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Représentations et cartes du monde depuis l'Antiquité : évolution des techniques de représentation

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L’évolution des modes de représentations du monde depuis l’Antiquité est révélatrice de la façon dont les Hommes ont perçu, compris et se sont appropriés leur territoire. Si les progrès scientifiques et techniques au fil des ans ont permis à chaque fois une plus grande précision des relevés, la réalisation des cartes a obéi à des logiques et des procédés sans cesse renouvelés.
1. La naissance de la cartographie
a. Dessiner le monde connu
Les Hommes ont toujours cherché à représenter l’espace qui les entourait. Les premières cartes supposées, comme le cadastre de Belinda datant du IIe millénaire avant J.-C. retrouvé sur les parois d’une grotte en Italie, sont même antérieures à l’apparition de l’écriture. Bien que rudimentaires, ces relevés sont les premières traces du souci de l’homme de s’approprier son espace naturel, centré autour de son lieu de vie. La diversité des supports est grande : fragments d’argile, papyrus, parois…
b. La cosmographie grecque
C’est avec la civilisation grecque que s’ébauche la cosmographie, une représentation plus globale de la terre, déjà imaginée dans sa rotondité par Thalès de Millet vers 650 avant J.-C, puis confirmée par Aristote au 4e siècle avant J.-C.
Les cartes qui voient le jour, dessinées par Anaximandre puis Hécatée vers 550 avant J.-C., sont centrées sur la Méditerranée dont les contours, connus par voyages et récits divers, se précisent déjà. Noms de continents, fleuves et mers sont précisés, preuve d’une réelle appropriation de l’espace connu : l’œkoumène.

Doc.1. La mappemonde de Hécatée, de Milet ;
gravure du 19e siècle
c. Une géographie utilitariste
Cette appropriation trouve un nouvel essor sous la civilisation romaine. Après la destruction de Carthage et l’hégémonie romaine sur les pourtours de la Méditerranée, des topographes romains accompagnent alors les légions en campagne. Ils prennent des mesures et tracent des guides allant de l’Espagne aux îles britanniques, et de la Gaule au Danube.
Les villes, distinguées selon leur importance, ainsi que les différentes voies romaines, y sont également reproduites de manière schématique, de même que l’hydrographie et les contours du relief, ainsi qu’on le découvre sur la table de Peutinger, une copie du 13e siècle d’une carte romaine de l’époque de Théodose (4e siècle après J.-C.).
Cette tradition utilitariste rompt avec la prétention universaliste des savants grecs, comme Ptolémée qui, au 2e siècle, admet même l’hypothèse de l’existence d’un nouveau monde au-delà de l’Atlantique.
2. La période médiévale
a. Comprendre un monde créé par Dieu
Au Moyen âge, les dogmes religieux l’emportent désormais sur les acquis de la science grecque : l’objectif premier est alors de figurer la création du monde par Dieu. Cette vision théologique de la Terre se fait au détriment des terres inconnues, en monde clos et fini. La thèse géocentrique (la Terre, création de Dieu, est au centre de l’Univers) ne souffre aucun débat et la reconnaissance exclusive des trois continents bibliques s’impose : l’Asie des hommes libres ou des prêtres, l’Afrique des esclaves ou des travailleurs, l’Europe des guerriers.

Jérusalem
est quant à elle toujours située au centre des cartes qui servent au prosélytisme des populations ignorantes. Un des cas les plus exemplaires est la mappemonde d’Ebstorf au 13e siècle, sorte d’encyclopédie du monde médiéval des connaissances et croyances de l’époque. Aux extrémités figurent créatures et monstres effrayants, au sommet un Christ embrasse la totalité de la carte et on retrouve la forme alors traditionnelle de la représentation du « TO » : les trois parties des terres habitées prennent la forme d’un T dans le O de l’anneau océanographique. Cette représentation, classique pour l'époque, se retrouve sur de nombreuses autres cartes comme celle ci-dessous, tirée d'un psautier anglais du 13e siècle.

Doc.2. Carte du monde circulaire représentant l'Asie, l'Afrique et l'Europe ;
miniature tirée d'un psautier anglais, 1262

