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Le football depuis 1930, entre mondialisation et ancrage dans les territoires

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L’invention du sport au 19e siècle répond à deux logiques : une logique sanitaire et hygiéniste qui considère que la gymnastique permet d’entretenir son corps, et une logique nationaliste qui la complète et considère que le sport permet de mesurer les nations.
De nombreux sports sont ainsi inventés au 19e siècle dans le monde anglo-saxon (rugby, football, basket) et se répandent partout où les Européens étendent leur puissance coloniale formelle ou informelle.

Ce sont toutefois les Français qui vont donner sa dimension mondiale et universaliste au sport. En 1896, les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne sont organisés sous l’égide du baron Pierre de Coubertin et Jules Rimet propose la création d’une Coupe du monde de football en 1930.

Doc. 1. Jeux olympiques d'été 1912, Stockholm. Baron Pierre de Coubertin, Président de Comité international des Jeux olympiques Doc. 2. Affiche de la 1re coupe du monde du football ouverte à Uruguay en 1930

Très rapidement, le sport devient un enjeu politique, géopolitique, idéologique et social dans lequel les nations s’affrontent et se comparent. Comme le disait le président américain Gérald Ford : « Un succès sportif peut servir une nation autant qu’une victoire militaire ». Sous la pression des États d’abord, puis des acteurs économiques (télévisions, organisateurs, agents, intermédiaires…), le sport se mondialise et les compétitions se multiplient ou changent de format pour s’adapter et devenir des activités sportives rentables.

Problématique :
Quelles sont les grandes étapes de ce processus et quelles formes la mondialisation du sport prend-elle aujourd’hui ?
1. Le sport, un enjeu idéologique et géopolitique (1930-1990)
a. Le sport au service des régimes totalitaires
Les régimes fascistes des années 1930 exaltent le corps et la force. Le sport devient alors le symbole de la puissance d’une nation. Il permet aussi de galvaniser les foules.

Les coupes du monde de football 1934 et 1938 sont remportées par l’Italie de Mussolini. Les joueurs italiens sont de véritables athlètes d’État qui font le salut fasciste et adoptent pour devise « vaincre ou mourir ».
Les Jeux olympiques de 1936 marquent un basculement décisif dans l’Histoire du sport mondial. Organisés en Allemagne, ils sont utilisés par Hitler pour promouvoir le nazisme et ses théories raciales grâce à une large couverture médiatique. Le régime nazi finance même la réalisation d’un film de propagande de Leni Riefenstahl, Les Dieux du Stade, qui exalte la « supériorité » de la race aryenne.

Doc. 3. Portrait de la réalisatrice et actrice allemande Leni Riefenstahl et d'Adolf Hitler au moment de la réalisation du documentaire de propagande Triomphe de la volonté à Nuremberg, 1934, Allemagne

L’Allemagne remporte 89 médailles contre 56 aux États-Unis. Trois ans avant le début de la guerre, les nations se mesurent sur le terrain sportif. Conscients des dérives, certains refusent de cautionner cette mise en scène. L’URSS reste à l’écart du mouvement olympique et organise une « Internationale rouge sportive » qui se retrouve lors des Spartakiades à partir de 1928. Les organisations juives américaines boycottent les jeux de Berlin. Les républicains espagnols proposent même d’organiser des jeux alternatifs mais le projet est avorté.
b. Le sport, otage de la guerre froide
Après la Seconde Guerre mondiale, le monde est divisé en deux blocs. En dépit des relations hostiles entre les Soviétiques et les Américains, l’URSS finit par adhérer à la FIFA en 1947 et au CIO en 1951.
FIFA : Fédération Internationale de Football
CIO :
Comité International Olympique

Le sport devient alors un moyen comme un autre de montrer la supériorité de son camp et de son modèle de société :

- l’Union Soviétique organise son élite sportive en faisant de ses meilleurs athlètes des fonctionnaires rémunérés par l’État pour s’entraîner. De fait, ils deviennent des professionnels d’État.
- L’Union soviétique et ses alliés considèrent que les résultats de leurs athlètes démontrent la supériorité de leur organisation sociale. Aussi, certains pays comme la RDA n’hésitent pas à pratiquer un dopage d’État. On estime qu’entre 1974 et 1989, 100 000 athlètes est-allemands ont dû se doper. 8 000 entraîneurs encadraient cette politique qui permit à la RDA d’obtenir en 11 olympiades 519 médailles dont 192 en or.

De même que la course aux armements ou la course à l’espace oppose les deux camps, la « course aux médailles » devient un enjeu important pour les États-Unis et l’URSS. Cette opposition passe aussi par des périodes de tension : en 1980, les États-Unis boycottent les jeux olympiques organisés à Moscou après l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques. En 1984, les Soviétiques boycottent les jeux olympiques organisés à Los Angeles en réponse au boycott américain.

