Les États-Unis : une puissance isolationniste (1918-1942)
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Objectif :
Cette tension entre deux aspirations, l’isolationnisme et
l’universalisme,
explique l’attitude des États-Unis au
20e siècle. Les événements
historiques et le poids politique, militaire et surtout
économique des États-Unis vont obliger le pays
à trancher. Ainsi, tout au long de ce siècle,
ils vont hésiter entre leur vocation à assumer
leur « Destinée manifeste » et leur
aspiration à un relatif isolationnisme.
C’est l’histoire de cette tension que nous allons interroger en étudiant les relations des États-Unis et du monde depuis 1918.
Isolationnisme : Attitude d'un pays qui se refuse à participer aux affaires internationales.
Universalisme : Vision des problèmes politiques sous un angle universel.
(Dictionnaire Hachette, éd. 2011)
C’est l’histoire de cette tension que nous allons interroger en étudiant les relations des États-Unis et du monde depuis 1918.
Isolationnisme : Attitude d'un pays qui se refuse à participer aux affaires internationales.
Universalisme : Vision des problèmes politiques sous un angle universel.
(Dictionnaire Hachette, éd. 2011)
Par tradition isolationniste,
les États-Unis n’interviennent pas dans le conflit
qui éclate en Europe en 1914. Rapidement, toutefois, ils
ne peuvent s’en tenir à cette neutralité
:
• Pour des raisons historiques et culturelles
Les États-Unis sont des alliés proches de l’Angleterre, leur ancien colon, et demeurent très attachés à la France qui est justement intervenue militairement au 18e siècle pour soutenir la révolution américaine contre l’occupant britannique.
• Pour des raisons de circonstances
La guerre sous-marine lancée par l’Allemagne perturbe le commerce mondial et affecte les États-Unis (128 Américains meurent lors du naufrage du paquebot anglais Lusitania, coulé en 1915 par les Allemands)
• Pour des raisons de sécurité
En février 1917, l’Allemagne propose au Mexique d’entrer en guerre contre les États-Unis. Le 6 avril 1917, les États-Unis entrent en guerre à leur tour. Cet évènement est décisif pour la victoire de la Triple Entente. Il marque aussi l’entrée des États-Unis dans le cercle des grandes puissances mondiales.
• Pour des raisons historiques et culturelles
Les États-Unis sont des alliés proches de l’Angleterre, leur ancien colon, et demeurent très attachés à la France qui est justement intervenue militairement au 18e siècle pour soutenir la révolution américaine contre l’occupant britannique.
• Pour des raisons de circonstances
La guerre sous-marine lancée par l’Allemagne perturbe le commerce mondial et affecte les États-Unis (128 Américains meurent lors du naufrage du paquebot anglais Lusitania, coulé en 1915 par les Allemands)
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Doc. 1. Le naufrage du « Lusitania » le 7 Mai 1915 sur les côtes irlandaises, causé par un sous-marin allemand |
• Pour des raisons de sécurité
En février 1917, l’Allemagne propose au Mexique d’entrer en guerre contre les États-Unis. Le 6 avril 1917, les États-Unis entrent en guerre à leur tour. Cet évènement est décisif pour la victoire de la Triple Entente. Il marque aussi l’entrée des États-Unis dans le cercle des grandes puissances mondiales.
1. Les États-Unis en guerre
Malgré leurs réticences, les
États-Unis entrent en guerre et deviennent une
grande puissance dans
l’entre-deux-guerres.
a. Une guerre engagée pour la paix
Les États-Unis entrent en guerre en 1917, comme
« associé » de la Triple Entente. Ils
refusent toutefois le statut d’allié.
Le but du Président Wilson n’est, en effet,
pas de vaincre l’Allemagne au profit de la France
ou de l’Angleterre, mais de vaincre
l’Allemagne pour rétablir une paix durable
fondée sur le concept de sécurité
collective et s’appuyant sur un programme de 14 points
qu’il présente en janvier 1918.
