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Hannah Arendt

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Hannah Arendt est née le 14 octobre 1906 à Hanovre, au nord de l’Allemagne, au sein d’une famille juive laïque. Dès ses 15 ans, elle s’intéresse à la philosophie. En 1924, après avoir obtenu son baccalauréat, elle se lance dans des études universitaires et parcourt plusieurs villes d’Allemagne, où elle suit les enseignements d’Heidegger, d’Husserl et de Jaspers, éminents philosophes de l’époque. Elle commence également à s’intéresser à l’histoire et à la politique et à observer les évènements majeurs de son époque, en particulier la montée du nazisme. En philosophie, elle s’intéresse particulièrement aux écrits de Machiavel, de Montesquieu et de Tocqueville, qui ont tous une dimension politique.

1. Une existence marquée par l’histoire

Dès 1926, Hannah Arendt se rapproche du mouvement sioniste, en Allemagne. Elle rejoint la France, où elle participe à l’accueil des Juifs menacés par l’antisémitisme. Vers 1940, elle rencontre à Paris des intellectuels prestigieux tels Brecht, Aron, Sartre et Beauvoir.

Après un passage dans les Pyrénées et à Marseille, elle se rend à Lisbonne et finalement à New-York. Elle y trouve un poste d’assistante sociale après avoir occupé celui d’aide à domicile. Elle s’adapte donc aux circonstances de l’époque, et se préoccupe d’abord de sa survie. Elle trouve ensuite l’occasion d’écrire pour plusieurs journaux. Elle apprend l’anglais et rédige ses œuvres dans cette langue.

En 1951, elle est naturalisée citoyenne américaine et commence une carrière universitaire, qui la conduit à animer des conférences en sciences politiques, ce qui devient alors sa véritable spécialité. Elle est invitée à animer des conférences dans de prestigieuses universités, telles que Berkeley, Princeton ou Columbia.

2. Ses analyses politiques et philosophiques sur la condition de l’homme moderne, prisonnier du totalitarisme
a. Réflexions sur le totalitarisme

Hannah Arendt a traversé une période de l’Histoire marquée par l’horreur, et cela l’a poussée à réfléchir sur la condition de l’homme moderne, sur ce qui l’emprisonne, le détermine, et sur ce qui peut le conduire sur le chemin du mal.

Elle commence par réfléchir au sujet du totalitarisme, qui tend à s’imposer au sein de notre modernité. Le monde change et en même temps les relations entre les hommes se modifient, ainsi que leurs rapports au pouvoir, à la politique, aux gouvernements, au travail et à la technique. Elle cherche d’abord à comprendre ce qu’est un gouvernement totalitaire qui, selon elle, se caractérise par sa volonté de domination totale et sans limite. Cela va ainsi plus loin qu’un régime autoritaire, qui se satisfait de diriger un territoire donné.

Dans son livre Les Origines du totalitarisme, elle commence par se questionner au sujet de l’antisémitisme, et en particulier sur l’émergence de l’antisémitisme politique qui conduit à une politique d’extermination. Elle parvient au constat que le statut de juif est passé du religieux à une judéité comme étant un caractère héréditaire, et observe que cette appartenance au peuple juif est interprétée comme étant un vice. Elle cherche ainsi à comprendre comment la Shoah a pu arriver.

Hannah Arendt cherche ensuite à comprendre les mécanismes de l’impérialisme, qu’elle considère comme une volonté d’expansion pour des raisons essentiellement économiques. L’impérialisme semble caractériser les puissances européennes dès la fin du XIXe siècle et aurait conduit, à travers sa progression, à la Première Guerre mondiale, aux totalitarismes et finalement à la Seconde Guerre mondiale. Cet impérialisme est dans l’intérêt de la bourgeoisie, qui ne se contente plus d’importer un modèle politique, mais qui souhaite réaliser une expansion enrichissante sur le plan économique. Le système totalitaire s’appuie sur ces bases et poursuit une volonté de domination totale.

Le totalitarisme est, selon Arendt, un phénomène de masse où une foule désemparée et des individus isolés se retrouvent à la merci d’un chef totalitaire, qui va les conduire vers une idéologie aveuglante et les détourner de la réalité pour se soumettre à un nouvel ordre des choses. Suivant ce processus émergent le stalinisme et le nazisme.

b. Condition de l’homme moderne (1961)

Hannah Arendt publie deux autres ouvrages majeurs qui analysent les mécanismes de son époque. Dans Condition de l’homme moderne, elle cherche à redonner une place centrale à l’action humaine en s’opposant à la tradition philosophique qui a mis au premier plan la vita contemplativa, c'est-à-dire l’art de la contemplation, et la métaphysique. Ainsi, elle remet en valeur l’importance du travail, la fabrication de l’œuvre et le sens de l’action. Elle insiste sur l’importance capitale de la natalité, qui participe à notre quête d’immortalité.

