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L'océan Indien : entre rivalités et coopérations

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Objectifs
  • Être en mesure d’expliquer que l’océan Indien est un espace stratégique au coeur de la mondialisation.
  • Être en mesure de démontrer que cet espace convoité relève de nombreux défis grâce à la coopération interétatique.
Points clés
  • L’océan Indien est un espace stratégique du commerce mondial. Les routes maritimes et points de passage stratégiques assurent la libre circulation des biens et marchandises à l’échelle mondiale. Cet espace est parfaitement intégré à la mondialisation.
  • Convoité pour ses ressources halieutiques et énergétiques, la concentration de diverses aires culturelles et géographiques favorise certaines rivalités interétatiques malgré le fait que l’océan Indien ait gagné en stabilité et sécurité.
  • La coopération entre États a permis à cet espace de relever de nouveaux défis et de s’imposer davantage encore dans le commerce mondial.
Pour bien comprendre
  • Routes maritimes.
  • Mondialisation.
  • Libre circulation.
  • Acteurs.
  • Échelles.
  • Aménagements.
  • Conflits.
  • Coopération.
1. L’océan Indien : un espace stratégique et convoité

a. Un espace maritime qui concentre une multitude d’acteurs

L’océan Indien, situé entre l’Afrique, l’Inde et l’Asie du Sud-Est, s’étend sur plus de 70 millions de kilomètres. Il est constitué d’une grande diversité d'États qui appartiennent à différentes aires géographiques et culturelles : Afrique, Moyen-Orient, Asie méridionale, Asie du Sud-Est et Océanie.

L’océan Indien est donc gouverné par des pays riches - Australie, Arabie Saoudite -, des pays en développement - Chine, Inde - et de pays les moins avancés (PMA) comme le Mozambique, Madagascar et le Cambodge.

Par conséquent, les pays riches et les pays en développement investissent davantage et exercent une influence politique plus importante sur cet espace maritime.

b. Un espace maritime au coeur de la mondialisation

Cet espace maritime est considéré comme un espace stratégique car il concentre de nombreux points de passage stratégiques et plusieurs grandes routes maritimes internationales. Il constitue donc à lui seul une plaque tournante du commerce mondial puisque les routes maritimes qui le traversent assurent l’acheminement de flux d’hydrocarbures et de marchandises vers l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Ces routes maritimes représentent 25 % du trafic maritime international ; et 75 % des exportations de l’Union européenne y transitent. De nombreux hubs portuaires se concentrent donc dans cette région. De plus, l’océan Indien est relié au golfe Arabo-Persique grâce au détroit d’Ormuz. Les pays du Golfe sont de grands producteurs de pétrole et de gaz. Ainsi, 70 % des flux d’hydrocarbures en provenance du Moyen-Orient circulent par l’océan Indien.

Routes maritimes : couloirs marins larges de quelques mètres empruntés par des navires de marchandises.
Hubs portuaire : également qualifiés de ports pivots, il s’agit d’espaces qui servent de centre d’éclatement au transport des marchandises généralement conteneurisées. On y effectue le transbordement des conteneurs des navires-mères vers des navires qui desservent ensuite des ports secondaires.

La concentration dans cet espace des détroits de Malacca, de Bab el-Mandeb et d’Ormuz et des canaux de Suez et du Mozambique constitue un gain de temps considérable pour l'acheminement d’une quantité importante de flux. Ainsi, c’est par le canal de Suez et le détroit de Bab el-Mandeb que circule 75 % du commerce entre l’Europe et l’Extrême Orient. Le détroit de Malacca est indispensable pour les importations chinoises : 100 % du soja, 90 % du pétrole et 40 % du gaz sont acheminés par ce passage. Le détroit d’Ormuz est un point de passage obligatoire pour l’acheminement, par voie maritime, de la production des pays du Golfe : 39 % de la production mondiale de pétrole et 33 % de la production mondiale de gaz y transitent. Le canal du Mozambique permet d’acheminer 30 % de la production mondiale de pétrole vers l’océan Atlantique.

