui-même, afin de se rendre toujours plus moral mais aussi plus heureux. Or désirer (phileïn) la sagesse (sophia), ce n'est rien d'autre que pratiquer ce que les Grecs appelaient la philosophia.

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