Les droits de l'homme
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On a coutume de parler des « droits de l'homme et du
citoyen ». Une telle formule distingue d'emblée
les droits garantis par l'Etat des droits naturels de l'homme.
Elle signifie que les droits du citoyen peuvent se poser à
distance des droits inaliénables dont il dispose
naturellement de par sa seule humanité.
Les deux domaines ne se recouvrent pas nécessairement. Surtout, les droits de l'homme – parce qu'ils précèdent l'élaboration du droit positif – en permettent l'évaluation. Comment sinon juger de la valeur d'un Etat, de sa légitimité ?
Les deux domaines ne se recouvrent pas nécessairement. Surtout, les droits de l'homme – parce qu'ils précèdent l'élaboration du droit positif – en permettent l'évaluation. Comment sinon juger de la valeur d'un Etat, de sa légitimité ?
Mais si les droits de l'homme trouvent leur point d'ancrage dans la nature humaine, sont-ils pour autant évidents ? Et les principes censés les protéger sont-ils réellement pertinents ?
1. Un fondement dans la nature
a. Un critère de légitimité
Les droits de l'homme constitue une valeur au nom de laquelle on
peut prendre position à l'égard du droit
institué au sein d'un Etat. Sans critère
supérieur susceptible d'éclairer la
légitimité des différents régimes
politiques, force est de reconnaître à chaque droit
positif une valeur intrinsèque. Or, cette valeur se mesure
à l'aune des droits humains élémentaires
dans la mesure où ceux-ci s'imposent comme
référence transcendante.
C'est au nom de ces droits élémentaires que Thomas d'Aquin dans la Somme théologique (secunda secundae, question 69, article 4) peut accorder à l'homme condamné injustement le droit de refuser la sentence.
b. Une morale naturelle
Si certains droits apparaissent inaliénables, c'est bien
qu'ils s'imposent à l'homme naturellement. Ces droits
trouvent leur fondement dans une raison marquée
spontanément par ce que Kant appelle
« impératif catégorique ».
Par là, il désigne une loi morale à laquelle
l'homme voue un respect naturel de telle sorte qu'elle le
détermine à un certain devoir.
Ce devoir consiste, avant tout, à respecter en l'autre sa liberté. Ce que l'homme se doit à lui-même : la liberté, il le doit à son semblable. De cet impératif naissent des droits imprescriptibles.
Ce devoir consiste, avant tout, à respecter en l'autre sa liberté. Ce que l'homme se doit à lui-même : la liberté, il le doit à son semblable. De cet impératif naissent des droits imprescriptibles.
c. Un manque de clarté
Si l'homme porte en lui une loi morale, elle n'est pas, pour
autant, évidente. En effet, l'impératif
catégorique demande à être
éclairé – notamment par
l'éducation. Car la raison se trouve confrontée
à des affects, à une volonté de puissance,
qui peuvent pervertir les principes de la loi morale.
C'est pourquoi, il est indispensable qu'une prescription rappelle à l'homme le contenu exact de l'impératif catégorique. C'est là la finalité d'une Déclaration des droits de l'homme à l'image de celle présentée par l'Assemblée nationale française le 26 août 1789 : ramener sur le devant de la scène des exigences que la mauvaise foi occulte.
C'est pourquoi, il est indispensable qu'une prescription rappelle à l'homme le contenu exact de l'impératif catégorique. C'est là la finalité d'une Déclaration des droits de l'homme à l'image de celle présentée par l'Assemblée nationale française le 26 août 1789 : ramener sur le devant de la scène des exigences que la mauvaise foi occulte.
2. Une déclaration équivoque
a. Un droit de propriété ambigu
La déclaration du 26 août 1789
remplit-elle l'office qui est le sien ? Dans
l'article 2, la propriété apparaît comme
un droit naturel de l'homme qu'il s'agit donc de
préserver. Or, un tel principe attire la critique dans la
mesure où rien ne vient limiter la propriété
individuelle alors que, dans le même temps, la
liberté de chaque citoyen se voit limitée par la
nécessité de protéger celle de son
semblable. C'est dire qu'il n'existe aucune réflexion sur
la légitimité éventuelle de la
propriété, absence de réflexion que
dénonce Robespierre dans son essai intitulé Sur
la propriété. Car alors toute appropriation
illégale, voire violente, se trouve justifiée et
protégée.
b. Des principes formels
Ce que défend la Déclaration des droits de l'homme,
c'est une égalité formelle qui ne saurait
mettre un terme aux inégalités réelles. Les
hommes demeurent inégaux de par leur appartenance sociale,
de par les aptitudes intellectuelles et physiques qui sont les
leurs. De telle sorte explique Marx que ceux-ci ont une
capacité productive différente et, par
conséquent, des richesses inégales que le droit
– en défendant la propriété
individuelle – entérine. Aussi peut-on dire de
ce droit qu'il est bourgeois dans la mesure où il
perpétue la suprématie de la classe
aisée.
On comprend alors que l'avènement du communisme s'impose comme une solution indépassable. La propriété individuelle serait abolie au profit d'une communauté où la distribution des biens se ferait proportionnellement aux besoins.
On comprend alors que l'avènement du communisme s'impose comme une solution indépassable. La propriété individuelle serait abolie au profit d'une communauté où la distribution des biens se ferait proportionnellement aux besoins.
c. L'impasse communiste
Le communisme méconnaît cette dimension humaine
fondamentale qu'est le désir. Au-delà des besoins,
l'homme connaît des désirs qui signent sa
liberté, qui témoignent de sa capacité
à dépasser l'organique pour opérer des
choix. Or, le communisme, en accordant à chacun une place
dans la société et des biens en fonction de ses
aptitudes et de ses besoins, ruine cette prétention
humaine à décider de sa propre existence.
Pour aller plus loin
Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave, Deuxième section, p. 149 à 152.
Marx, Critique du programme ouvrier allemand, Gallimard, La Pléiade, tome I, p. 1419 et 1420.
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