Mumbai, une ville à deux vitesses
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L'importance économique et culturelle de Bombay,
sa modernité, son étendue, font
de la ville une mégalopole hyperactive qui
attire un grand nombre de personnes chaque jour. Mais son
développement ne profite pas à tous dans cette
métropole surpeuplée (22 millions
d'habitants) et, plus que partout ailleurs dans le pays,
les signes extérieurs de richesse et
d'extrême pauvreté alternent constamment.
1. L'envers du décor
a. Un accès limité à
l'éducation pour des millions d'enfants
Les écoles primaires publiques de Mumbai sont
submergées par le nombre d’enfants, à
tel point que, dans les quartiers les plus
pauvres, certains ne peuvent profiter de
l’école qu’à mi-temps. Les
classes dotées d'effectifs de plus de 65
élèves sont communs et les enseignants
épuisés sont obligés de scinder
leurs effectifs en deux groupes : le premier assiste
à la classe le matin, et l'autre
l'après-midi.
Il existe en Inde une sorte de course acharnée à la réussite scolaire, à laquelle les pauvres ne peuvent pas participer.
Si parmi la classe moyenne, les parents sont capables d'aider leurs enfants dans leur scolarité ou les envoyer prendre des cours complémentaires dans des établissements privés, les familles des bidonvilles, elles, sont le plus souvent analphabètes et dans l'incapacité de financer le moindre soutien scolaire. Toutefois, grâce aux nombreuses actions éducatives menées par des associations indiennes ou par des ONG, de nombreuses écoles gratuites s'ouvrent, y compris dans les bidonvilles.
Il existe en Inde une sorte de course acharnée à la réussite scolaire, à laquelle les pauvres ne peuvent pas participer.
Si parmi la classe moyenne, les parents sont capables d'aider leurs enfants dans leur scolarité ou les envoyer prendre des cours complémentaires dans des établissements privés, les familles des bidonvilles, elles, sont le plus souvent analphabètes et dans l'incapacité de financer le moindre soutien scolaire. Toutefois, grâce aux nombreuses actions éducatives menées par des associations indiennes ou par des ONG, de nombreuses écoles gratuites s'ouvrent, y compris dans les bidonvilles.
b. L'urbanisation informelle
« Parmi les tours modernes et les enseignes
lumineuses des centres commerciaux, Dharavi se loge,
telle une tumeur cancéreuse au cœur de
Mumbai. Et la ville refuse de le reconnaître. Ses
habitants vivent donc dans des maisons illégales,
utilisent de l'électricité illégale,
boivent de l'eau illégale et regardent une
télé illégale par câble. Ils
travaillent dans les innombrables fabriques et boutiques
illégales de Dharavi. La moitié des
habitants de Mumbai vivent dans ce genre de bidonvilles,
dans ce genre de vie illégal ». Extrait
de Slumdog Millionaire, de Vikas Swarup, Belfond,
2006.
Par jour, plus de 200 familles viennent à Mumbai, la plupart provenant d'un exode rural effréné. Ces familles quittent les campagnes les plus pauvres où la vie est souvent extrêmement dure et, leurrées par l'image idyllique véhiculée par les films de Bollywood, viennent à Mumbai dans l'espoir d'y trouver de meilleures conditions d'existence. Espoir bien souvent déçu, Mumbai, surpeuplée, ne parvient pas à fournir du travail et un logement à tout le monde. C'est pourquoi plus de 10 millions de personnes (soit environ 55% de la population) vivent dans la rue ou dans des bidonvilles (slums en anglais).
Les bidonvilles sont des quartiers informels qui n'apparaissent sur aucun plan d'urbanisme et n'ont aucune existence légale alors qu'ils abritent des millions de personnes. Le terme de slums fait référence à des regroupements d'habitats précaires construits en matériaux de récupération. À Mumbai, bidonvilles et quartiers d'affaires se succèdent sans transition dans le paysage.
Les familles qui habitent les bidonvilles sont le plus souvent séparées de leur groupe familial d’origine, de leur caste, de leur métier traditionnel et, pour certaines d’entre elles, de leur dialecte ou de leur groupe linguistique. Ajoutée à la grande pauvreté matérielle et à la promiscuité, cette situation rend l’intégration encore plus difficile et génère une déstructuration des liens familiaux et sociaux qui facilite le développement de la délinquance, de la prostitution et de la drogue.
