Le jeans, un produit mondialisé
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Des mineurs et des pionniers de l'Amérique du
19e siècle aux stylistes des années
2000, en passant par les pattes d'éléphants des
hippies, le jeans est devenu
le vêtement culte de nombreuses
générations. Il constitue aujourd'hui un bien
de consommation courante dont on estime qu'il possède
toutes les caractéristiques d'un produit
mondialisé.
Problématique : En quoi peut-on affirmer que sa production se fait selon un système global et non local ou régional ? Cette intégration dans un processus de mondialisation est-elle ancienne ou récente ? Tout ceux qui participent à l'aventure industrielle et commerciale d'un jeans en tirent-ils un bénéfice identique ? Enfin, quelles sont les conséquences sociales et environnementales de cette production mondialisée du jeans?
Problématique : En quoi peut-on affirmer que sa production se fait selon un système global et non local ou régional ? Cette intégration dans un processus de mondialisation est-elle ancienne ou récente ? Tout ceux qui participent à l'aventure industrielle et commerciale d'un jeans en tirent-ils un bénéfice identique ? Enfin, quelles sont les conséquences sociales et environnementales de cette production mondialisée du jeans?
1. Un produit textile migrateur
a. Une histoire qui commence aux États-Unis
L'aventure du jeans a vraisemblablement commencé
avant l'arrivée aux États-Unis de
Levi Strauss, mais la
légende n'a finalement retenu que lui. À
l'époque de la ruée vers l'or, ce jeune
émigré bavarois était marchand de
grosses toiles de tentes et de bâches pour les
chariots. La légende veut qu'en
1853, il aie eu l'idée de
découper un pantalon dans une toile de tente
brune pour des bûcherons, qui se
révéla extrêmement fonctionnel et
solide. Un vêtement de travail était
né.
En 1860, Levi Strauss remplaça la toile de tente par de la toile bleue, un tissu denim, acheté en France et coloré par de l’indigo. Le pantalon fut très vite adopté, pour son côté pratique, par de nombreux travailleurs : fermiers, mineurs, cowboys, ouvriers de construction des voies ferrées, etc. En 1871, Levi Strauss déposa avec le tailleur Jacob Davis le brevet du denim (jeans), valable pour 20 ans. Deux décennies plus tard, quelques enseignes américaines se sentirent autorisées à en fabriquer et à en vendre. L'aventure du jeans, encore localisée aux États-Unis, venait vraiment de commencer.
En 1860, Levi Strauss remplaça la toile de tente par de la toile bleue, un tissu denim, acheté en France et coloré par de l’indigo. Le pantalon fut très vite adopté, pour son côté pratique, par de nombreux travailleurs : fermiers, mineurs, cowboys, ouvriers de construction des voies ferrées, etc. En 1871, Levi Strauss déposa avec le tailleur Jacob Davis le brevet du denim (jeans), valable pour 20 ans. Deux décennies plus tard, quelques enseignes américaines se sentirent autorisées à en fabriquer et à en vendre. L'aventure du jeans, encore localisée aux États-Unis, venait vraiment de commencer.
![]() |
Doc. Panneau publicitaire des pantalons Levi's (Levi Strauss) de 1880. Cette publicité a été posée à l'entrée d'une mine |
b. Une histoire qui s'étend, en quelques
décennies, au reste du monde
• Des Etats-Unis à
l'Europe
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le jeans franchit l'Atlantique, au même titre que le Jazz et le chewing gum. Depuis, avec des périodes plus ou moins fastes, le jeans a traversé et marqué générations et cultures occidentales et la production, ainsi que la consommation de cet article de mode longtemps emblématique de l'American Way of life, se sont largement mondialisées.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le jeans franchit l'Atlantique, au même titre que le Jazz et le chewing gum. Depuis, avec des périodes plus ou moins fastes, le jeans a traversé et marqué générations et cultures occidentales et la production, ainsi que la consommation de cet article de mode longtemps emblématique de l'American Way of life, se sont largement mondialisées.
