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Réflexions critiques sur la cartographie

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La cartographie est la science de la réalisation et de l'étude des cartes géographiques. La réalisation d'une carte se fait en deux étapes, qui sont aussi deux problèmes : le premier est la définition et la représentation de l'espace considéré, le second la collecte et le tri des informations.
Le but de la cartographie est de produire une représentation simplifiée et pertinente du phénomène étudié. Pourtant, alors que le monde change sous l'effet de la mondialisation, présentant donc de nouveaux phénomènes à étudier, notre représentation de celui-ci reste figée, voire obsolète : un planisphère centré sur l'Europe, éclatant complètement l'espace pacifique, privilégiant souvent les à-plats et négligeant les flux. 

Problématique : Dans le contexte de la mondialisation, peut-on élaborer une cartographie plus à même de refléter les évolutions d'un monde multipolaire et métisse ? 
1. Le problème du passage du globe au plan
a. La Terre n'est pas une sphère
Le premier problème qui se pose au cartographe est celui de la nature de la Terre : si depuis la circumnavigation de Magellan (1520-1522) on a la preuve que la Terre n'est pas plate mais ronde, ce n'est qu'une approximation. 
En effet, elle a plutôt la forme d'un patatoïde, qu'on peut se figurer comme un ellipsoïde aplati aux pôles. C'est la forme dont, au mieux, on est obligé de se satisfaire. L'autre approximation est celle qui consiste à penser la surface terrestre comme uniforme (sans tenir compte des montagnes ou des dépressions). 
b. Des problèmes mathématiques
Un planisphère est obtenu en projetant une sphère sur une surface plane. Cette projection peut se faire sur trois types de surface : un cylindre (projection cylindrique), un cône (projection conique), un plan (tangent le plus souvent aux pôles, projection azimutale).

Doc. 1. Les types de projection

Quel que soit le choix effectué, la représentation d'un globe (donc en trois dimensions) sur une surface plane (donc en deux dimensions) pose des nombreux problèmes mathématiques. Cette opération s'appelle une projection, et son résultat comporte toujours des « erreurs » : soit le non-respect des angles, soit la déformation des surfaces. C'est pourquoi les projections usuelles utilisent plusieurs modèles mathématiques, pour minimiser les inconvénients de chacun. 

Il faut ainsi se garder des deux positions extrêmes qui seraient de croire que toutes les cartes sont fausses ou que les planisphères sont des représentations absolument fidèles. Il faut simplement connaitre leurs limites.
c. Des problèmes géographiques
D'un point de vue géographique, le principal problème posé par le planisphère vient du fait que la surface terrestre est une surface continue (d'approximativement 510 millions de km2) représentée par une surface plane.

- Le planisphère a des bords : les deux Océans glacials et le Pacifique, le plus souvent, sont découpés et rejetés aux extrémités. Il n'y a aucune raison et c'est d'autant plus dommageable que, pour le cas du Pacifique, ça ne rend pas compte de son importance dans l'économie mondiale car il est rejeté à la périphérie alors que depuis 1980 le flux de marchandises trans-pacifique est supérieur à son homologue trans-atlantique. 

- Le planisphère a un centre : visuellement, le centre est la partie la plus importante. Sur une Terre à peu près ronde, la surface n'a pas de centre. En définir un, contrainte obligatoire du planisphère, implique un choix, pas toujours conscient, ni toujours pertinent, comme le montre l'exemple du centrage sur l'Atlantique au lieu du Pacifique. 

Ainsi, la célèbre carte « On top down under » est tout aussi valable qu'une autre !

Doc. 2. Upside down map (carte du monde inversée)
2. À la recherche d'un planisphère efficace
a. Les différents planisphères
 Il n'y a donc pas de planisphère parfait, et l'utilisation d'une projection plutôt qu'une autre est affaire de choix démonstratif et de mode. 

- La première projection en date est celle de Mercator (1569) : il s'agit d'une projection cylindrique tangente à l'équateur. On dit qu'elle est conforme car elle garde les angles et donc les formes (et c'est pour cela qu'elle est utilisée dans la navigation), mais elle n'est pas équivalente (car elle ne conserve pas les distances). On constate en effet un « étirement » des distances, d'autant plus grand qu'on s'éloigne de l'équateur. 

Doc. 3. Planche tirée de Atlas de Gérardus Mercator, ou Gérard Cremer (1512 - 1594) vue de l'hémisphère septentrional (hémisphère Nord)

- La projection de Peters (1974), est cylindrique, mais elle, au contraire, conserve les surfaces. Rendant compte de la taille réelle des pays du Sud, elle a été très en vogue dans les années 1980 dans le contexte des débats tiers-mondistes.

- La projection azimutale, centrée sur le pôle nord, a été retenue comme symbole sur le drapeau de l'ONU. Son intérêt : les grandes puissances (Europe, États-Unis, Chine, Japon, etc.) sont à la même distance du centre, donc sur un plan d'égalité visuelle. Le pôle sud a disparu, mais comme il est inhabité, cela n'a pas posé de problème diplomatique !