Sur la carte ci-dessus, la ville de Jérusalem se trouve au centre de la miniature. L'axe Est-Ouest est vertical, l'Est se trouvant en haut. On y voit le Paradis, Adam, Ève et les quatre fleuves. Le Christ bénit le monde.
b. La géographie arabe
Hors de l’Occident chrétien, les autres civilisations, dont la civilisation arabe, ont développé des représentations propres, elles aussi représentatives de leur conception du monde. Le travail cartographique se poursuit donc.
Les cartographes de l’Islam médiéval associent des préoccupations religieuses et politiques en perpétuant l’héritage grec. Fruits des connaissances des voyageurs, des commerçants et des savants, les cartes arabes, centrées elles aussi sur les lieux saints, n’échappent cependant pas à des représentations symboliques, notamment sous forme d’oiseaux. La géographie arabe est à son apogée au 11e siècle mais seule celle d’Al-Idrîsi pénètre en Occident, notamment par le biais du royaume de Sicile.
3. Les temps modernes
a. Les Grandes Découvertes
C’est le contexte de l’essor du commerce maritime italien à partir du 14e siècle et surtout des Grandes Découvertes au 15e siècle qui donna une nouvelle impulsion dans les modes de représentations cartographiques avec l’apparition des cartes-portulans. Ce terme désigne les cartes nautiques, sur parchemin, enrichies de l’indication des îles et abris pour reconnaître les rivages.
Des cartes marines font ensuite leur apparition, notamment grâce à l’usage de plus en plus répandu de la boussole. Désormais ces cartes indiquent des lignes servant non à mesurer les distances mais à indiquer aux marins les angles de route pour se diriger. Le nord magnétique se retrouve ainsi en haut des cartes et l’influence arabe transparaît dans la numérotation, de plus en plus fréquente.
Les grands voyages sur les océans Atlantique et Indien des navigateurs espagnols et portugais, à la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle, élargissent considérablement les connaissances géographiques de la Terre : l’Amérique apparaît pour la première fois sur une carte, celle de Martin Waldseemüller à Saint-Dié-des-Vosges en 1507.

Doc.3. Première carte signalant le continent américain sous le terme « América » ; un petit portrait d'Amérigo Vespucci apparaît en haut.
b. Les progrès techniques
Sans cesse remises à jour, les cartes sont enrichies après le retour de chaque nouvelle expédition, et les explorations à venir sont stimulées. Les villes européennes se dotent même de centres importants de production cartographique : l’île de Majorque domine pour la production de portulans, tandis que les villes flamandes et allemandes voient travailler d’éminents géographes comme Mercator ou Hondius.
L’élaboration de techniques permettant la localisation plus fine des positions, notamment la triangulation et le calcul de la latitude / longitude avec l’astrolabe ou le sextant, rendent les cartes plus précises, de même que la mise au point de projections qui permettent de représenter une sphère sur un plan. L'une des premières projection fut établie par le géographe flamand Gérard Mercator (projection de Mercator), avec la représentation du méridien des Açores et les deux cercles polaires.

Le méridien de Greenwich, dans la banlieue de Londres, supplante le méridien de Paris des frères Cassini et s’impose au monde en 1884.
4. Les représentations contemporaines
a. L’âge d’or de la cartographie
À partir du 16e siècle, les lunettes astronomiques (développées par Galilée au 17e siècle) déterminent avec précision latitudes et longitudes.

Doc.4. Lentille objective et lunette astronomique de Galilée

La place des mathématiques et de l’astronomie se renforce. D’autres types de projections voient le jour. Des départements de géographie sont créés au 17e siècle et, grâce au développement de l’imprimerie, proposent des reproductions rapides et fidèles.
C’est aux Pays-Bas que l’on retrouve les plus grands cartographes d’Europe, notamment grâce à l’action de la compagnie des Indes qui crée son propre département cartographique en 1602. On assiste alors à la multiplication des atlas, cartes murales et globes qui sont commandés par des mécènes ou des représentants du pouvoir.
b. Le renouveau de la cartographie
Les besoins militaires des États font se développer la cartographie terrestre et l’intérêt des dirigeants pour la topographie des parties les plus vulnérables du royaume. À cette fin, Colbert, au 17e siècle, mit en place un corps des ingénieurs-géographes. Une académie des sciences voit aussi le jour à Paris, qui mettra au point les méthodes permettant d’atteindre l’exactitude recherchée.
Sous la Révolution puis l’Empire de Napoléon, la création des régions et le besoin de cartes d’état-major ou de cadastre provoquent la réalisation de nombreuses nouvelles cartes aux échelles et densités d’informations variées, provoquant également d’importants problèmes de mise à jour.
c. La vulgarisation du savoir géographique
Au 19e siècle, avec l’école primaire obligatoire (1882), le savoir géographique se vulgarise davantage, notamment grâce aux cartes murales réalisées par Paul Vidal de La Blache et diffusées dans les établissements, servant de supports aux enseignements.
La révolution industrielle, les avances scientifiques et techniques ont ensuite chassé toute approximation. L’utilisation, plus récente, de satellites gravitant autour du globe ainsi que la numérisation des données, traitées par informatique, permettent une réalisation continue et différenciée de documents précis.
Ultime revirement, l’utilisation quotidienne des systèmes GPS prive désormais les cartes de leur fonction première qui est de se repérer dans l’espace. Elles deviennent aujourd’hui thématiques et servent d’outil d’analyse ou de synthèse.
L'essentiel
Que ce soit dans leur mode de représentation ou leur utilisation, les cartes reflètent la façon dont les Hommes se sont progressivement appropriés leur territoire, d’abord restreint au lieu de vie, puis au monde connu, puis à toute la Terre. Grâce aux progrès de la science et des techniques, la recherche de l’exactitude a prévalu. Elle permet aujourd’hui de choisir son mode de représentation et d’utiliser la carte comme instrument de travail et non plus comme fin en soit.

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