Le Sahara occidental, un long et terrible conflit
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Le Sahara occidental est un vaste territoire (266 000
km2) du désert du même nom,
situé à l'Ouest du Maghreb. Il possède
comme voisins frontaliers le Maroc au Nord, l'Algérie au
Nord-Est, la Mauritanie à l'Est et au Sud et
à l'Ouest, sa frontière est bordée
par l'océan Atlantique. Depuis 1975, il est l'enjeu
d'un long conflit entre le Front Polisario et le royaume du
Maroc.
Quelles sont les racines et les causes profondes de cette guerre qui semble ne devoir jamais s'éteindre ? Quelles en sont les étapes et les enjeux locaux et internationaux de cette guerre ?
Quelles sont les racines et les causes profondes de cette guerre qui semble ne devoir jamais s'éteindre ? Quelles en sont les étapes et les enjeux locaux et internationaux de cette guerre ?
1. Le Sahara occidental, une terre occupée depuis
1984
a. La période coloniale (1884-1975)
Avant 1884 (début de la colonisation de la
région par l'Espagne), la zone que l'on nomme
aujourd'hui le Sahara occidental était
habitée par des tribus organisées et
indépendantes les unes des autres. Durant la
période coloniale, certains chefs guerriers,
désireux de se débarrasser de cette tutelle
jugée encombrante, acceptèrent, sous
prétexte de venir à bout de l'ennemi
commun, des aides matérielles massives de la part
du sultan du Maroc. Cette attitude laissa imaginer
à certains que ces chefs acceptaient et
reconnaissaient ainsi, de fait, la souveraineté du
Maroc sur le territoire du Sahara occidental.
Deux pays revendiquaient la possession de cette région : la Mauritanie et le Maroc. La première estimait que le Sahara occidental devait reconnaître sa souveraineté du fait de fortes similitudes linguistiques, culturelles et ethniques entre Sahraouis (habitants du Sahara occidental) et Maures. Le second expliquait que la région appartenait au Maroc bien avant la décolonisation et évoquait un « Grand Maroc » auquel on restituerait la Mauritanie, le nord du Mali, une partie de l'ouest algérien et la région sahraoui.
Deux pays revendiquaient la possession de cette région : la Mauritanie et le Maroc. La première estimait que le Sahara occidental devait reconnaître sa souveraineté du fait de fortes similitudes linguistiques, culturelles et ethniques entre Sahraouis (habitants du Sahara occidental) et Maures. Le second expliquait que la région appartenait au Maroc bien avant la décolonisation et évoquait un « Grand Maroc » auquel on restituerait la Mauritanie, le nord du Mali, une partie de l'ouest algérien et la région sahraoui.
b. La main-mise du Maroc sur le Sahara occidental
En 1965, les Nations Unies firent pression sur l'Espagne
pour qu'elle accepte de décoloniser ce territoire
et d'organiser un referendum d'autodétermination.
Mais l'Espagne fit la sourde oreille.
Le 10 mai 1973, des Sarahouis firent naître le Front Polisario qui réclamait - et réclame encore - l'indépendance du Sahara occidental. C'est le début d'un conflit armé. Deux ans plus tard, alors que l'armée espagnole était en train de se retirer de la zone, le roi du Maroc, Hassan II, entreprit lui aussi, à sa manière, d'affirmer clairement ses vies le Sahara occidental. Le 16 octobre 1975, il organisa une Marche Verte, pacifique, dans le désert, afin de récupérer symboliquement ce territoire qu'il considérait comme appartenant au Maroc. Il marcha en famille, précédé par l'armée et suivi par une foule brandissant Coran et drapeau marocain.
Le 24 novembre 1975, l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie, signèrent à Madrid des accords qui octroyaient à la Mauritanie et au Maroc l'administration conjointe du Sahara occidental. En janvier 1976, les derniers soldats espagnols quittaient le Sahara occidental. Le Maroc, lui, annexa une bonne partie du territoire sahraoui, faisant fuir des milliers de personnes vers les régions alentours.
Le 10 mai 1973, des Sarahouis firent naître le Front Polisario qui réclamait - et réclame encore - l'indépendance du Sahara occidental. C'est le début d'un conflit armé. Deux ans plus tard, alors que l'armée espagnole était en train de se retirer de la zone, le roi du Maroc, Hassan II, entreprit lui aussi, à sa manière, d'affirmer clairement ses vies le Sahara occidental. Le 16 octobre 1975, il organisa une Marche Verte, pacifique, dans le désert, afin de récupérer symboliquement ce territoire qu'il considérait comme appartenant au Maroc. Il marcha en famille, précédé par l'armée et suivi par une foule brandissant Coran et drapeau marocain.