Doc. 4. En bleu, le drapeau de l'ONU sur le pont Leman, Genève, Suisse

- Il existe d'autres projections : celles de Lambert, Bertin, Mollweide.
b. Une carte est trop souvent un puzzle
Une fois choisi, le planisphère pose un autre problème : de quelle réalité géographique rendre compte et comment le faire ?

Les géographes, depuis le 18e siècle, privilégient la représentation du monde sous forme d'une accumulation de territoires contigus. C'est historiquement lié à l'émergence et à l'affirmation des États-nations qui se définissent comme des territoires aux étendues continues, exclusives et homogènes, aux frontières linéaires et emboitées, comme les pièces d'un puzzle. 

Pourtant, la mondialisation, avec la multiplication des flux et des réseaux souvent déterritorialisés, n'est que très imparfaitement traduite par cette conception. 
c. Comment représenter la mondialisation ?
Les cartographes ont cherché un moyen de rendre compte, au plus près, de la nouvelle organisation de la planète. Ils ont donc développé deux styles de représentation qui s'attachent à mettre en valeur les interconnexions croissantes des espaces : 
- les cartes montrant des flux (pour les transports, les flux financiers, les flux touristiques, les échanges commerciaux, etc.),
- les cartes par anamorphose (c'est-à-dire une image déformée, distordue).

Mais les deux styles, malgré leurs pertinences évidentes, présentent de nombreux défauts : 
- les cartes montrant des flux sont souvent des puzzles à peine transformés, dans la mesure où les flèches ne suivent pas les tracés réels des flux, et ne disent rien de la réalité des distances franchies en termes de coût, de temps, car ils utilisent uniquement la distance kilométrique.
- les cartes par anamorphose posent un problème de lisibilité : elles déforment l'espace en fonction du critère étudié, ce qui suppose (pour le lecteur) qu'il connaisse bien la forme initiale de l'espace pour repérer les modifications. Ces cartes ne se suffisent donc pas en elles-mêmes.

En attendant d'inventer de nouvelles formes cartographiques, il faut abandonner l'idée d'un planisphère parfait et parfaitement efficace, et préférer multiplier les représentations pour approcher au mieux la réalité complexe de la mondialisation.
3. Le poids des héritages dans la connaissance de la Terre
a. Une connaissance pas toujours scientifique
Il faut bien se garder de penser que la cartographie a eu une évolution linéaire, faite d'une accumulation d'améliorations dans une perspective scientifique. Au contraire, elle est née en Égypte et en Mésopotamie puis s'est développée en Grèce dans le cadre de la pensée religieuse de ces sociétés. Ainsi, si les Grecs savaient que la Terre est ronde (savoir qui sera oublié par la suite), c'était autant dû aux observations des marins qui voyaient les montagnes avant de voir les côtes, qu'à leur conception mystique de l'Univers qui considérait que la sphère est la forme parfaite que devait avoir aussi bien la voûte céleste que la planète. Pendant longtemps, cartographie, astronomie et astrologie ne se distinguaient pas. 
b. Le poids des conventions
Ces croyances ont profondément marqué notre connaissance de la Terre et l'ont figée dans des conventions dont nous sommes encore tributaires. 

La définition des continents, commencée dans l'Antiquité, est purement arbitraire
Au départ, 3 continents ont été nommés, d'abord en référence aux points cardinaux (Europe = levant, Asie = couchant, Afrique = le sud), puis à l'histoire de Noé dans la Genèse (Europe = Japhet, Asie = Sem, Afrique = Cham) et à la légende des trois Rois mages.
     
Les frontières entre les 3 continents sont totalement artificielles, et, par exemple, celle de l'Europe et de l'Asie, marquée par l'Oural, apparaît au 18e siècle quand Diderot, voulant faire plaisir à Catherine de Russie, a choisi cette limite lointaine pour ancrer l'empire des Tsars en Europe. 

L'Amérique est nommée en 1507, en hommage au navigateur italien Amerigo Vespucci, et l'Océanie en 1812.

Il en est de même de la définition et du nom des océans
Les limites sont fixées au 18e siècle, dans l'effort classificatoire de l'Encyclopédie.
Les noms se sont imposés progressivement, alors qu'au départ les mers et les océans étaient nommés en fonction des pays qu'ils bordaient (mer érythréenne, mer occidentale, etc.).
L'essentiel
L'élaboration d'une carte du monde pose différents problèmes. D'abord celui du dessin du planisphère, qui nécessite différentes approximations géographiques et mathématiques. Pourtant, le principal reste le problème de la complexité du monde nouveau né de la mondialisation. Marqué par les flux et les réseaux, c'est une réalité qui n'a pas trouvé encore de représentation véritablement satisfaisante. En attendant d'inventer de nouvelles formes cartographiques, il faut abandonner l'idée d'un planisphère parfait et parfaitement efficace, et préférer multiplier les représentations pour approcher au mieux la réalité complexe de la mondialisation.

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