Elle réfléchit également à notre statut de travailleurs et de consommateurs et se rend compte que nous produisons essentiellement des objets périssables pour assurer notre conservation et nos loisirs. Hannah considère que la sphère du travail est importante pour continuer à développer nos compétences et notre savoir-faire, et pour le transmettre, mais qu’il n’est nullement l’essentiel. Elle ne souhaite pas que les machines remplacent les travailleurs, ce qui risquerait de nous détourner d’une activité qui permet de réaliser une partie de notre humanité. Le passage par le travail n’est qu’une étape, selon elle, sur la réalisation de l’ « œuvre » (= fabrication plus authentique, plus durable, sentimentale et qui nous donne un pressentiment d’immortalité, intemporelle), qui passe par la véritable « action » (= unicité de l’humain, relative à la natalité, apparition de nouveauté sur Terre, et qui permet à l’individu de créer de l’inattendu et de le partager dans la sphère publique). Arendt affirme :

« La société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs ».

Nous devenons ainsi des consommateurs d’objets éphémères au lieu d’être des créateurs de choses durables et intemporelles. Cela nous rend moins profonds et moins authentiques, et finalement plus aliénés à notre société de consommation et plus vulnérables aux totalitarismes.

c. La Crise de la culture (1961-1968)

La Crise de la culture est un ouvrage dense qui traite de nombreux thèmes majeurs : la crise de l’éducation, la crise de la culture, la conquête de l’espace et le lien entre politique et vérité. Hannah Arendt est soucieuse de comprendre les failles de son époque, et plus largement de la modernité, pour tenter d’apporter des réponses et des solutions philosophiques et politiques.

Elle sait se montrer lucide par rapport à la sphère politique, ce qui l’incite à écrire :

« La véracité n’a jamais figuré au rang des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques ».

Elle insiste par ailleurs sur la prépondérance des vérités factuelles, qui doivent être en mesure de s’imposer au lieu d’être transformées en opinions et que les politiques cherchent à manipuler et à orienter.

3. Le procès Eichmann et la question de la banalité du mal

Après la fin de la guerre, des procès ont lieu pour juger les crimes nazis. Ils ont lieu en Allemagne, dans la ville de Nuremberg, entre novembre 1945 et octobre 1946.

Le cas d’Adolph Eichmann est particulier car il a pu échapper à cette série de procès en s’enfuyant en Argentine, où il vivra une dizaine d’années. Il est retrouvé en mai 1960 et exfiltré en Israël par le Mossad (= services secrets israéliens), ce qui permet ensuite de réaliser son procès en avril 1961.

Hannah Arendt assiste au procès d’Eichmann en tant que journaliste pour The New Yorker et rédige ensuite une série d’articles sur cet évènement. Une chose semble la heurter : cet homme s’est dévoilé comme étant un simple fonctionnaire, qui avait l’impression de faire son devoir. C’est à partir de cette observation déconcertante que va germer chez elle le concept de banalité du mal. Eichmann se présente comme un homme ordinaire, qui se laisse emporter par les évènements sans se questionner réellement et qui n’a pas l’idée de désobéir. Justement, seule la résistance, individuelle et collective, semble pouvoir être en mesure de freiner et d’empêcher que le totalitarisme s’impose. Eichmann est finalement jugé coupable et condamné à mort le 31 mai 1962.

Hannah Arendt écrit au sujet du mal :

« Ceux qui optent pour le moindre mal tendent très vite à oublier qu’ils ont choisi le mal ».

C'est comme si le mal s’insinuait en nous de manière insidieuse par des petits choix d’existence. Il est primordial de reconnaître et d’assumer la responsabilité de nos choix, ce sans quoi nous ne sommes pas des sujets libres et moraux.

Elle écrit aussi :

« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal ».

Cela rappelle qu’il faut questionner les ordres qui peuvent progressivement et insidieusement nous pousser à faire le mal, à y participer ou à nous en rendre complice.

Au cours de ses dernières années, Hannah Arendt s’affirme dans sa carrière de professeure et poursuit, parallèlement, son travail d’écriture. Elle meurt d’une crise cardiaque le 4 décembre 1975 à New York.

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