• Le boom des années 70
Le marché européen a été le premier à s'ouvrir à la mode du jeans. À la fois par importation des créations américaines et dans le même temps avec la naissance des marques européennes. Les années 70 furent une période particulièrement propice aux ventes de jeans en Europe qui augmentèrent de 300 % entre 1970 et 1976.
• Un secteur rendu plus aléatoire par la mondialisation
Depuis les années 90, le contexte de mondialisation économique, fait que les entreprises occidentales se voient contraintes de s’adapter aux mutations du marché et d’anticiper de nouvelles tendances. Les marchés asiatiques (Japon et Chine en premier lieu), sud-américains, australiens et africains se sont ouverts à la pénétration du jeans sur leurs marchés intérieurs. Depuis la fin des années 1990, les pays émergents du Sud (Brésil, Chine, Inde) constituent l'objet de toutes les attentions des moyennes et grandes enseignes occidentales. En effet, le marché du jeans étant saturé dans les pays riches du Nord, elles tentent de séduire davantage que par le passé leurs consommateurs.
c. Un produit qui rapporte beaucoup d'argent
Le jeans est un marché qui fluctue mais qui,
globalement, se porte plutôt bien et
génère d'importants
bénéfices. 60 jeans se vendent chaque
seconde dans le monde. En 2007, le marché
mondial de ce pantalon frôlait les 35 milliards d'euros de vente. La
même année, la France comptabilisait 88
millions de jeans vendus. La vente de jeans
représente à elle seule 40 % du chiffre
d'affaire du groupe Diesel qui produit pourtant
également d'autres vêtements, des bijoux,
de la bagagerie, des chaussures, du parfum et des
accessoires.
2. Le jeans, symbole d'une industrie textile
mondialisée
Le jeans est un pantalon issu d'un procédé
de fabrication simple, mais qui associe aujourd'hui un
grand nombre de pays entre eux.
a. Les matières premières
Le coton employé pour fabriquer la toile
de jeans est cultivé au Bénin
(Afrique) et en Ouzbékistan (Asie). Le
délavage des jeans (ou blanchiment), s'effectue
en frottant la toile contre des pierres ponces
provenant des volcans turcs. Le zinc et le
cuivre, nécessaires à la fabrication du
laiton (employé pour produire les boutons et les
rivets produits en Allemagne) proviennent en grande
partie de la Namibie (Afrique).
b. La collaboration Sud/Nord, Nord/Sud
nécessaire à la fabrication
Le jeans est un vêtement voyageur car, tout au
long des étapes de sa fabrication, il traverse
des pays, voire des continents. On estime que pour
certains, ces étapes mises bout en bout en
termes kilométriques parviendraient à
parcourir une fois et demie le tour de la
planète (soit 65 000 kilomètres
!). Le coton peut être filé en Turquie ou
en Chine et teint en Bulgarie, la toile peut
être tissée à Taïwan, les
jeans assemblés en Tunisie,
délavés en Turquie ou au Bangladesh par
exemple.
c. Le Sud confectionne les jeans portés par
le Nord
En 2008, Xintang,
ville chinoise considérée depuis peu par
certains comme l'une des « capitales mondiales du
jeans », a produit en 2008 plus de 260 millions
de jeans. À elle seule, elle assure 40 % des
jeans vendus aux États-Unis. La concurrence
sur le marché du jeans est rude. C'est l'une des
corollaires de la mondialisation. Dans ce contexte,
depuis les années 1990, les fabricants cherchent
à réduire les coûts de revient de
leurs productions en délocalisant une partie de
leurs activités (fabrication des toiles,
teinture, découpe et assemblage...).
Le secteur de l'habillement, auquel appartient le jeans, a été le premier à abandonner progressivement la production proprement dite du jeans au profit d'entreprises de sous-traitances appartenant à des pays du Sud, plus souple en terme de salaires et plus intéressantes sur le plan fiscal. Les marques continuent cependant de s'occuper de la création des modèles, du design, de la publicité et de tout ce qui nécessite du savoir-faire, induit une forte valeur-ajoutée au produit et implique une rémunération confortable.