Dharavi, au cœur de Bombay, est le plus grand et l'un des plus anciens bidonvilles d'Asie. Au moins 1 million d'individus (soit plus de 100 000 familles) y vivent, pour une densité de population moyenne de 17 000 habitants/km2.
Par jour, plus de 200 familles viennent à Mumbai, la plupart provenant d'un exode rural effréné. Ces familles quittent les campagnes les plus pauvres où la vie est souvent extrêmement dure et, leurrées par l'image idyllique véhiculée par les films de Bollywood, viennent à Mumbai dans l'espoir d'y trouver de meilleures conditions d'existence. Espoir bien souvent déçu, Mumbai, surpeuplée, ne parvient pas à fournir du travail et un logement à tout le monde. C'est pourquoi plus de 10 millions de personnes (soit environ 55% de la population) vivent dans la rue ou dans des bidonvilles (slums en anglais).
Les bidonvilles sont des quartiers informels qui n'apparaissent sur aucun plan d'urbanisme et n'ont aucune existence légale alors qu'ils abritent des millions de personnes. Le terme de slums fait référence à des regroupements d'habitats précaires construits en matériaux de récupération. À Mumbai, bidonvilles et quartiers d'affaires se succèdent sans transition dans le paysage.
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Doc. 1. Bidonville de Mumbai, à Bombay en Inde. |
Les familles qui habitent les bidonvilles sont le plus souvent séparées de leur groupe familial d’origine, de leur caste, de leur métier traditionnel et, pour certaines d’entre elles, de leur dialecte ou de leur groupe linguistique. Ajoutée à la grande pauvreté matérielle et à la promiscuité, cette situation rend l’intégration encore plus difficile et génère une déstructuration des liens familiaux et sociaux qui facilite le développement de la délinquance, de la prostitution et de la drogue.
Dharavi, au cœur de Bombay, est le plus grand et l'un des plus anciens bidonvilles d'Asie. Au moins 1 million d'individus (soit plus de 100 000 familles) y vivent, pour une densité de population moyenne de 17 000 habitants/km2.
2. Une ville qui peine à gérer ses
problèmes
D'une manière générale, les
services publics de la métropole n'ont pas pu
suivre le rythme de l'urbanisation. La vie, pour les plus
pauvres est extrêmement dure à Mumbai.
a. Pollution et embouteillages
Mumbai est une jungle urbaine et figure parmi les
plus bruyantes du monde : les
embouteillages y sont terribles et semblent ne
jamais devoir s'arrêter, les rues sont
saturées de voitures et de rickshaws. La
ville offre un bus pour 1 250 voyageurs. L'air y est 25
fois plus pollué par la circulation automobile et
par les industries que ne le recommandent les normes
internationales. On a tenté de déplacer les
industries, de les repousser hors de l’île,
mais la pollution continue à poser de
graves problèmes.
Rickshaw : c'est un véhicule tricycle à propulsion humaine ou mécanique, destiné au transport de personnes ou de marchandises.
Rickshaw : c'est un véhicule tricycle à propulsion humaine ou mécanique, destiné au transport de personnes ou de marchandises.
b. Le manque d'eau
• L'eau
La municipalité peine à gérer le problème crucial de l'approvisionnement en eau. La demande est tellement supérieure à l’offre que la consommation est limitée et atteint des proportions alarmantes quand les pluies de la mousson sont insuffisantes. La Compagnie municipale des eaux n'alimente pas les quartiers pauvres, ce qui fait que des millions de personnes n'ont pas d'alimentation d'eau chez elles. Les femmes, et parfois les enfants, doivent aller chaque jour faire la queue aux robinets ou aux lieux de distribution les plus proches pour s'approvisionner. Cela peut leur prendre plusieurs heures et le retour se fait avec un seau de 40 kg sur la tête. Au point de distribution, l'approvisionnement au robinet n'est assuré qu'entre 8h et 14h. Les habitants des bidonvilles doivent payer très cher une eau qui leur est vendue par des intermédiaires qui s'approvisionnent illégalement et pratiquent des prix prohibitifs : elle leur coûte 30 fois plus cher que s'ils avaient la possibilité de l'acheter au tarif municipal.
