L'innovation, des enjeux complexes
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L'innovation n'est pas
synonyme de progrès, même si la plupart des
innovations constituent, au moins pour un temps, des
progrès techniques :
- l'innovation peut en effet créer des tensions sur l'environnement, comme dans le cas des Organismes génétiquement modifiés (OGM) ;
- l'innovation peut aussi créer des tensions sur les territoires en posant notamment la question de la répartition des richesses entre les territoires de l'innovation, les territoires de la production et les territoires périphériques.
Innover est donc une nécessité technique et sans doute économique mais ce n'est pas une nécessité sociale. La question de l'acceptabilité sociale de l'innovation doit donc être posée sans considérer que les innovations sont inéluctables.
- l'innovation peut en effet créer des tensions sur l'environnement, comme dans le cas des Organismes génétiquement modifiés (OGM) ;
- l'innovation peut aussi créer des tensions sur les territoires en posant notamment la question de la répartition des richesses entre les territoires de l'innovation, les territoires de la production et les territoires périphériques.
Innover est donc une nécessité technique et sans doute économique mais ce n'est pas une nécessité sociale. La question de l'acceptabilité sociale de l'innovation doit donc être posée sans considérer que les innovations sont inéluctables.
1. L'innovation, une solution
a. L'innovation face aux défis du futur
- La consommation croissante des ressources de la
planète, notamment des ressources
énergétiques (charbon, hydrocarbures, etc),
contraint les États et les entreprises à
trouver des solutions innovantes.
- La croissance démographique encore soutenue, notamment dans les pays les plus pauvres, impose de trouver des solutions dans le domaine agro-alimentaire (dans le domaine de la production agricole mais aussi de la protection des ressources en eau) pour nourrir 7 milliards et bientôt vraisemblablement 10 milliards de terriens.
- L’augmentation des catastrophes naturelles et des risques à l’échelle de la planète nécessite la recherche de solutions innovantes (prévention des catastrophes, prospective, etc) pour prévenir les risques de pénuries.
- La croissance démographique encore soutenue, notamment dans les pays les plus pauvres, impose de trouver des solutions dans le domaine agro-alimentaire (dans le domaine de la production agricole mais aussi de la protection des ressources en eau) pour nourrir 7 milliards et bientôt vraisemblablement 10 milliards de terriens.
- L’augmentation des catastrophes naturelles et des risques à l’échelle de la planète nécessite la recherche de solutions innovantes (prévention des catastrophes, prospective, etc) pour prévenir les risques de pénuries.
b. L'innovation, solution à la crise ?
La crise mondiale de
2008 a fortement
affecté les pays occidentaux et fait
évoluer les stratégies des États et
des entreprises :
- en Europe, certaines entreprises ont réduit leurs budgets de recherche, ce qui risque de les affaiblir durablement alors que les entreprises asiatiques, principalement chinoises, maintiennent leurs investissements pour demeurer compétitives.
- Les États adoptent des stratégies différentes et parfois contradictoires. Certains, comme le Royaume-Uni ou l’Italie ont coupé dans les dépenses de leurs universités.
- D’autres États comme la France, ont intégré la R&D dans leur plan de relance de l’économie (le « grand emprunt » de 2010 a, pour partie, vocation de financer la recherche en France). Le poids de la dette dans ces pays où la recherche dépend en grande partie du secteur public risque de rendre cette stratégie difficile à mener à terme.
- en Europe, certaines entreprises ont réduit leurs budgets de recherche, ce qui risque de les affaiblir durablement alors que les entreprises asiatiques, principalement chinoises, maintiennent leurs investissements pour demeurer compétitives.
- Les États adoptent des stratégies différentes et parfois contradictoires. Certains, comme le Royaume-Uni ou l’Italie ont coupé dans les dépenses de leurs universités.
- D’autres États comme la France, ont intégré la R&D dans leur plan de relance de l’économie (le « grand emprunt » de 2010 a, pour partie, vocation de financer la recherche en France). Le poids de la dette dans ces pays où la recherche dépend en grande partie du secteur public risque de rendre cette stratégie difficile à mener à terme.
2. Innovation et développement durable
a. L'innovation, un risque ?
L’innovation est souvent présentée
comme une nouveauté, un changement positif et un
progrès. Or, l’innovation n’est pas
forcément porteuse de progrès. Elle peut
aussi être porteuse de
risque et son acceptabilité sociale (la
possibilité qu’elle soit acceptée par
les populations) remise en cause :
- l’acceptabilité sociale de l’innovation pose problème si une innovation technologique ruine une région ou l’oblige à une reconversion industrielle douloureuse, synonyme de chômage. Ainsi, dans l’Histoire, le passage du charbon au pétrole a coûté des dizaines de milliers d’emplois aux bassins houillers de l’est et du nord de la France et aux pays noirs anglais. Le coût social a donc été considérable.
- L’acceptabilité sociale de l’innovation pose problème également si l’implantation d’une activité innovante présente des risques ou paraît présenter des risques mal évalués : débats politiques concernant la fermeture ou le maintien de l’activité nucléaire à Fessenheim en Alsace témoignent de cette tension.
- L'innovation est aussi consommatrice d'espace et de ressources, comme par exemple des terres rares, sources des matières premières, utilisées dans l'informatique et l'électronique.