Sécurité collective : organisation des relations internationales reposant sur le droit international et l’arbitrage plutôt que sur les alliances militaires et les accords diplomatiques secrets.
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Doc. 2. Portrait de Thomas Woodrow Wilson (1856-1924), president des États Unis d'Amerique. |
Sécurité collective : organisation des relations internationales reposant sur le droit international et l’arbitrage plutôt que sur les alliances militaires et les accords diplomatiques secrets.
b. Un effort de guerre sans précédent
Les États-Unis se mobilisent massivement. Ils
mettent notamment en œuvre une propagande
sans relâche pour convaincre une
société américaine très
réticente du bien-fondé de
l’intervention américaine.
L’économie américaine se mobilise aussi par la production de matériel militaire. L’établissement de la conscription permet l’envoi de plus de deux millions de soldats et compense largement le retrait de la Russie du conflit.
L’économie américaine se mobilise aussi par la production de matériel militaire. L’établissement de la conscription permet l’envoi de plus de deux millions de soldats et compense largement le retrait de la Russie du conflit.
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Doc. 3. Première Guerre mondiale (1914-1918) : débarquement des troupes américaines en France le 26 juin 1917 |
c. Un partenaire incontournable pour faire la paix
Le Président
Wilson est le premier président
américain à se rendre en Europe où
son « plan en 14 points » est bien accueilli
et la création de la SDN (Société des
Nations) qui en découle semble en assurer les
principes.
Le Président Wilson essaie de jouer un rôle dans le règlement du conflit en insistant sur la nécessité pour les vainqueurs de ne pas abuser de la situation. Cependant, cette requête n’est pas ou peu entendue, notamment par les Français dont la position se résume à « L’Allemagne paiera ! ».
Le Président Wilson essaie de jouer un rôle dans le règlement du conflit en insistant sur la nécessité pour les vainqueurs de ne pas abuser de la situation. Cependant, cette requête n’est pas ou peu entendue, notamment par les Français dont la position se résume à « L’Allemagne paiera ! ».
2. Une puissance isolationniste
a. L’échec de Wilson
Si la doctrine de Wilson est bien accueillie en Europe,
elle est rejetée aux États-Unis.
Théodore
Roosevelt, ancien Président des
États-Unis, la rejette au nom de
l’isolationnisme. En 1920, le Sénat
américain refuse de ratifier le Traité de Versailles à
cause du préambule mentionnant la création
de la SDN. Les démocrates sont battus aux
élections présidentielles. Le «
wilsonisme » est mis en échec.
b. Un pays fondamentalement isolationniste
Le Président
Harding est élu en novembre
1921 sur le
thème du « retour à la normale
», c’est-à-dire du retour à
une politique isolationniste. Les États-Unis ne
siègent pas à la SDN.
L’opinion publique américaine est à l’unisson. En 1921 et 1924, on vote des lois restreignant l’immigration. De plus, l'idéologie nativiste demeurant très répandue dans l’opinion publique américaine combat tout ce qui n’est pas conforme aux « valeurs américaines ».
À l’extérieur de leur pays, les Américains veulent défendre leurs intérêts mais sans s’engager dans une alliance contraignante. Ils maintiennent cependant leur influence en Amérique Latine qu’ils considèrent essentielle pour assurer leur sécurité.
L’opinion publique américaine est à l’unisson. En 1921 et 1924, on vote des lois restreignant l’immigration. De plus, l'idéologie nativiste demeurant très répandue dans l’opinion publique américaine combat tout ce qui n’est pas conforme aux « valeurs américaines ».
À l’extérieur de leur pays, les Américains veulent défendre leurs intérêts mais sans s’engager dans une alliance contraignante. Ils maintiennent cependant leur influence en Amérique Latine qu’ils considèrent essentielle pour assurer leur sécurité.
c. Une diplomatie prudente
Les États-Unis adoptent une politique prudente,
fondée sur l’absence de contrainte
vis-à-vis des autres pays. Ainsi, en 1928, le Secrétaire
d’État Fernand
B.Kellogg signe un pacte condamnant la
guerre. 57 pays signent ce document dont la France,
par la plume d’Aristide
Briand.