Cet espace maritime est donc parfaitement intégré à la mondialisation, il est au coeur de celle-ci.

Mondialisation : ensemble des processus économiques, culturels, technologiques etc qui facilitent la mise en relation des sociétés.
Flux : transfert, via un réseau organisé, de marchandises, d’individus, de données, d’argent etc;, à l’échelle internationale.
c. L’océan Indien : un espace convoité

Carrefour stratégique du commerce mondial, l’océan Indien est également convoité pour ces ressources naturelles. Cet espace maritime se compose de plusieurs zones très vastes et riches en ressources halieutiques.

Ressources halieutiques : exploitation et gestion de ressources vivantes (végétales ou animales) dans tous les milieux aquatiques.

La façade maritime d’Asie du Sud-Est et le pourtour de l’Océanie constituent des zones de pêche ininterrompues. Les côtes de d’Afrique du Sud, du Mozambique, de l’Iran, du Pakistan, de l’Inde, du Bangladesh, du Myanmar et les eaux territoriales autour de Madagascar sont également de grandes zones de pêche de la région. Ainsi, six des dix premiers pays producteurs en ressources halieutiques sont situés dans l’océan Indien. La Chine est le 1e pays producteur, l’Indonésie est le 2e grand producteur et l’Inde occupe le 5e rang du classement. Toutefois, la surexploitation des ressources halieutiques est considérable et constitue un danger pour la biodiversité marine.

Façade maritime : bande côtière qui s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres. Elle concentre plusieurs ports qui jouent le rôle d’interface dans les échanges entre l’avant-pays et l’arrière-pays terrestre.

Par ailleurs, si l’océan Indien est connu pour la route maritime d’hydrocarbures qui relie le golfe Arabo-Persique à l’Asie, certains fonds marins recèlent également des hydrocarbures. Ainsi, le golfe de Thaïlande concentre de nombreuses exploitations offshore de gaz et de pétrole.

Exemple : le golfe de Thaïlande concentre un peu plus de 300 exploitations pétrolières. Malgré des conséquences environnementales désastreuses, le pays continue d’attribuer des permis d’exploration.

La Malaisie dispose également d’importantes richesses en hydrocarbures : ces exploitations offshore lui ont permis d’extraire 744 000 barils de pétrole en 2016 et le pays est également le 3e exportateur mondial de gaz naturel liquéfié. En Indonésie, l’industrie pétrolière et gazière représente 2,8 % du PIB (produit intérieur brut) du pays. Enfin, en 2012, un gigantesque gisement de gaz a été repéré au large des côtes de la Tanzanie et du Mozambique mais la région étant très instable, il n’est pas encore exploité.

Remarque : l’Inde dispose de quelques champs marins de pétrole et de gaz mais ils sont considérés comme minimes pour le pays dont les besoins en hydrocarbures sont considérables.
2. Un espace maritime qui centralise les rivalités et tensions
a. L’océan Indien : un espace convoité par de puissants acteurs

La gouvernance des eaux de l’océan Indien se caractérise par la présence de grands acteurs étatiques qui souhaitent contrôler cet espace stratégique. La Chine - 2e puissance économique mondiale - et l’Inde - au 5e rang du classement - sont particulièrement influentes et exercent un contrôle important sur cet espace en contribuant à la sécurité des routes maritimes. Cette rivalité d’influence se traduit par la présence de plusieurs bases militaires et navales - chinoises et indiennes - dans la région.

La Chine finance également des projets d’aménagements d’infrastructures dans la région - dans le cadre de son projet des nouvelles routes de la soie - afin de créer une dépendance économique et politique entre elle et ces États. Ainsi, elle finance les aménagements du port de Colombo au Sri Lanka par le biais de capitaux.

