Le continent américain peut être
subdivisé en 4 zones géographiques :
- le Nord, qui compte le Canada et les États-Unis
- le Sud, dont font partie l'Amérique centrale,
- les États de la Caraïbe,
- l'Amérique du Sud.
Aux États-Unis, comme en Amérique centrale et en
Amérique latine,
des conflits urbains ont vu le jour
ces dernières décennies, pour des raisons
liées à la pauvreté et à des
écarts de niveau de vie toujours plus importants. En
ce qui concerne les
tensions inter-États, seules
l'Amérique centrale et l'Amérique latine sont
aujourd'hui concernées. Cependant, tout au long du
20
e siècle et aujourd'hui encore, les
États-Unis n'ont jamais cessé de jouer un
rôle dans ces conflits qui secouent
régulièrement certaines régions de cette
moitié du continent.
Pourquoi peut-on dire que le continent américain
constitue un « espace de tensions » ? Et de quelles
tensions s'agit-il précisément ? Ces tensions
ont-elles la capacité de constituer un frein à
l'intégration régionale ?
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Doc. 1. Carte du continent américain
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1. Conflits « d'hier »
a. Les conséquences de la guerre du Pacifique
pour la Bolivie
La guerre du Pacifique (1879-1884) qui a vu
s'affronter la Bolivie, le Pérou et le Chili,
a fait non seulement 20 000 morts, mais a privé
la Bolivie de sa seule province littorale au
bénéfice du Chili. Ayant perdu son
unique accès au Pacifique, la Bolivie s'est
retrouvée enclavée dans les Andes. L'enjeu
de cette région désertique, Atacama,
était qu'elle était riche en
minerais et qu'elle offrait un accès
maritime ainsi que des réserves
halieutiques (= de la pêche) parmi les plus
importantes du monde.
Chaque année, la capitale bolivienne
commémore sa défaite aux cris de «
mort au Chili ! ».
b. 10 ans de conflits en Amérique centrale
L'Amérique centrale a été
plongée dans la guerre civile dans les
années 1980. Dans les années 70, le
Nicaragua, dictature soumise à la famille
Somoza et soutenue par les
États-Unis, était l'un des pays les
plus pauvres du monde. Le Front sandiniste de
libération s'est opposé à la
dictature qui a chuté en 1969. Les Sandinistes ont
tenté de réformer la société
et l'économie du pays. Sous l'influence des
États-Unis, les 4 autres États
d'Amérique centrale estimèrent que la
révolution sandiniste était l'unique
responsable des tous les maux (politiques et
économiques) qui paralysaient la
région. La crise en Amérique centrale
prit fin en 1990 avec la défaite des
Sandinistes. Cependant, des conflits locaux se
prolongent encore au Salvador et au Guatemala.
c. Des conflits frontaliers nombreux : le cas du
Pérou
Entre l'Équateur et le Pérou, les
conflits frontaliers remontent au découpage
territorial effectué lors de la colonisation
espagnole. Mais depuis 1830, les choses
s'étaient envenimées. Il a fallu attendre
les accords de paix d'octobre 1998 pour que le
conflit cesse définitivement avec la
reconnaissance des revendications territoriales
péruviennes.
2. Conflits « d'aujourd'hui »
a. La crise la plus aiguë
Le 1
e mars 2008, une opération
colombienne armée à l'intérieur des
frontières de l'Équateur contre les
FARC (forces armées révolutionnaires
de Colombie, guérilla marxiste) a provoqué
une
grave crise diplomatique. L'ambassadeur
d'Équateur en Colombie a été
rappelé par son gouvernement qui a violemment
protesté contre la violation de la
souveraineté de ses frontières. De plus, le
président
vénézuélien, Hugo Chavez
(gauche radicale) a prévenu qu'une
opération similaire de l'armée colombienne
dans son pays constituerait une cause de guerre et a fait
fermer son ambassade à Bogota.
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Doc. 2. La Colombie et ses armées
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En
novembre 2009, un nouveau regain de tensions dressa
face à face le président Chavez et son
homologue Alvaro Uribe (droite), avec une
nouvelle mobilisation des troupes
vénézuéliennes sur la
frontière avec la Colombie.
Les
États-Unis, comme toujours en Amérique
latine, jouent les seconds rôles dans cette
histoire : c'est la signature d'un accord militaire
permettant à l'armée américaine
d'utiliser 7 bases en Colombie qui a mis le feu aux
poudres.
Le président colombien, lui, reproche
au Venezuela de multiplier les contrats d'armement avec
la Russie. Lorsqu'Hugo Chavez a demandé
à son armée de se préparer
à la guerre, il a riposté en saisissant le
Conseil de sécurité de l'ONU.
b. Querelle entre le Pérou et le Chili
Depuis la perte de l'une de ses provinces lors de la
Guerre du Pacifique (1879-1883), le Pérou
éprouvait du ressentiment envers son vainqueur, le
Chili. Lima a déposé une plainte
devant la Cour pénale internationale de Justice
à propos de ses frontières maritimes.
Aussi, quand est survenue l'annonce d'actions
d'espionnage perpétrées par des militaires
péruviens au profit du Chili en 2009, la tension
était à son comble.
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Doc. 3. Dynamique géographique,
Pérou-Chili
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c. Conséquences de tous ces conflits
Tous ces conflits entraînent des comportements
non-coopératifs qui entravent les
possibilités de l'intégration
régionale.
- Entre la Bolivie et le Chili : ces
dernières années, des tensions
liées aux hydrocarbures (pétrole et gaz
naturel) ont éclaté entre certains
États d'Amérique du Sud. La Bolivie ayant
décidé d'augmenter ses tarifs à
l'exportation de son gaz naturel et de ne pas
approvisionner son voisin le Chili, certains ont pu
parler de « guerre du gaz ».
L'Argentine, qui servait jusqu'alors de pays
intermédiaire en revendant une partie du gaz
bolivien au Chili, a été amenée, du
fait d'une importante augmentation de sa demande
intérieure, de réduire ses exportations
vers le Chili. Celui-ci, qui était très
largement dépendant de ces importations, s'est
retrouvé en situation très
délicate.
- D'autres tensions se sont faites sentir lorsque la
Bolivie a décidé de nationaliser ses
ressources énergétiques en « oubliant
» que l'entreprise brésilienne
Pétrobras avait investi près de 3
millions d'euros dans le pays depuis 1997.
L'essentiel
L'Amérique centrale et l'Amérique latine
sont des espaces de conflits anciens et
récurrents. C'est la Révolution sandiniste
contre la dictature en place au Nicaragua (soutenue par les
États-Unis) dans les années 1970 qui
entraîna 10 ans de conflit en Amérique centrale
et qui toucha les 5 États de la zone
géographique. En Amérique du Sud, certaines
tensions remontent à la période post-coloniale,
au moment où les frontières ont
été tracées. La guerre du Pacifique, qui
priva la Bolivie de la seule de ses provinces en lui offrant
un accès à la mer au profit du Chili, n'a
toujours pas été digérée par une
grande partie des Boliviens. Cette rancune a des
conséquences contemporaines puisque le Chili ne
dispose d'aucune réserve énergétique et
que la Bolivie, qui n'en n'est pas privée, refuse de
lui en fournir. Depuis la fin des années 2000, la
tension est grande entre la Colombie et le Venezuela.