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Doc. 1. L'émir Saoud, héritier du Trône d'Arabie et le jeune prince Hassan Moulay (qui deviendra Hassan II, 1929-1999), fils du sultan du Maroc visitent la mosquée de Paris avec son excellence Si Kaddour Ghabrit (1868-1954). |
Le 24 novembre 1975, l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie, signèrent à Madrid des accords qui octroyaient à la Mauritanie et au Maroc l'administration conjointe du Sahara occidental. En janvier 1976, les derniers soldats espagnols quittaient le Sahara occidental. Le Maroc, lui, annexa une bonne partie du territoire sahraoui, faisant fuir des milliers de personnes vers les régions alentours.
2. Près de 40 ans de lutte armée
a. Le Front Polisario se bat contre la Mauritanie et
le Maroc
Le Front Polisario reprit les armes,
matériellement soutenu par l'Algérie qui
espérait - et espère toujours -
l'indépendance du Sahara occidental dans la mesure
où elle lui permettrait d'obtenir, en
compensation, l'accès à l'océan
Atlantique. Il s'attaqua, au nord, aux forces marocaines
et, au sud, à l'armée mauritanienne. En
août 1979, la Mauritanie fut contrainte de signer
la paix d'Alger dans laquelle elle renonça
à ses revendications sur le territoire
sahraoui. Le Maroc, aidé par les
États-Unis et certains pays occidentaux,
échappe à la défaite.
L'ONU et l'OUA (Organisation de l'unité africaine) tentent, en vain, de trouver une issue pacifique à ce conflit qui non seulement fait des morts parmi les combattants, mais également parmi les civils. Des milliers de Sahraouis sont obligés d'aller se réfugier loin de chez eux, dans des camps d'accueil dans lesquels les conditions de vie sont difficiles (Au Tindouf, en Algérie, mais aussi en Mauritanie, aux Canaries, en Espagne et à Cuba).
L'ONU et l'OUA (Organisation de l'unité africaine) tentent, en vain, de trouver une issue pacifique à ce conflit qui non seulement fait des morts parmi les combattants, mais également parmi les civils. Des milliers de Sahraouis sont obligés d'aller se réfugier loin de chez eux, dans des camps d'accueil dans lesquels les conditions de vie sont difficiles (Au Tindouf, en Algérie, mais aussi en Mauritanie, aux Canaries, en Espagne et à Cuba).
b. Un cessez-le-feu et une promesse de referendum
jamais tenue
En avril 1991, le Conseil de sécurité des
Nations unies adopte une résolution qui instaure
un cessez-le-feu et prévoit la tenue d'un
référendum. Le cessez-le-feu entra en
vigueur 5 mois plus tard, mais le
référendum, lui, plus de 20 ans plus tard,
n'a toujours pas eu lieu (car les partis en conflit n'ont
pas réussi à s'accorder sur les personnes
habilitées à voter). Depuis, plusieurs
propositions ont été émises pour
tenter de trouver une issue à ce conflit mais en
vain.
c. Quels sont les enjeux de ce conflit ?
Les enjeux sont avant tout économiques.
Ce territoire regorge de phosphates, de minerais tels que le fer, le titane, l'uranium, le titanium, l'antimoine, le cuivre et le manganèse, ainsi que de pierres précieuses. Le Sahara occidental est riche, surtout sa côte atlantique (la seule issue sur la mer que possède le Maghreb), les fonds marins et le sous-sol appartenant à cette précieuse zone maritime.
De plus, sa ZEE (Zone économique exclusive) est l'une, sinon la plus poissonneuses du monde.
On imagine donc que l'intégration du Sahara occidental au territoire marocain (pauvre, par exemple, en hydrocarbures) serait une opération particulièrement intéressante pour doper l'économie marocaine. L'Algérie, elle, continue de soutenir la lutte sahraoui, car l'accession à l'indépendance totale du Sahara occidental lui permettrait d'avoir un accès sur l'océan Atlantique. Elle pourrait ainsi plus aisément commercialiser les ressources importantes (fer, pétrole et gaz) que renferment la région du Tindouf. Cette région, située à l'extrême pointe sud-ouest de son territoire, accueille encore aujourd'hui des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis dans des camps.
Pour les États-Unis, comme pour les pays du Maghreb, l'instabilité chronique du Sahara occidental empêche les échanges commerciaux.
Tout le monde est donc très pressé que les deux parties parviennent à un accord.
Ce territoire regorge de phosphates, de minerais tels que le fer, le titane, l'uranium, le titanium, l'antimoine, le cuivre et le manganèse, ainsi que de pierres précieuses. Le Sahara occidental est riche, surtout sa côte atlantique (la seule issue sur la mer que possède le Maghreb), les fonds marins et le sous-sol appartenant à cette précieuse zone maritime.