Dans les années 1930, cette prudence se poursuit en dépit de l’élection du démocrate Franklin D.Roosevelt en 1932. Les États-Unis ne condamnent que moralement l’agression japonaise en Chine, reconnaissent l’URSS en 1933, promulguent une loi de neutralité en 1935, 1936 et 1937 et développent une politique de « bon voisinage » en Amérique Latine. Les États-Unis usent aussi de leur puissance pour essayer de rééquilibrer les conditions draconiennes imposées par le Traité de Versailles : les plans Dawes (1924) et Young (1929) imposent ainsi l’allègement des réparations allemandes.
Dans les années 1930, cette prudence se poursuit en dépit de l’élection du démocrate Franklin D.Roosevelt en 1932. Les États-Unis ne condamnent que moralement l’agression japonaise en Chine, reconnaissent l’URSS en 1933, promulguent une loi de neutralité en 1935, 1936 et 1937 et développent une politique de « bon voisinage » en Amérique Latine. Les États-Unis usent aussi de leur puissance pour essayer de rééquilibrer les conditions draconiennes imposées par le Traité de Versailles : les plans Dawes (1924) et Young (1929) imposent ainsi l’allègement des réparations allemandes.
3. Une puissance de fait
La puissance économique américaine concourt
de fait à la puissance américaine
globale.
a. La diplomatie du dollar
Le dollar est la seule
monnaie convertible en or en 1918. Il concurrence ainsi
la Livre Sterling. Les États-Unis
deviennent alors le créancier de
l’Europe. C’est ainsi qu’ils
imposent les plans Dawes et
Young aux Européens qui, Allemagne
exceptée, y sont hostiles. En 1929, les Américains
possèdent 60 % du stock d’or
mondial.
b. Le poids des États-Unis dans
l’économie mondiale
La guerre de
1914-1918 a
entériné un bouleversement
économique majeur : les États-Unis
deviennent la première économie mondiale
devant le Royaume-Uni. Ils représentent, en
1929, 16 % du commerce mondial :
- Protectionnistes en ce qui concerne les importations, les États-Unis investissent massivement à l’extérieur, notamment au Moyen Orient où les compagnies pétrolières américaines s’implantent durablement.
- Un krach boursier touche Wall Street en octobre 1929. Les États-Unis relèvent alors leurs barrières douanières et rapatrient leurs capitaux. Ce retour des capitaux aux États-Unis, plonge de nombreux pays dans la crise à leur tour, ce qui montre le poids de cet État dans l’économie mondiale.
- Dans les années 1930, les Américains sortent de la crise par le New Deal, une politique axée sur la stimulation du marché intérieur plutôt que sur le commerce international.
- Protectionnistes en ce qui concerne les importations, les États-Unis investissent massivement à l’extérieur, notamment au Moyen Orient où les compagnies pétrolières américaines s’implantent durablement.
- Un krach boursier touche Wall Street en octobre 1929. Les États-Unis relèvent alors leurs barrières douanières et rapatrient leurs capitaux. Ce retour des capitaux aux États-Unis, plonge de nombreux pays dans la crise à leur tour, ce qui montre le poids de cet État dans l’économie mondiale.
- Dans les années 1930, les Américains sortent de la crise par le New Deal, une politique axée sur la stimulation du marché intérieur plutôt que sur le commerce international.
c. Les débuts du modèle
américain
- L’influence américaine dépasse, de
loin, sa seule puissance politique et économique.
Les États-Unis deviennent un modèle de
modernité aux yeux des Européens, mais
aussi le pays du progrès technique et de la
culture de masse.
- Les films américains mettent en scène cette modernité (le travail à la chaîne dans Les Temps Modernes de Charlie Chaplin) ; dès les années 1920-1930, les Européens sont à la fois fascinés et inquiets du développement de cette culture de masse et des grandes villes américaines (Céline dans Le Voyage au Bout de la nuit).