- l’acceptabilité sociale de l’innovation pose problème si une innovation technologique ruine une région ou l’oblige à une reconversion industrielle douloureuse, synonyme de chômage. Ainsi, dans l’Histoire, le passage du charbon au pétrole a coûté des dizaines de milliers d’emplois aux bassins houillers de l’est et du nord de la France et aux pays noirs anglais. Le coût social a donc été considérable.
- L’acceptabilité sociale de l’innovation pose problème également si l’implantation d’une activité innovante présente des risques ou paraît présenter des risques mal évalués : débats politiques concernant la fermeture ou le maintien de l’activité nucléaire à Fessenheim en Alsace témoignent de cette tension.
- L'innovation est aussi consommatrice d'espace et de ressources, comme par exemple des terres rares, sources des matières premières, utilisées dans l'informatique et l'électronique.
![]() |
Doc. Les enjeux complexes des terres rares |
b. L'innovation, une notion relative
L’innovation est considérée comme une
avancée
technique. Or, la définition de ce
qu’est une avancée technique ne peut
être évaluée à
l’échelle d’une vie d’homme. Ce
qui semble aujourd’hui une avancée ne sera
peut-être plus considérée comme tel
dans quelques années. C'est donc une notion
relative.
Nos connaissances médicales ou scientifiques nous ont fait réévaluer certains traitements. De même, l’utilisation du charbon a pu paraître une innovation majeure au 19e siècle et un archaïsme au 21e siècle. L’utilisation des Organismes génétiquement modifiés (OGM) peut accroître les rendements et contribuer à nourrir une population plus nombreuse mais elle peut nuire de façon irrémédiable à la biodiversité des espaces cultivés comme c’est le cas en Amérique du Sud.
Dès lors, comment juger de la durabilité de l’innovation ? Le problème du retraitement des déchets nucléaires est un enjeu qui montre la nécessité de mesurer l’impact et le coût à long terme d’une innovation technologique.
Les innovations technologiques et la mondialisation de la chaîne de production, posent aussi des problèmes sociaux : les espaces de l’innovation concentrent de plus en plus de richesses et une main d’œuvre de plus en plus qualifiée (chercheurs,ingénieurs), tandis que les régions les plus pauvres de la planète servent de centres de retraitement des déchets produits par l’innovation (le retraitement de déchets électroniques à Guiyi en Chine ou à Lagos au Nigéria, les déchets nucléaires à Onkalo en Finlande).
Nos connaissances médicales ou scientifiques nous ont fait réévaluer certains traitements. De même, l’utilisation du charbon a pu paraître une innovation majeure au 19e siècle et un archaïsme au 21e siècle. L’utilisation des Organismes génétiquement modifiés (OGM) peut accroître les rendements et contribuer à nourrir une population plus nombreuse mais elle peut nuire de façon irrémédiable à la biodiversité des espaces cultivés comme c’est le cas en Amérique du Sud.
Dès lors, comment juger de la durabilité de l’innovation ? Le problème du retraitement des déchets nucléaires est un enjeu qui montre la nécessité de mesurer l’impact et le coût à long terme d’une innovation technologique.
Les innovations technologiques et la mondialisation de la chaîne de production, posent aussi des problèmes sociaux : les espaces de l’innovation concentrent de plus en plus de richesses et une main d’œuvre de plus en plus qualifiée (chercheurs,ingénieurs), tandis que les régions les plus pauvres de la planète servent de centres de retraitement des déchets produits par l’innovation (le retraitement de déchets électroniques à Guiyi en Chine ou à Lagos au Nigéria, les déchets nucléaires à Onkalo en Finlande).
L'essentiel
L'innovation peut être
une solution face aux défis économiques,
démographiques et énergétiques du futur.
Plusieurs questions méritent toutefois d'être
posées :
- Quel financement pour la R&D si les États coupent dans les budgets des universités pour rembourser leurs dettes ?
- Quelle consultation des populations alors que certaines innovations (OGM, nucléaire, clonage) se heurtent à une méfiance naturelle pour le risque ou à des considérations morales et religieuses ?
- Quelle prise en compte des problématiques du développement durable alors que la réorganisation à l'échelle du monde des processus de production aboutit à accentuer les écarts entre les régions qui gagnent et les régions qui perdent ?
Paradoxalement, les problèmes posés par l'innovation seront peut-être la source de nouvelles innovations qui pourront les résoudre.
- Quel financement pour la R&D si les États coupent dans les budgets des universités pour rembourser leurs dettes ?
- Quelle consultation des populations alors que certaines innovations (OGM, nucléaire, clonage) se heurtent à une méfiance naturelle pour le risque ou à des considérations morales et religieuses ?
- Quelle prise en compte des problématiques du développement durable alors que la réorganisation à l'échelle du monde des processus de production aboutit à accentuer les écarts entre les régions qui gagnent et les régions qui perdent ?
Paradoxalement, les problèmes posés par l'innovation seront peut-être la source de nouvelles innovations qui pourront les résoudre.
Références
- Innovation et compétitivité des
régions, La documentation Française,
2008.
- D. Encaoua, « Les enjeux économiques de l'innovation », Revue d'économie politique, 2004.
- D. Encaoua, « Les enjeux économiques de l'innovation », Revue d'économie politique, 2004.
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