Le secteur de l'habillement, auquel appartient le jeans, a été le premier à abandonner progressivement la production proprement dite du jeans au profit d'entreprises de sous-traitances appartenant à des pays du Sud, plus souple en terme de salaires et plus intéressantes sur le plan fiscal. Les marques continuent cependant de s'occuper de la création des modèles, du design, de la publicité et de tout ce qui nécessite du savoir-faire, induit une forte valeur-ajoutée au produit et implique une rémunération confortable.
3. Conséquences de cette production
mondialisée
a. Des conséquences sociales
• Le chômage au
Nord
En 2004, le groupe espagnol Lois a choisi de délocaliser ses usines au Maroc, un pays attractif sur le plan fiscal, en terme de coût de main d'œuvre et de proximité avec les marchés de l'Union européenne. Les délocalisations d'usines des pays du Nord pour certains pays en développement ont eu des conséquences négatives en mettant des milliers d'ouvriers occidentaux au chômage.
• Des ouvriers exploités au Sud
Lorsque des entreprises, moyennes ou grosses, délocalisent leur production, elles s'intéressent rarement au fait que, dans les ateliers ou dans les usines avec lesquels elles ont passé des contrats, les règles de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) ne sont guère appliquées en terme de droit du travail. Les ouvriers ne sont pas toujours déclarés, les cadences peuvent être infernales, le nombre d'heures travaillées est largement supérieur à ce qui est autorisé, les salaires à peine suffisants pour vivre... Dans une zone franche installée au Nicaragua (maquiladora), la part de ce que représente le salaire des ouvriers dans le prix de vente d'un jeans est à peine de 1,5 %. Ce sont les études de marché et les campagnes de publicité qui ont la part la plus importante du prix de vente d'un jeans.
• Des conditions de travail qui posent problème au Sud
Les conditions de travail dans ces entreprises peuvent être extrêmement pénibles, voire dangereuses. Les ouvriers qui travaillent à la teinture des toiles ou à leur blanchiment subissent, sans en être protégés, les effets des produits polluants employés. Au Bangladesh et en Turquie, des usines produisent depuis 20 ans pour le marché européen, des jeans qui sont délavés par sablage. Aujourd'hui, des milliers d'ouvriers sont atteints d'une maladie incurable des poumons, la silicose, et on compte une quarantaine de morts à Istanbul.
La méthode du sablage, peu coûteuse, est dangereuse. Elle est interdite dans l'Union européenne. Les multinationales de la mode, qu'elles soient européennes ou américaines qui délocalisaient la fabrication de leurs jeans n'étaient pas tenues de faire respecter cette interdiction puisqu'elles ne concernaient pas légalement les pays ateliers du Sud qui travaillaient pour elles. 95 % des employés n'étaient pas déclarés par leurs employeurs, ils ne pourront donc jamais être indemnisés.
En 2004, le groupe espagnol Lois a choisi de délocaliser ses usines au Maroc, un pays attractif sur le plan fiscal, en terme de coût de main d'œuvre et de proximité avec les marchés de l'Union européenne. Les délocalisations d'usines des pays du Nord pour certains pays en développement ont eu des conséquences négatives en mettant des milliers d'ouvriers occidentaux au chômage.
• Des ouvriers exploités au Sud
Lorsque des entreprises, moyennes ou grosses, délocalisent leur production, elles s'intéressent rarement au fait que, dans les ateliers ou dans les usines avec lesquels elles ont passé des contrats, les règles de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) ne sont guère appliquées en terme de droit du travail. Les ouvriers ne sont pas toujours déclarés, les cadences peuvent être infernales, le nombre d'heures travaillées est largement supérieur à ce qui est autorisé, les salaires à peine suffisants pour vivre... Dans une zone franche installée au Nicaragua (maquiladora), la part de ce que représente le salaire des ouvriers dans le prix de vente d'un jeans est à peine de 1,5 %. Ce sont les études de marché et les campagnes de publicité qui ont la part la plus importante du prix de vente d'un jeans.
