L'innovation, un élément déterminant de la croissance économique - Maxicours

L'innovation, un élément déterminant de la croissance économique

Dans une économie mondialisée où les frontières ont tendance à s’effacer, la réorganisation de la production industrielle et de services est en évolution rapide. Le cycle qui va de l’innovation à la commercialisation d’un produit, en passant par la conception et la production, s’est réorganisé à l’échelle mondiale alors qu’il était organisé, à l'origine, à l’échelle régionale ou nationale.

Cette réorganisation des cycles de production à l’échelle mondiale induit nécessairement des régions qui gagnent et des régions qui perdent (pour reprendre le titre d’un ouvrage de géographie économique des années 1990).

- Les régions qui gagnent sont les territoires de l’innovation où se créent les produits du futur : avec l’avènement des technologies de l’information et de la communication, le poids de l’innovation dans la valeur ajoutée des produits de consommation courante, a fortement augmenté.
- Les régions qui perdent sont celles qui se trouvent en périphérie des territoires de l’innovation et deviennent des régions de production, dont la valeur ajoutée est faible.

Réussir à maintenir ou créer des territoires de l’innovation est donc un enjeu primordial dans la stratégie de puissance des États. C’est aussi une nécessité pour faire face aux défis démographique et énergétique auxquels la planète fait face au 21e siècle.
1. L'innovation : une notion complexe de géographie économique
a. L'innovation, une notion peu abordée par la théorie économique
Les grands penseurs de la théorie économique et sociale au 19e siècle comme Marx, Durkheim ou Spencer n’intègrent pas la notion d’innovation. Il faut attendre les analyses de l’économiste autrichien Joseph Schumpeter pour que soit théorisée l’introduction des processus novateurs dans la société.
Selon Schumpeter, le chef d’entreprise est le vecteur de l’introduction de l’innovation dans la société : il en assume les risques et fait face aux réactions éventuelles de la société qui peut refuser l’innovation ou s’en méfier.
b. L'innovation, produit d'un territoire
C’est surtout l’économiste britannique Alfred Marshall qui développe le concept de district industriel. Selon lui, il faut promouvoir la coopération entre entreprises et la circulation des connaissances entre différents acteurs comme les entreprises, les universités et les centres de recherche, etc. Cette coopération et cette circulation sont d’autant plus efficaces qu’elles s’appuient sur des réseaux de circulation denses. Depuis 2005, on désigne par le terme de cluster ces districts industriels.

Cluster : concentration d’entreprises spécialisées dans un secteur en un même lieu, associées à des centres de recherche ou des universités.
District industriel : regroupement d’un nombre important d’entreprises d’un même secteur.
2. Les territoires de l'innovation à l'échelle mondiale
a. Les pays industrialisés, leaders de l'innovation
Les États-Unis, le Japon et l’Europe (l’Allemagne notamment et les pays scandinaves) sont les États qui dépensent le plus en Recherche et développement (R&D) : les États-Unis représentent 36,2 % de ces dépenses, l’UE 24,1 % et le Japon 13,5 %. Ce sont aussi ces États qui réussissent à convertir les sommes investies en produits industriels et en service de haute technologie.

Doc.1. Croissance économique : R&D dans le monde

Ces États abritent des universités et des laboratoires de recherche organisés et puissants : Harvard et le Massachussetts Institute of Technology (MIT), Stanford et Berkeley aux États-Unis, Heidelberg et Berlin en Allemagne, Lund en Suède, Université de Nagoya au Japon, entre autres.

Ils ont des spécialités scientifiques propres : l’Union européenne est fortement spécialisée dans les sciences de la vie (recherche médicale, biologie), en télécommunications, en astronomie et en informatique. Les États-Unis sont spécialisés dans la santé, en astronomie et en astrophysique. Le Japon est spécialisé dans la physique, la chimie et les technologies de l’information.
b. Les pays émergents contestent cette hiérarchie
Les pays émergents contestent désormais cette hiérarchie : la Chine représente 9,1 % des investissements en R&D, l’Inde, le Brésil et les Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) des années 1970 comme la Corée du Sud, Singapour, Taïwan.