• Les sanitaires
Dans les bidonvilles ou dans les quartier les plus pauvres, les sanitaires manquent cruellement. On estime que 40% à 50% des citoyens de Mumbai n'ont pas d'installations sanitaires chez eux. À Dharavi, par exemple, on compte 400 toilettes pour 600 000 habitants, soit un toilette pour 1 500 personnes. Les gens n'ont pas d'autre choix que de se soulager dans les rues, le long des voies de chemins de fer, etc. En mars 2009, la municipalité de Mumbai a reconnu qu’il manquait 64 157 toilettes dans les bidonvilles, qui n’en comptent pour l’heure que 77 526. Notons que même lorsqu’elles existent, il n’y a souvent ni eau ni électricité, ce qui les rend inutilisables.
Les eaux usées (2800 millions de litres par jour à Mumbai) sont quant à elles, le plus souvent déversées sans traitement (ou après un traitement partiel), dans les ruisseaux ou sur certaines zones côtières, ce qui engendre des taux de pollution hydrique très inquiétants.
La municipalité peine à gérer le problème crucial de l'approvisionnement en eau. La demande est tellement supérieure à l’offre que la consommation est limitée et atteint des proportions alarmantes quand les pluies de la mousson sont insuffisantes. La Compagnie municipale des eaux n'alimente pas les quartiers pauvres, ce qui fait que des millions de personnes n'ont pas d'alimentation d'eau chez elles. Les femmes, et parfois les enfants, doivent aller chaque jour faire la queue aux robinets ou aux lieux de distribution les plus proches pour s'approvisionner. Cela peut leur prendre plusieurs heures et le retour se fait avec un seau de 40 kg sur la tête. Au point de distribution, l'approvisionnement au robinet n'est assuré qu'entre 8h et 14h. Les habitants des bidonvilles doivent payer très cher une eau qui leur est vendue par des intermédiaires qui s'approvisionnent illégalement et pratiquent des prix prohibitifs : elle leur coûte 30 fois plus cher que s'ils avaient la possibilité de l'acheter au tarif municipal.
• Les sanitaires
Dans les bidonvilles ou dans les quartier les plus pauvres, les sanitaires manquent cruellement. On estime que 40% à 50% des citoyens de Mumbai n'ont pas d'installations sanitaires chez eux. À Dharavi, par exemple, on compte 400 toilettes pour 600 000 habitants, soit un toilette pour 1 500 personnes. Les gens n'ont pas d'autre choix que de se soulager dans les rues, le long des voies de chemins de fer, etc. En mars 2009, la municipalité de Mumbai a reconnu qu’il manquait 64 157 toilettes dans les bidonvilles, qui n’en comptent pour l’heure que 77 526. Notons que même lorsqu’elles existent, il n’y a souvent ni eau ni électricité, ce qui les rend inutilisables.
Les eaux usées (2800 millions de litres par jour à Mumbai) sont quant à elles, le plus souvent déversées sans traitement (ou après un traitement partiel), dans les ruisseaux ou sur certaines zones côtières, ce qui engendre des taux de pollution hydrique très inquiétants.
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Doc. 2. Les habitants d'une bidonville sur un chemin de fer à Bangladesh, Inde |
c. La gestion des déchets
En 2009, Mumbai produisait en moyenne 11,209
millions de tonnes de déchets par jour alors
qu'elle n'est équipée que pour en traiter 6
000. En théorie, des compagnies
rémunérées par la
municipalité sont tenues de collecter les ordures
de la métropole, de les trier et de jeter ce qui
ne peut être recyclé dans les
décharges. En réalité, 40% à
50% de ces ordures ne sont pas collectés par les
camions poubelles et celles qui le sont s'entassent dans
des décharges sans tri préalable, ou
s'accumulent dans les rues. Enfin, Mumbai ne disposant
que d'un seul centre de traitement, seule une
partie des déchets collectés est
transformée (en engrais organique et en pastilles
de combustible).