Aménagement : action nécessitant plusieurs acteurs qui transforment un espace dans le but de générer des effets positifs sur la société.
Exemple : en octobre 2013, la Chine lance son projet des « nouvelles routes de la soie ». Celles-ci permettraient d’assurer des liaisons maritimes et ferroviaires entre la Chine et l’Europe, ce qui favoriserait les connexions entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Ce projet renforcerait également la puissance économique et politique de la Chine sur les territoires aménagés.

Des puissances secondaires comme les pays pétroliers du Golfe détiennent 60 % des réserves mondiales de pétrole et 40 % de celles du gaz. Or, 70 % de leurs flux d’hydrocarbures circulent dans l’océan Indien pour approvisionner des États riches, ce qui renforce son caractère stratégique dans la mondialisation.

Enfin, de riches pays occidentaux exercent une influence sur l’océan Indien : la France, qui possède des territoires ultramarins dans cet océan, dont l’île de la Réunion et Mayotte, et les États-Unis qui y ont aménagé des bases navales. Si la présence de ces deux puissances contribue à sécuriser les routes maritimes, les deux pays - surtout les États-Unis - souhaitent également limiter l’influence économique et politique de la Chine qui ne cesse de croître au détriment de l’influence américaine.

b. Des conflits interétatiques pour les possessions maritimes

La réglementation adoptée lors de la convention de Montego Bay établit les règles de gouvernance et d’exploitation des ressources dans les espaces maritimes puisqu’elle les divise en quatre zones.

Pourtant, celle-ci n’est pas suffisante pour lutter contre les conflits au sujet des possessions maritimes. Les ZEE -zones économiques exclusives- sont généralement contestées lorsqu’un État possède peu de côtes littorales ou lorsque le droit exclusif d’exploitation des ressources s’applique sur une zone recelant une richesse naturelle.

Or, l’océan Indien se caractérise par le fait qu’il concentre une trentaine d’États aux situations économiques et politiques très variées. Pour certains États, la ZEE représente donc une opportunité économique considérable à exploiter, ce qui explique que des conflits interétatiques éclatent dans cette zone.

Exemple : la France et Madagascar se disputent la possession des îles Éparses. Ces dernières sont gérées depuis 2006 par l’administration des Terres australes et antarctiques françaises. La découverte d’importants gisements de pétrole et de gaz dans cette région renforce la rivalité entre les deux États pour la possession de l’Île. Cette dernière n’a pas été restituée à Madagascar suite à son indépendance, ce qui explique que le président malgache ait réclamé ce territoire.
c. L’océan Indien : un espace stratégique menacé

L’océan Indien se situe dans un espace qui comprend plusieurs aires géographiques composées de pays pauvres dont certains sont instables politiquement - côtes d’Afrique de l’Est - ou marquées par de vives tensions, comme dans le golfe Arabo-Persique. Cet espace maritime stratégique est également au coeur de la mondialisation et du commerce mondial ce qui en fait un espace convoité pour ses richesses et les flux qui y transitent.

Par conséquent, la région est considérée comme étant à risque face aux actes de brigandage. Durant de nombreuses années, la piraterie somalienne a constitué une véritable menace pour la sécurité des routes maritimes. Les pertes de l’industrie maritime étaient comprises entre sept et douze milliards de dollars par an et deux milliards de dollars étaient nécessaires pour sécuriser ces routes.

Si en 2011 on recense 199 attaques dont seulement 23 réussies, en 2019, un rapport fait état de 25 attaques dans l’océan Indien, dont un seul acte de piraterie au large des côtes somaliennes. Grâce à la coopération des États de cet espace maritime, les actes de piraterie ne cessent de diminuer depuis une décennie. La région gagne progressivement en sécurité.

En revanche, la pêche illégale reste une source de tensions contre laquelle les États veulent lutter. Cette pratique, qui repose sur une surexploitation des ressources halieutiques, nuit à la biodiversité maritime et nuit considérablement aux activités de pêche locale légale. En effet, on estime que chaque année, elle représente un manque à gagner compris entre huit et dix-huit milliards de dollars à l’échelle mondiale, soit entre 12 % et 28 % des captures mondiales de la pêche en fonction des régions. On estime que la pêche illégale représente 20 % des captures thonidés de l’océan Indien.

