La naissance de l'idée d'Europe politique (1948-1956)
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L’Europe naît d’un double contexte
:
- La fin de la Seconde Guerre Mondiale qui pousse des pays d’Europe affaiblis par deux conflits à trouver une solution durable pour maintenir la paix ;
- les débuts de la Guerre froide qui pousse les pays d’Europe occidentale à se ranger derrière les États-Unis et à s’unir pour assurer leur sécurité militaire.
Cependant, Europe est aussi le fruit d’une longue réflexion. Dès le 19e siècle, des penseurs théorisent l’idée d’une fédération des États européens, envisagée comme un moyen d’éviter les guerres fratricides entre peuples d’Europe. Cette réflexion prend même l’allure d’un projet d’États-Unis d’Europe dans les années 1930 sous l’égide d’Aristide Briand.
Si l’idée d’Europe a cheminé, elle s’est heurtée à deux obstacles majeurs :
- Les réticences des populations à partager leur souveraineté nationale avec d’autres nations ;
- Le contenu même de cette Europe et sa forme : pour certains, elle devait rester une union économique, pour d’autres une union plus ou moins contraignante, pour d’autres enfin, elle devait être un projet politique.
Problématique : Quelles ont été les avancées et les reculs de ce projet d'Europe ? Qu’en est-il aujourd’hui alors que la crise de l’euro incite certains dirigeants à prôner une union renforcée ?
- La fin de la Seconde Guerre Mondiale qui pousse des pays d’Europe affaiblis par deux conflits à trouver une solution durable pour maintenir la paix ;
- les débuts de la Guerre froide qui pousse les pays d’Europe occidentale à se ranger derrière les États-Unis et à s’unir pour assurer leur sécurité militaire.
Cependant, Europe est aussi le fruit d’une longue réflexion. Dès le 19e siècle, des penseurs théorisent l’idée d’une fédération des États européens, envisagée comme un moyen d’éviter les guerres fratricides entre peuples d’Europe. Cette réflexion prend même l’allure d’un projet d’États-Unis d’Europe dans les années 1930 sous l’égide d’Aristide Briand.
Si l’idée d’Europe a cheminé, elle s’est heurtée à deux obstacles majeurs :
- Les réticences des populations à partager leur souveraineté nationale avec d’autres nations ;
- Le contenu même de cette Europe et sa forme : pour certains, elle devait rester une union économique, pour d’autres une union plus ou moins contraignante, pour d’autres enfin, elle devait être un projet politique.
Problématique : Quelles ont été les avancées et les reculs de ce projet d'Europe ? Qu’en est-il aujourd’hui alors que la crise de l’euro incite certains dirigeants à prôner une union renforcée ?
1. Le Congrès de La Haye, un espoir
déçu
Le Congrès de La
Haye, aux Pays-Bas, marque
l’apogée de l’effervescence
pro-européenne de l’immédiate
après-guerre. Il réunit 800
délégués de 18 pays sous la
présidence de Winston
Churchill. C’est à la fois un point
de départ, un point de rupture et un échec en
pratique.
a. Aux origines de l’Europe politique,
plusieurs visions, plusieurs projets
Les européistes, réunis en
congrès à La Haye en 1948, partagent tous la
volonté de construire une Europe unie. Les
mouvements démocrates-chrétiens et
sociaux-démocrates sont en grande partie à
l’origine de ce mouvement pro-européen.
Cependant, les divergences s’étalent au
grand jour.
• D’un côté, on trouve des fédéralistes, qui remettent en cause les souverainetés nationales et souhaitent la mise en place d’une Europe supranationale.
• De l’autre, on trouve les unionistes qui prônent une union moins contraignante qui laisserait à chaque État sa souveraineté.
Cette divergence persiste jusqu’à aujourd’hui et marque la grande ligne de fracture entre une vision politique de la construction européenne et une vision plus économique.
• D’un côté, on trouve des fédéralistes, qui remettent en cause les souverainetés nationales et souhaitent la mise en place d’une Europe supranationale.
• De l’autre, on trouve les unionistes qui prônent une union moins contraignante qui laisserait à chaque État sa souveraineté.
