Le continent américain, une intégration régionale ancienne en dépit des tensions - Maxicours

Le continent américain, une intégration régionale ancienne en dépit des tensions

Les 10 dernières années du 20e siècle ont été marquées par une nette accélération des dynamiques d'intégration régionale aux quatre coins du monde.
Rappelons que, les accords entre États d'une même région géographique de la planète, se voyaient comme des tentatives de réponses stratégiques au phénomène de mondialisation économique qui avait largement accentué la concurrence internationale.
Rappelons également que l'Amérique latine vit, depuis le début du 21e siècle, des changements profonds et rapides très importants : les nouveaux gouvernements sont davantage à l'écoute de leurs peuples (les dictatures tendent à disparaître), certaines économies (comme celles du Brésil et du Venezuela) ont décollé un peu partout et des revendications sociales ont commencé à émerger. Cependant, en dépit de ces avancées spectaculaires dans le domaine de la démocratisation et de l'intégration au phénomène de mondialisation des échanges, deux problématiques particulièrement aigües persistent : les inégalités sociales se creusent et la pauvreté demeure un souci récurrent pour un certain nombre d'États d'Amérique centrale et du Sud.

On peut se demander comment le continent américain, secoué par des conflits relativement nombreux, a choisi de se positionner par rapport à cette expérience d'intégration régionale ? Où en est-il aujourd'hui ? Quels sont ses projets et ses objectifs en la matière ?
1. Une tradition d'intégration régionale plutôt ancienne
a. Un régionalisme polymorphe
Le continent américain a, comme les autres, intégré le mouvement d'intégration régionale. Les territoires d'Amérique latine sont même des familiers de ces processus de coopération qui véhiculent espoir de croissance économique et espoir de développement.

L'Amérique toute entière a, depuis le milieu du 20e siècle, donné naissance à de nombreux projets et expériences de formes diverses :
- accords bilatéraux (entre deux États) ou plurilatéraux.
- Accords Nord/Sud (États riches du Nord du continent avec des États plus pauvres d'Amérique centrale ou d'Amérique latine) ou Sud/Sud.
- Accords sectoriels (ne concernant qu'un secteur d'activité, comme l'énergie, par exemple).
- Marchés communs.
- Zones de libre-échange.
b. Les premiers projets d'intégration régionale
Les premiers projets ont été élaborés dans les années 1950-1960 dans le but d'améliorer la coopération entre les économies de certains États :

- 1960 : création de l'ALAC (Association Latino-Américaine de libre-Commerce). C'est un accord qui concerne tous les États d'Amérique latine. Son but était de promouvoir la mise en place d'accords multilatéraux entre la plupart de ces pays.

- 1960 :
naissance du MCCA (Marché Commun Centre-Américain formé par le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador) chapeauté par l'ALAC. Rejoint en 1995 par le Panama.

- 1969 : création du Pacte andin (regroupe les 5 pays andins), toujours chapeautée par l'ALAC.

- 1973 :
naissance de la CARICOM (Communauté des Caraïbes).

Tous ces accords chapeautés par l'ALAC ont eu du mal à se concrétiser. Moyens et volontés politiques manquaient.
2. Les intégrations régionales au début du 21e siècle
a. Les 5 blocs économiques régionaux du continent américain
Il a fallu attendre les années 90 et l'émergence de démocraties pour que de nouvelles tentatives d'intégrations régionales plus efficaces émergent sur le continent. Entre 1990 et 1997, les taxes à l'importation entre pays d'Amérique latine ont été fortement diminuées en Amérique du Sud, ce qui a entraîné une multiplication des échanges commerciaux.

Les 5 accords régionaux sont :

- L'ALENA : Association de Libre-Échange Nord-Américaine, née en 1992, qui réunit les États-Unis, le Canada et le Mexique. L'objectif était de faire disparaître les barrières aux échanges en 15 ans. On sait maintenant que cet accord a eu pour principale conséquence une grande dépendance du Mexique à l'égard du marché américain (ce marché représente 80% des exportations et 60% des importations mexicaines) et le déploiement des maquiladoras (ce sont des unités de montage industriel appartenant à des firmes étasuniennes implantées dans les zones franches situées du côté mexicain de la frontière. L'intérêt pour les États-Unis : moins de taxes et main d'œuvre peu chère).