De plus, sa ZEE (Zone économique exclusive) est l'une, sinon la plus poissonneuses du monde.
On imagine donc que l'intégration du Sahara occidental au territoire marocain (pauvre, par exemple, en hydrocarbures) serait une opération particulièrement intéressante pour doper l'économie marocaine. L'Algérie, elle, continue de soutenir la lutte sahraoui, car l'accession à l'indépendance totale du Sahara occidental lui permettrait d'avoir un accès sur l'océan Atlantique. Elle pourrait ainsi plus aisément commercialiser les ressources importantes (fer, pétrole et gaz) que renferment la région du Tindouf. Cette région, située à l'extrême pointe sud-ouest de son territoire, accueille encore aujourd'hui des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis dans des camps.
Pour les États-Unis, comme pour les pays du Maghreb, l'instabilité chronique du Sahara occidental empêche les échanges commerciaux.
Tout le monde est donc très pressé que les deux parties parviennent à un accord.
3. Le Sahara occidental aujourd'hui
Des villes et villages sahraouis sont toujours sous le
contrôle de l'armée marocaine. Cette
région, devenue un enjeu important de
rivalité entre le Maroc et
l'Algérie, n'a toujours pas obtenu de
statut définitif (depuis 36 ans). Même si la
négociation reste le moyen le plus réaliste
pour parvenir à débloquer la situation, on
n'est pas à l'abri d'une reprise du conflit
armé. C'est pourquoi, dans les années 80,
les Marocains ont fait construire un mur de défense
de 2 720 km de long, afin de protéger le territoire,
dont il s'est emparé en 1975, des attaques du Front
Polisario. Ce dernier, lui, contrôle la
région non sécurisée (peuplée
de quelques milliers de nomades seulement) par ce mur.
Depuis 2007, des négociations se tiennent à Manhasset, aux États-Unis, depuis que le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté une nouvelle résolution qui engage les parties à négocier « en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ». En attendant, le commerce et l'activité économiques sont contrôlés par le Maroc. Des sociétés marocaines ont signé, au mépris du droit international, en 2011, des contrats d'exploration au large des côtes du Sahara occidental, afin d'y rechercher du pétrole (on estime qu'elles recèleraient des réserves d'hydrocarbures considérables).
De plus, si le cessez-le-feu de 1991 a mis fin à 16 ans de guérilla, les tensions n'ont pas disparu : en nov 2010, une attaque meurtrière a eu lieu dans un camp de réfugiés, près d'El Ayoun, la capitale du Sahara occidental où environ 20 000 personnes s'étaient installées pour protester contre la détérioration de leurs conditions d'existence. L'armée marocaine a démantelé le camp. Des centaines de blessés ont été évacués.
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Doc. 2. Carte du Sahara Occidental |
Depuis 2007, des négociations se tiennent à Manhasset, aux États-Unis, depuis que le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté une nouvelle résolution qui engage les parties à négocier « en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ». En attendant, le commerce et l'activité économiques sont contrôlés par le Maroc. Des sociétés marocaines ont signé, au mépris du droit international, en 2011, des contrats d'exploration au large des côtes du Sahara occidental, afin d'y rechercher du pétrole (on estime qu'elles recèleraient des réserves d'hydrocarbures considérables).
De plus, si le cessez-le-feu de 1991 a mis fin à 16 ans de guérilla, les tensions n'ont pas disparu : en nov 2010, une attaque meurtrière a eu lieu dans un camp de réfugiés, près d'El Ayoun, la capitale du Sahara occidental où environ 20 000 personnes s'étaient installées pour protester contre la détérioration de leurs conditions d'existence. L'armée marocaine a démantelé le camp. Des centaines de blessés ont été évacués.
L'essentiel
En 1975, alors que l'Espagne se retirait du Sahara
occidental, le Maroc s'emparait illégitimement d'une
grande partie de ce territoire. Le Front Polisario,
depuis, réclame que soit mis en place le
référendum d'autodétermination
décrété par les Nations Unies en 1991.
La Cour internationale de Justice ne reconnaît pas
la souveraineté du Maroc sur ce territoire.
Pourtant, le Maroc demeure inflexible et refuse
d'accéder aux attentes du Front Polisario. Depuis
quelques années, il a même commencé
d'exploiter les ressources naturelles importantes du Sahara
occidental et, récemment, a donné le feu vert
pour des investigations off-shore au large de ses côtes
afin de commencer à bénéficier des
ressources en pétrole recélées dans
son sous-sol.
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