Cette divergence persiste jusqu’à aujourd’hui et marque la grande ligne de fracture entre une vision politique de la construction européenne et une vision plus économique.
Européiste : partisan de
l’intégration européenne.
b. Le Congrès de La Haye, réalisations
et limites
Le Congrès de La Haye débouche sur un
« Message aux Européens » qui
définit l’esprit de la construction
européenne à venir.
• Plus concrètement, le Conseil de l’Europe est créé en 1949. C’est la première organisation intergouvernementale créée en Europe. Elle a pour vocation de favoriser la coopération politique, économique et culturelle entre pays européens.
• Parallèlement, le contexte de la Guerre Froide pousse au rapprochement des pays européens occidentaux : le Pacte de Bruxelles de 1948 prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression contre l’un des 5 pays signataires (France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg) ; l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique) est créée en 1948 pour gérer les fonds du Plan Marshall.
Les adversaires au projet d’une union des pays européens sont nombreux :
- Les partis communistes européens sont très hostiles à la construction européenne car ils considèrent que cette construction se fait sous influence américaine ;
- En France, les Gaullistes s’opposent vivement à tout projet de construction européenne qui retirerait une partie de sa souveraineté à la France ;
- Quant au Royaume-Uni, il prône l’Europe unie mais reste à distance, privilégiant son indépendance et ses liens avec le Commonwealth.
• Plus concrètement, le Conseil de l’Europe est créé en 1949. C’est la première organisation intergouvernementale créée en Europe. Elle a pour vocation de favoriser la coopération politique, économique et culturelle entre pays européens.
• Parallèlement, le contexte de la Guerre Froide pousse au rapprochement des pays européens occidentaux : le Pacte de Bruxelles de 1948 prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression contre l’un des 5 pays signataires (France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg) ; l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique) est créée en 1948 pour gérer les fonds du Plan Marshall.
Les adversaires au projet d’une union des pays européens sont nombreux :
- Les partis communistes européens sont très hostiles à la construction européenne car ils considèrent que cette construction se fait sous influence américaine ;
- En France, les Gaullistes s’opposent vivement à tout projet de construction européenne qui retirerait une partie de sa souveraineté à la France ;
- Quant au Royaume-Uni, il prône l’Europe unie mais reste à distance, privilégiant son indépendance et ses liens avec le Commonwealth.
2. Des débuts difficiles
L’enthousiasme de l’immédiate
après-guerre retombe progressivement et les
perspectives d’une union politique
s’éloignent. Deux projets vont relancer
l’idée européenne : la CECA (Communauté
Européenne du Charbon et de l'Acier) et la
CED (Communauté
Européenne de Défense).
a. La CECA, une étape essentielle
Robert Schuman, Ministre
français des affaires étrangères,
veut favoriser le rapprochement franco-allemand et
la reconstruction économique. Il se
rapproche alors de Jean
Monnet, commissaire général au
Plan.
Ensemble, ils proposent le 9 mai 1950 de placer la production franco-allemande d’acier et de charbon sous une autorité supranationale.
L’idée de ce plan est de permettre le rapprochement des pays européens autour de projets moins ambitieux qu’une union politique mais plus concrets.
Cependant, le plan de Robert Schuman et Jean Monnet est critiqué : les fédéralistes le jugent trop timide, les souverainistes estiment qu’il entraînera une perte d’indépendance nationale. Toutefois, la CECA est acceptée par la RFA, l’Italie et les pays du Benelux et instituée par le Traité de Paris en 1951.
Une « Haute Autorité » est mise en place, présidée par Jean Monnet, avec des pouvoirs supranationaux.
On considère que c’est l’acte de naissance de la construction européenne.
![]() |
Doc. 1. Jean Monnet |
Ensemble, ils proposent le 9 mai 1950 de placer la production franco-allemande d’acier et de charbon sous une autorité supranationale.
L’idée de ce plan est de permettre le rapprochement des pays européens autour de projets moins ambitieux qu’une union politique mais plus concrets.
Cependant, le plan de Robert Schuman et Jean Monnet est critiqué : les fédéralistes le jugent trop timide, les souverainistes estiment qu’il entraînera une perte d’indépendance nationale. Toutefois, la CECA est acceptée par la RFA, l’Italie et les pays du Benelux et instituée par le Traité de Paris en 1951.