• Des conditions de travail qui posent problème au Sud
Les conditions de travail dans ces entreprises peuvent être extrêmement pénibles, voire dangereuses. Les ouvriers qui travaillent à la teinture des toiles ou à leur blanchiment subissent, sans en être protégés, les effets des produits polluants employés. Au Bangladesh et en Turquie, des usines produisent depuis 20 ans pour le marché européen, des jeans qui sont délavés par sablage. Aujourd'hui, des milliers d'ouvriers sont atteints d'une maladie incurable des poumons, la silicose, et on compte une quarantaine de morts à Istanbul.
La méthode du sablage, peu coûteuse, est dangereuse. Elle est interdite dans l'Union européenne. Les multinationales de la mode, qu'elles soient européennes ou américaines qui délocalisaient la fabrication de leurs jeans n'étaient pas tenues de faire respecter cette interdiction puisqu'elles ne concernaient pas légalement les pays ateliers du Sud qui travaillaient pour elles. 95 % des employés n'étaient pas déclarés par leurs employeurs, ils ne pourront donc jamais être indemnisés.
b. Des conséquences environnementales
Porté et fabriqué sur tous les
continents, le jeans est devenu un produit de
consommation incontournable dont la fabrication a, par
endroits, un impact lourd sur
l'environnement. Qu'il s'agisse de la teinture, du
sablage ou du blanchiment de sa toile, il
nécessite d'importantes quantités d'eau,
de métaux lourds et de produits chimiques.
À Zhongshan, dans le sud-est de la Chine,
le delta de la rivière des perles, est, selon un
rapport de Greenpeace, extrêmement
pollué par l'industrie du jeans locale
qui exporte dans ses eaux de grandes quantités
de polluants aussi divers que dangereux (du cadmium, du
chrome, du mercure, du plomb et du cuivre ainsi que des
produits chimiques), en quantités largement
supérieures aux normes autorisées dans le
pays.
Les habitants de la ville ainsi que les travailleurs migrants qui fabriquent les jeans dans les usines sont exposés à la pollution chimique sur leurs lieux de travail autant que dans leurs maisons qui bordent des cours d'eau extrêmement pollués. La terre, trop imprégnée par de produits toxiques, n'est plus bonne pour l'agriculture et rien ne pousse à des kilomètres à la ronde.
Les habitants de la ville ainsi que les travailleurs migrants qui fabriquent les jeans dans les usines sont exposés à la pollution chimique sur leurs lieux de travail autant que dans leurs maisons qui bordent des cours d'eau extrêmement pollués. La terre, trop imprégnée par de produits toxiques, n'est plus bonne pour l'agriculture et rien ne pousse à des kilomètres à la ronde.
L'essentiel
Inventé au 19e
siècle aux États-Unis,
le jeans est devenu
le vêtement culte de nombreuses
générations. Il est, depuis des
décennies, un bien de consommation courante qui se
vend et se porte dans le monde entier. Aujourd'hui, il
constitue un exemple parfait de produit mondialisé.
Les pièces, les teintures, les outils
nécessaires à sa fabrication sont
élaborés dans le monde entier. Son
tissage, son assemblage, son sablage se font
à différents endroits, du Nord et du Sud,
parfois distants de milliers de kilomètres.
Depuis les années 1980 en effet, la fabrication du jeans est délocalisée dans les pays en développement ou émergents dans lesquels la main d'œuvre est moins chère et les taxes moins élevées. Les effets de cette division internationale du travail se font sentir dans les pays du Nord, qui ferment une partie de leurs usines, et dans le Sud où des ouvriers bénéficient d'un emploi mais travaillent parfois dans des conditions pénibles, parfois dangereuses et fréquemment peu respectueuses du droit du travail. Une fois terminés, les jeans sont transportés, en mode multimodal, jusque dans les pays où ils seront vendus.
Depuis les années 1980 en effet, la fabrication du jeans est délocalisée dans les pays en développement ou émergents dans lesquels la main d'œuvre est moins chère et les taxes moins élevées. Les effets de cette division internationale du travail se font sentir dans les pays du Nord, qui ferment une partie de leurs usines, et dans le Sud où des ouvriers bénéficient d'un emploi mais travaillent parfois dans des conditions pénibles, parfois dangereuses et fréquemment peu respectueuses du droit du travail. Une fois terminés, les jeans sont transportés, en mode multimodal, jusque dans les pays où ils seront vendus.
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