À l’opposé, le rapprochement des États-Unis et de la Chine au début des années 1970 s’est d’abord fait par des échanges sportifs qui ont préparé la visite du président américain Richard Nixon en Chine en 1971. C’est ce qu’on a appelé la « diplomatie du ping-pong ».
c. Le sport, terrain de revendications
Les grandes compétitions mondiales, et notamment les Jeux olympiques, deviennent de formidables tribunes médiatiques pour toutes sortes de revendications politiques.

Deux athlètes noirs, Tommie Smith et John Carlos, sont ainsi exclus des jeux olympiques de 1968 à Mexico. En soutien au mouvement antiségrégationniste des Black Panthers, ils lèvent leur poing ganté de noir pendant l’hymne américain célébrant leur victoire au 200 mètres. Leur geste devient un symbole de la révolte des afro-américains.

Les pays africains ont recours au boycott dans les années 1970. Pour protester contre la présence de la Nouvelle-Zélande aux jeux olympiques de 1976 (l’équipe de rugby avait disputé un match contre l’Afrique du Sud juste après le massacre de Soweto du 16 juin 1976), de nombreux pays africains ne firent pas le déplacement. L’Afrique du Sud, à cause de son régime ségrégationniste contre les populations noires (l’Apartheid), est ensuite boycottée jusqu’au début des années 1990, notamment dans le monde du rugby.

En 1972, aux Jeux olympiques de Munich, dans le contexte très tendu des événements du Moyen-Orient, le groupe palestinien Septembre noir prend en otage des membres de l’équipe olympique israélienne et en assassinent 11. Cet événement a une portée médiatique considérable.

Doc. 4. Les Jeux olympiques de 1968, Mexico City. L'épreuve des 200 m. T. Smith et J. Carlos, Bronze, Black Power, font le signe de la révolte Doc. 5. Un avion de la Lufhansa quitte Munich avec à son bord trois terroristes palestiniens membres de l'organisation « Septembre noir », 1972

2. La mondialisation du sport et ses acteurs (1990-2012)
a. Les promoteurs de la mondialisation du sport
Le phénomène de mondialisation touche les promoteurs du sports dès les années 1900 : le Comité International Olympique (CIO) est créé en 1894, l’Union Internationale pour le Cyclisme (UCI) est créée en 1900, la Fédération Internationale de Football (FIFA) est créée en 1904.

Le mouvement olympique connaît lui-même une expansion rapide de ses membres de 14 nations en 1896 à 204 aujourd’hui, soit plus que le nombre d’États membres de l’ONU. Avec un budget équivalent à celui de Mali, le CIO joue un rôle politique évident. L’octroi de l’organisation des Jeux olympiques dépend du vote de ses 70 membres. Ses choix ont été l’objet de nombreuses polémiques :

- en 1996, les jeux sont ainsi attribués à la ville d’Atlanta, siège de Coca-Cola et sponsor des Jeux olympiques.
- En 2002, les Jeux olympiques d’hiver sont attribués à Salt Lake City. 7 membres du CIO sont exclus après avoir avoué qu’ils avaient été corrompus pour accorder leur vote à cette ville. Des soupçons de corruption entachent de même l’organisation des Jeux de Londres en 2012.
- L’attribution des Jeux olympiques à Pékin en 2008 fait débat : le régime autoritaire chinois se sert clairement de l’événement pour montrer au monde les résultats de sa spectaculaire croissance économique ; on omet toutefois de parler des droits de l’homme bafoués et des opposants politiques détenus arbitrairement.

La mondialisation du sport se fait sous l’action de promoteurs privés qui voient dans le sport une vitrine permettant de faire connaître leur entreprise par le biais du sponsoring :

- Ils ont fait pression pour modifier certaines épreuves afin de les rendre plus télégéniques ou plus rentables : c’est sous leur pression que le Tour de France devient à la fin des années 1960 une épreuve entre équipe de marques alors qu’elle était une épreuve entre équipes nationales jusque là ; en tennis, le tie-break est inventé dans les années 1970 pour écourter les matchs et permettre leur diffusion ; Nike fait pression pour que les États-Unis envoient la « Dream Team » constituée des meilleurs basketteurs professionnels américains aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 ; le football américain est formaté pour permettre la diffusion de nombreux spots publicitaires ; de même, la mi-temps est passée de quelques minutes à un quart d’heure au rugby avec le passage au professionnalisme.

- Des sociétés privées sont les promoteurs de cette mondialisation et adoptent de véritables stratégies commerciales pour s’internationaliser et se mondialiser : la firme ASO qui gère le Tour de France a veillé dès les années 1980 à « ouvrir » le Tour de France à des équipes extra-européennes ; c’est ainsi que Greg LeMond est devenu le premier Américain à remporter l’épreuve, ce qui a permis d'augmenter considérablement les droits de retransmission vers les États-Unis.

- Des investisseurs privés comme Bernard Tapie dans les années 1980-1990, les cheiks qataris ou les milliardaires russes (Roman Abramovitch, par exemple à Chelsea en Angleterre) utilisent le football pour asseoir leur notoriété ou celle de leur pays.