Si l’océan Indien est une région plus sécurisée qu’auparavant, des des tensions subsistent. Ce sont les diverses coopérations entre États qui contribuent à renforcer la stabilité de cet espace maritime.

3. L’océan Indien : coopérer pour sécuriser et valoriser

L’océan Indien a longtemps été un espace maritime instable. L’essor économique et politique de certains États qui l’entourent, ainsi que le renforcement de son rôle de carrefour commercial ont favorisé l’essor de coopérations dans la région. Celles-ci permettent de renforcer les atouts de cet espace maritime.

a. Coopérer pour sécuriser l’espace maritime

L’océan Indien dispose de nombreuses richesses et est au coeur du commerce mondial. Afin de conserver son statut et de rendre la région plus stable, des alliances interétatiques (financées par divers fonds internationaux) se sont développées afin de lutter contre les tensions et problèmes de sécurité de cet espace maritime.

Ainsi, pour lutter contre la piraterie, particulièrement présente au large des côtes est africaines, plusieurs États africains - le Mozambique, le Kenya, la Tanzanie, Djibouti, la Somalie, les îles Maurice, les Comores et Madagascar - ont adhéré à un même programme qui a pour objectif de sécuriser les voies maritimes. Ces pays étant majoritairement pauvres, le programme a reçu le soutien financier et matériel de l’Union européenne - dont 75 % importations transitent dans l’océan Indien - qui a engagé 37 milliards d’euros et d’autres organisations internationales telles qu’Interpol et la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). L’objectif sur le long terme est que cette mission de sécurité puisse être assurée uniquement par ces États sans l’appui des marines de guerre étrangères. Cette coopération s’opère donc à différentes échelles.

La lutte contre la pêche illégale repose également sur une coopération entre États puisque huit d’entre-eux s’organisent pour surveiller une étendue d’eau de 6 millions de km². Cette coopération a conduit à l’ouverture de centres de surveillance et au roulement de patrouilles maritimes et aériennes qui sont principalement malgaches. Chaque jour, des bateaux sont arrêtés pour tentative de pêche illicite ce qui prouve l’efficacité de cette coopération régionale.

Ainsi des acteurs régionaux et internationaux coopèrent afin de sécuriser les routes maritimes et de lutter contre les trafics et pratiques illicites dans l’océan Indien.

b. La coopération militaire

Afin de lutter contre la montée de l’influence politique et économique chinoise dans l’océan Indien et de sécuriser cet espace maritime, l’Inde a décidé de s’allier militairement avec la France et les États-Unis. Ces deux puissances présentes sur cet ensemble régional, grâce à leurs bases militaires - et les ZEE liées aux territoires ultramarins pour la France - souhaitent également collaborer avec l’Inde pour les mêmes raisons.

Ainsi, lors d’un exercice militaire franco-indien, les deux États - France et Inde - ont pu montrer au monde entier leur puissance et leurs forces de dissuasion par le biais d’un entraînement militaire. Ce dernier a été réalisé à l’aide de douze navires militaires, dont le Varuna, qui est un grand porte-aéronefs indien.

c. La coopération entre États riverains : l’exemple de l’IORA

L’Inde et la Chine sont deux puissances économiques qui s’opposent dans cet espace maritime. Afin de lutter contre la montée de l’influence économique et politique de la Chine dans l’océan Indien et de s’imposer elle-même comme puissance économique et politique, l’Inde multiplie les coopérations. Si elle collabore avec les puissances extra régionales - France et États-Unis - , elle impulse également un programme de coopération entre États riverains : l’Indian Ocean RIM Association.

Cette association se compose de vingt-deux membres qui sont tous des États riverains de cet espace maritime. La Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Égypte sont des partenaires de dialogues qui sont invités aux discussions.

L’objectif de cette association est de transformer l’océan Indien en un espace dynamique de coopération régionale et d’échanges à tous niveaux (politique, économique, commercial, environnemental).

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