Selon l’économiste américain Jeremy Rifkin, la Chine n’est d’ailleurs plus « l’atelier du monde » mais elle est devenue l’un des lieux de l’économie mondiale : le rachat du département des ordinateurs personnels IBM par l’entreprise chinoise Lenovo en 2005 en est le symbole. De la même façon, Airbus a ouvert une usine en Chine dont l’objectif à terme sera de produire l’équivalent des Airbus 100 % chinois à l’horizon 2019.

L’avenir semble appartenir à l’Asie qui compte 42,9 % des 151 millions d’étudiants dans le monde. En 2012, la Chine représente 8,8 % des publications scientifiques, tandis que celles de l’Inde sont à 24 % et celles de la Corée du Sud à 37 %.
3. Les territoires de l'innovation
a. Un « monde-archipel »
Les espaces des l’innovation ne s’étendent pas à l’échelle des États. Ils sont complexes et donnent à la lecture d’une carte du monde l’impression d’un « monde-archipel » :

- aux États-Unis, seules quelques régions concentrent l’innovation : la Californie, la Mégalopole (autour de Boston notamment) et quelques métropoles comme Seattle, Atlanta ou Houston. Une région est devenue le symbole de l’innovation mondiale : la Silicon Valley est le territoire innovant par excellence. Créé dans les années 1950 sous l’impulsion d’un professeur de Stanford, Frederick Terman et d’un physicien et pionnier de l’électronique, William Shockley, la Silicon Valley concentre aujourd'hui les entreprises innovantes et les universités de pointe.

- En Europe, la région de Londres, la région parisienne (plateau de Saclay) ou la région de Munich concentrent l’innovation et offrent des contrastes très marqués avec les régions environnantes (les régions rurales anglaises ou le « désert français » par exemple).

- Au Japon, les déséquilibres territoriaux entre territoires de l’innovation et périphéries étaient si criants que le plan Technopolis a été lancé dans les années 1980 pour tenter d'aboutir à un système d’innovation plus équilibré au plan territorial. Ce plan a eu un succès mitigé car la mégalopole s’est renforcée.
Les déséquilibres régionaux sont encore plus manifestes dans les pays émergents où des pôles fortement innovants, comme Bangalore en Inde, côtoient des régions rurales très pauvres. En Chine, de la même façon, on retrouve les pôles innovants sur la côte est, tandis que la Chine de l’intérieur semble coupée de ces régions émergentes.
b. Les États, acteurs de l'innovation
La création de ces clusters est parfois spontanée et correspond au regroupement logique d’entreprises partageant les mêmes intérêts, les mêmes besoins et les mêmes problématiques autour de centres de recherches et au cœur des réseaux de communication. C’est le cas de la Silicon Valley, de la Route 128 à Boston, de Cambridge, de Grenoble, etc. Mais de plus en plus, les États et les régions essaient de créer les conditions permettant le développement de ces zones :
- politique de cluster aux États-Unis et au Royaume-Uni ;
- politique des pôles de compétitivité en France ;
- politique des Kompetenznetze en Allemagne.


Doc.2. Schéma des stratégies françaises des pôles de compétitivité
L'essentiel
L'innovation est devenue un enjeu majeur pour les économies occidentales. C'est par ce biais qu'elles peuvent maintenir leur compétitivité et donc leur niveau de vie et leur rang à l'échelle mondiale. Pour les pays émergents, l'innovation est un facteur de progrès économique mais aussi d'affirmation vis-à-vis des grands pays industrialisés.

De plus, l'innovation est devenue un enjeu majeur dans la structuration des territoires à l'échelle planétaire. La concentration des activités innovantes à forte valeur ajoutée dans des clusters induit nécessairement une modification de l'organisation sociale à l'échelle régionale mais aussi une modification de la division du travail à l'échelle mondiale.

Les déséquilibres régionaux à l'échelle des États et les déséquilibres sociaux à l'échelle planétaire, sont deux aspects qui montrent que la réalité des territoires de l'innovation nécessite une réflexion plus approfondie sur les conséquences de leur création.
Références
- Innovation et compétitivité des régions, La documentation Française, 2008.
- David Encaoua, « Les enjeux économiques de l'innovation », Revue d'économie politique, 2004.

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