Doc. 1. ALENA, regroupement économique

- La CARICOM : née en 1973, elle regroupe, depuis 1997, les 37 pays de la Caraïbe réunis dans l'AEC (Association des États de la Caraïbe).

- Le MCCA (Marché Commun Centre-Américain formé par le Costa-Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Salvador).

- La CAN (Communauté Andine des Nations) : créée 1995, elle réunit la Bolivie, l'Équateur, le Pérou, la Colombie et le Venezuela. Elle a succédé au Pacte andin avec l'objectif d'augmenter la fréquence et le volume des relations économiques entre ces États. Aujourd'hui, si le contrat n'est pas tout à fait rempli, les relations entre eux sont devenues plus étroites du fait de la création d'institutions supra-nationales : banques communes, Cour andine de justice qui traite des litiges commerciaux, Parlement andin, etc. Cependant, depuis 2006, la CAN souffre du départ du Venezuela qui a intégré un autre regroupement régional, le Mercosur et d'un certain nombre d'autres problèmes.

- Le Mercosur (marché commun du Sud) : né en 1995, il rassemble le Brésil, le Paraguay, l'Argentine, l'Uruguay et le Venezuela. Depuis sa création, les échanges commerciaux entre ces pays sont 4 fois plus élevés. Le Brésil achète les productions agricoles et énergétiques aux 4 autres États associés et ces derniers importent des produits industriels brésiliens.
b. Les freins à l'intégration régionale
Les conflits qui opposent certains pays d'Amérique centrale et d'Amérique latine restreignent les possibilités de coopération efficace entre États. De plus, les nations d'Amérique du Sud sont très hétérogènes sur le plan de l'économie et du développement. Certains d'entre eux possèdent un PNB (produit national brut) relativement élevé (c'est le cas du Brésil et du Venezuela) alors que d'autres présentent un PNB faible (Équateur, Bolivie). Il est évident que de tels écarts freinent l'efficacité réelle des projets d'intégration régionale. Des États aux capacités aussi diverses ne possèdent ni les mêmes moyens à investir dans de tels projets, ni les mêmes impératifs, ni les mêmes capacités organisationnelles, ni les mêmes objectifs.
c. Une intégration placée sous l'autorité des Etats-Unis ?
L'ALENA reste une expérience d'intégration régionale limitée qui vise seulement le profit commercial entre les États membres et a grandement bénéficié aux États-Unis. Il n'a jamais été question que l'ALENA engage ses membres dans une démarche plus approfondie de rapprochements régionaux. C'est cette expérience de libre-échange que les États-Unis souhaitent étendre à l'ensemble du continent américain, de l'Alaska à la Terre de Feu, la ZLEA (Zone de libre-échange pour toutes les Amériques). Les États-Unis entendent ainsi concurrencer l'Europe et contrecarrer ses projets sur les marchés sud-américains et asiatiques.

En 2005, le MERCOSUR, sous le leadership du Brésil, s'est opposé à des négociations concernant la ZLEA et le projet, pour l'instant reste en suspens. En revanche, un certain attachement au projet d'intégration demeure en Amérique du Sud. Nombreux sont les acteurs politiques et économiques qui prônent un projet d'intégration plus global.

La Bolivie et le Chili sont devenus membres du MERCOSUR en 1996, l'Équateur et le Pérou s'en sont rapprochés et le Venezuela y a été intégré en 2006. Le MERCOSUR et la CAN ont lancé le projet d'une Communauté sud-américaine des Nations (CSN) qui intègrerait les États du MERCOSUR, de la CAN et de la CARICOM dans une structure visant à une large intégration sociale, économique et politique entre tous ces pays.
L'essentiel
Depuis les années 60, de nombreuses initiatives d'intégrations régionales ont vu le jour sur le continent américain. Toutes n'ont pas disparu et, aujourd'hui, les 5 principales sont : l'ALENA, la CAN, le MERCOSUR, l'AEC et le MCCA. Depuis le 1e Sommet des Amériques (1994), les États-Unis affirment leur volonté de créer une ZLEA (une zone de libre-échange sur le modèle de l'ALENA) à l'échelle du continent tout entier. En 2005, le MERCOSUR, entraîné par le président brésilien Lulla, a mis un large frein à la création de la ZLEA et depuis le projet n'a pas avancé. En revanche, un vaste regroupement régional rassemblant les états membres du MERCOSUR, de la CAN et de la CARICOM fait son chemin et attend de se réaliser.

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