- Les films américains mettent en scène cette modernité (le travail à la chaîne dans Les Temps Modernes de Charlie Chaplin) ; dès les années 1920-1930, les Européens sont à la fois fascinés et inquiets du développement de cette culture de masse et des grandes villes américaines (Céline dans Le Voyage au Bout de la nuit).
L'essentiel
Traditionnellement isolationnistes, plusieurs
évènements ont propulsé les
États-Unis sur le devant de la scène mondiale,
jusqu'au titre de «grande puissance mondiale»
acquis en avril 1917, lorsqu'ils entrent en guerre contre
l'Allemagne.
Le Président Wilson, motivé à ouvrir cet État au reste du monde, met l'emphase sur la sécurité collective et présente son «Programme de 14 points» à l'Europe. Au même moment, les États-Unis investissent dans le matériel militaire ; tout ceci prouve l'ambition des États-Unis à donner plus d'importance à l'universalisme.
En revanche, les Présidents Roosevelt et Harding, plus réservés, marquent le retour à l'isolationnisme, à la prudence et au repli sur soi en prônant les valeurs américaines.
Les États-Unis se voient, peut-être contre leur gré, propulsés à nouveau sur la scène mondiale. Le statut du dollar sur le plan économique (mondial), le met en concurrence direct avec la Livre sterling. Le poids du dollar (seule monnaie convertible en or en 1918) permet aux États-Unis de devancer le Royaume-Uni et d'atteindre le niveau de première économie mondiale lors de la guerre de 1914-1918.
Peu à peu, les États-Unis deviennent un modèle de modernité, de progrès techniques et de culture de masse (cinéma, musique, etc.) aux yeux du monde entier. De ce fait, ils se voient pratiquer l'universalisme contrairement à l'isolationnisme annoncé par certains de ses présidents.
Le Président Wilson, motivé à ouvrir cet État au reste du monde, met l'emphase sur la sécurité collective et présente son «Programme de 14 points» à l'Europe. Au même moment, les États-Unis investissent dans le matériel militaire ; tout ceci prouve l'ambition des États-Unis à donner plus d'importance à l'universalisme.
En revanche, les Présidents Roosevelt et Harding, plus réservés, marquent le retour à l'isolationnisme, à la prudence et au repli sur soi en prônant les valeurs américaines.
Les États-Unis se voient, peut-être contre leur gré, propulsés à nouveau sur la scène mondiale. Le statut du dollar sur le plan économique (mondial), le met en concurrence direct avec la Livre sterling. Le poids du dollar (seule monnaie convertible en or en 1918) permet aux États-Unis de devancer le Royaume-Uni et d'atteindre le niveau de première économie mondiale lors de la guerre de 1914-1918.
Peu à peu, les États-Unis deviennent un modèle de modernité, de progrès techniques et de culture de masse (cinéma, musique, etc.) aux yeux du monde entier. De ce fait, ils se voient pratiquer l'universalisme contrairement à l'isolationnisme annoncé par certains de ses présidents.
Références
- Dorel G., Atlas de l’Empire américain,
éd. Autrement, 2006
- Goussot M. Les États-Unis, La Documentation photographique, mars-Avril 2007
- Melandri P., Histoire des États-Unis contemporains, A. Versaille éditeur, 2008
- Portes J., Histoire et Cinéma aux États-Unis, La Documentation photographique, n° 8028, 2002
- « Géopolitique des États-Unis, la fin de l’empire américain ? », Diplomatie, les grands dossiers, n° 3, juin-juillet 2011
- Goussot M. Les États-Unis, La Documentation photographique, mars-Avril 2007
- Melandri P., Histoire des États-Unis contemporains, A. Versaille éditeur, 2008
- Portes J., Histoire et Cinéma aux États-Unis, La Documentation photographique, n° 8028, 2002
- « Géopolitique des États-Unis, la fin de l’empire américain ? », Diplomatie, les grands dossiers, n° 3, juin-juillet 2011
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