- De grandes marques comme Coca-Cola dépensent 3 milliards d’euros par an pour le sponsoring des événements sportifs.

Les médias concourent aussi à cette mondialisation :
- en donnant de la visibilité aux grands événements sportifs ;
- en retransmettant un nombre croissant d’événements sportifs ;
- en se livrant une concurrence farouche pour retransmettre les grands événements sportifs (près de 2 milliards de dollars pour les Jeux de Londres).
b. La mondialisation des publics
À partir de 1964, la mondovision permet de retransmettre les événements sportifs en direct dans le monde entier à la télévision grâce aux satellites de communication. Les droits de retransmission des grandes épreuves sportives sont les principales sources de financement des grands organismes : la Coupe du Monde 2010 a ainsi rapporté plus de 2 milliards de dollars à la FIFA.

Les grandes épreuves sportives attirent un public de plus en plus vaste : la Coupe du Monde 2010 a ainsi attiré 2 milliards de téléspectateurs ; chaque grande compétition internationale provoque des déplacements de masse de plusieurs milliers de supporters. Cette mondialisation du public permet le développement de nouveaux acteurs économiques (les sociétés de paris en ligne notamment, qui proposent des paris sur la plupart des événements sportifs mondiaux mais aussi des agences de voyages qui proposent des séjours pour les supporters).
c. La mondialisation des sportifs
Les sportifs deviennent de véritables stars qui gagnent davantage d’argent par leur notoriété que par leurs performances sportives : les marques paient ainsi des sommes colossales pour associer leurs images aux sportifs les plus connus (Laure Manaudou, Usain Bolt, Zinedine Zidane, ont prêté leurs images pour des campagnes publicitaires).

Leur mobilité géographique est le reflet de la mondialisation : les joueurs de tennis parcourent la planète d’un tournoi à un autre ; les joueurs de football changent de club à leur gré en s’appuyant sur la liberté de circulation des travailleurs qui prévaut au sein de l’Union européenne (depuis l’arrêt Bosman de la Cour européenne de justice en 1995). L’internationalisation des clubs est telle que certains d’entre eux ne comptent plus dans leurs rangs que quelques nationaux, voire plus aucun comme lors de certains matchs de Chelsea ou Liverpool.

Le pillage des ressources de la planète sportive est à l’image des dérives de la mondialisation. Certains grands clubs européens font signer des contrats à de nombreux espoirs africains et n’en retiennent que quelques-uns au bout de plusieurs années de formation.

De nombreux intermédiaires (agents de joueurs, recruteurs, médias) occupent le cœur d’un système sportif mondial dont les dérives sont nombreuses :

- Corruption (affaire des matchs truqués en Italie à la fin des années 1970 dans laquelle l’attaquant Paolo Rossi a été condamné ; matchs truqués sur le circuit de tennis professionnels ; etc. Ces affaires « sortent » quand les soupçons sont étayés par des mouvements de fond suspects sur les sites de paris sportifs );

Doc. 6. Paolo Rossi au championnat mondial
de football en Espagne, 1982

- Dopage (à la fin des années 1990 dans le cyclisme, notamment).
- Emprise mafieuse (sur les sportifs, notamment pour faire fluctuer le cours des actions des grands clubs de football ou pour truquer les paris sportifs).
L'essentiel
Le sport est devenu, en l’espace de moins de 100 ans, une activité-phare à l’échelle planétaire. Certains sportifs sont aussi connus que les chefs d’État et certaines équipes ont des clubs de supporters partout dans le monde. Les grands événements comme le Tour de France, la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques sont suivis par des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde. De plus, des organismes comme le CIO ou la FIFA sont devenus des acteurs puissants et des entreprises comme ASO sont devenus des groupes mondiaux.

En revanche, la mondialisation du sport est encore incomplète. Par tradition, certains sports restent régionaux ou cantonnés à des aires géographiques particulières : le rugby reste essentiellement lié à l’Europe de l’ouest et aux anciennes colonies britanniques ; la carte du cricket se superpose à celle du Commonwealth tandis que les sports américains s’exportent peu (football américain, baseball, hockey).

Les nations les plus riches occupent les premières places des classements mondiaux. Elles forment et attirent les meilleurs entraîneurs, des athlètes de pays pauvres qui changent de nationalité pour poursuivre leur carrière dans les meilleures conditions, etc. Certaines régions restent des périphéries de la mondialisation sportive comme l’Afrique noir, l’Amérique du sud ou l’Asie continentale.

Cependant, la volonté de poursuivre cette mondialisation à double tranchant, rend le sport parfois plus universel mais aussi plus soumis encore aux règles de la rentabilité et du spectacle à tout prix.
Références
- P. Boniface, Football et mondialisation, Armand Colin, 2006.
- G. Pérec, W ou le souvenir d'enfance, Gallimard, 1975.
- L.Riefenstahl, Les dieux du stade, Allemagne, 1936.
- S.Stallone, Rocky IV, États-Unis, 1985

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