Une « Haute Autorité » est mise en place, présidée par Jean Monnet, avec des pouvoirs supranationaux.
On considère que c’est l’acte de naissance de la construction européenne.
b. L’échec de la CED
Devant l’aggravation de la Guerre Froide,
les États-Unis poussent à la
reconstitution d’une armée allemande.
Soucieuse d’éviter la renaissance
d’une armée allemande indépendante,
un « Plan Schuman élargi » propose de
créer une défense européenne
intégrant des soldats allemands.
• Ce traité ne se limite pas aux questions militaires mais ouvre la voie dans son article 38 à la création d’une Europe politique « fédérale » ou « confédérale ».
• Le traité instituant la CED est ratifié par les autres pays mais une majorité de députés communistes et gaullistes s’y opposent, refusant le réarmement allemand et ce qu’ils estiment être une perte de souveraineté française. Le 30 août 1954, une majorité de députés repoussent ce texte. Un projet de CPE (Communauté politique européenne) proposé en 1953 est lui aussi abandonné.
C’est un coup d’arrêt très net à l’Europe politique.
• Ce traité ne se limite pas aux questions militaires mais ouvre la voie dans son article 38 à la création d’une Europe politique « fédérale » ou « confédérale ».
• Le traité instituant la CED est ratifié par les autres pays mais une majorité de députés communistes et gaullistes s’y opposent, refusant le réarmement allemand et ce qu’ils estiment être une perte de souveraineté française. Le 30 août 1954, une majorité de députés repoussent ce texte. Un projet de CPE (Communauté politique européenne) proposé en 1953 est lui aussi abandonné.
C’est un coup d’arrêt très net à l’Europe politique.
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Doc. 2. Le masque et le visage de la Communauté Européenne de Défense sous les traits d'Adolf Hitler : projet de 1952 qui prévoyait un réarmement de l'Allemagne et l'intégration de soldats allemands dans le système de défense de l'Europe occidentale |
L'essentiel
Née d’une longue réflexion de penseurs et
de dirigeants européens, mais aussi du contexte de la
Guerre froide et de la reconstruction, la construction de
l’Europe est le fruit d’une
ambiguïté née au Congrès de La
Haye.
Cette ambiguïté oppose les partisans d’une Europe fédéraliste, et donc politique, et les partisans d’une union moins contraignante qui permettrait un rapprochement tout en maintenant intactes les souverainetés nationales.
Ce débat de fond s’efface dès qu’il s’agit de faire avancer l’Europe au plan économique ou culturel. Il ressurgit avec vigueur dès qu’il est question d’union politique ou d’abandon de souveraineté.
C’est la raison pour laquelle les partisans de la construction européenne décident de relancer le processus en s’appuyant sur un projet d’intégration économique, la CEE.
Cette ambiguïté oppose les partisans d’une Europe fédéraliste, et donc politique, et les partisans d’une union moins contraignante qui permettrait un rapprochement tout en maintenant intactes les souverainetés nationales.
Ce débat de fond s’efface dès qu’il s’agit de faire avancer l’Europe au plan économique ou culturel. Il ressurgit avec vigueur dès qu’il est question d’union politique ou d’abandon de souveraineté.
C’est la raison pour laquelle les partisans de la construction européenne décident de relancer le processus en s’appuyant sur un projet d’intégration économique, la CEE.
Références
- Bitsch M.-T., Histoire de la construction
européenne de 1945 à nos jours,
Bruxelles, éd. Complexe, 2008.
- Drevet J.-F., Une Europe en crise ?, Documentation photographique, n°8052,
2006.
- Giacone A., Olivi B., L'Europe difficile : la construction européenne, éd. Gallimard,
coll. Folio Histoire, 2007.
Bruxelles, éd. Complexe, 2008.
- Drevet J.-F., Une Europe en crise ?, Documentation photographique, n°8052,
2006.
- Giacone A., Olivi B., L'Europe difficile : la construction européenne, éd. Gallimard,
coll. Folio Histoire, 2007.
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