3. Une ville de marchés parallèles et
informels
Le secteur de l'emploi informel constitue l'un des
éléments clés de la structure
industrielle de Mumbai. C'est un secteur qui absorbe une
grande part de l'immense nombre de migrants issus du milieu
rural qui y arrive chaque année. Il s'agit de
petites entreprises, ou bien d'unités familiales de
travail à domicile qui n'ont aucune existence
légale et sur lesquelles aucune
législation, faute de statut officiel, ne
parvient à s'appliquer.
• Une source de revenus pour les habitants des bidonvilles
Le secteur informel est la principale source de revenus pour les habitants des rues ou des bidonvilles. C'est, par exemple, le secteur informel qui se charge de ramasser et de recycler une part non négligeable des déchets qui ne sont pas pris en charge par la municipalité. En dépit des risques sanitaires et physiques encourus par ceux qui vivent de cette activité d'extraction et de tri dans les décharges, on estime qu'à Mumbai, quelque 100 000 personnes, au moins, en vivent. Les matériaux recyclables (papier, carton, verre, etc.) sont revendus à des grossistes.
• Dharavi, capitale de la débrouillardise informelle
Le bidonville de Dharavi compte à lui seul plus de 1 400 unités de recyclage, toutes informelles. Mais là ne s'arrête pas son dynamisme économique. Dharavi se distingue par la forte activité informelle qui s’y déploie, tant dans la petite industrie que dans l’artisanat. De nombreux artisans venus des quatre coins de l'Inde pauvre y cohabitent et y travaillent : potiers, tisserands, menuisiers, brodeurs, fabricants de savons, de sacs et de bougies font vivre près de 5 000 unités industrielles dont le chiffre d’affaire global est évalué à 400 millions d’euros et dont la production est vendue sur les marchés du pays ou bien, pour ceux qui ont le plus de chance, s'exporte dans le monde entier.
• Une source de revenus pour les habitants des bidonvilles
Le secteur informel est la principale source de revenus pour les habitants des rues ou des bidonvilles. C'est, par exemple, le secteur informel qui se charge de ramasser et de recycler une part non négligeable des déchets qui ne sont pas pris en charge par la municipalité. En dépit des risques sanitaires et physiques encourus par ceux qui vivent de cette activité d'extraction et de tri dans les décharges, on estime qu'à Mumbai, quelque 100 000 personnes, au moins, en vivent. Les matériaux recyclables (papier, carton, verre, etc.) sont revendus à des grossistes.
• Dharavi, capitale de la débrouillardise informelle
Le bidonville de Dharavi compte à lui seul plus de 1 400 unités de recyclage, toutes informelles. Mais là ne s'arrête pas son dynamisme économique. Dharavi se distingue par la forte activité informelle qui s’y déploie, tant dans la petite industrie que dans l’artisanat. De nombreux artisans venus des quatre coins de l'Inde pauvre y cohabitent et y travaillent : potiers, tisserands, menuisiers, brodeurs, fabricants de savons, de sacs et de bougies font vivre près de 5 000 unités industrielles dont le chiffre d’affaire global est évalué à 400 millions d’euros et dont la production est vendue sur les marchés du pays ou bien, pour ceux qui ont le plus de chance, s'exporte dans le monde entier.
L'essentiel
Mumbai est une mégalopole
surpeuplée, moderne, certes, riche et
industrialisée, mais dont la moitié de la
population vit dans des bidonvilles avec des conditions
d'hygiène et de confort très
éloignées de celles des classes moyennes
aisées (accès à l'eau très
limité, manque d'électricité, pas de
ramassage d'ordures). Dharavi, où Danny Boyle a
tourné son film Slumdog Millionaire, est le
plus grand bidonville de Bombay, mais également
le plus grand d'Asie. Les autorités municipales
gèrent très mal les problèmes
d'extrême pollution qui pèsent sur la ville,
l'hygiène déplorable et les embouteillages qui
la paralysent. Dans les quartiers d'habitat
précaire, le secteur informel permet à des
millions d'hommes et de femmes d'avoir un emploi qui leur
permet de survivre.
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