Le rôle fondamental des infrastructures dans le développement de Shanghai

Le Bund est un quartier hérité du passé colonial de Shanghai. Durant des siècles, il était constitué d'un réseau de canaux et de lilongs (habitats traditionnels) qui s'étiraient le long de la rivière Huangpu. Le Bund est le centre historique de Shanghai.

En 2014, le tissu urbain y est devenu très moderne. De nombreux gratte-ciel ont remplacé l'habitat ancien, bien que celui-ci subsiste encore.

Le Bund : entre architecture traditionnelle et modernité ǀ © iStock – huad262

Pudong est le CBD (Central business district) de Shanghai. Situé en face du quartier du Bund, sur d’anciennes terres agricoles, sa construction a commencé en 1990. En moins de 20 ans, Pudong est devenu un prestigieux centre d’affaires qui occupe presque la moitié de la surface de la ville.

C’est un quartier dédié à la mise en scène de l’avancée technologique de la Chine. Les activités tertiaires s'y concentrent (bureaux des grandes entreprises internationales et nationales, hôtels de luxe, centres financiers, etc.). Ce développement de Pudong se traduit par une verticalisation du bâti. Le paysage urbain y est semblable à celui des grands centre-villes des États-Unis. Il se caractérise par une grande audace architecturale.

Le quartier de Pundong, centre des affaires de Shanghai ǀ © iStock – MarsYu

Shanghai est une métropole de rang mondial dont le rayonnement économique est incontestable. Les autorités chinoises souhaitaient que ce rayonnement se développe également sur le plan culturel. Plusieurs aménagements témoignent du poids culturel de Shanghai :

Il a ouvert ses portes en 2016 au cœur d’une immense zone touristique internationale de 20 km². Le parc à thème s’étend sur une superficie de 91 hectares. En 2018, Il a accueilli 11,8 millions de visiteurs du monde entier et a été sélectionné pour la création de nouvelles attractions autour des héros Marvel. Il a permis à la métropole de gagner en attractivité auprès des touristes aux échelles nationale et internationale.

Des sommes colossales avaient été investies pour la construction d’édifices prestigieux, qui se devaient d’être dignes d’une grande métropole mondiale. Cette zone, située au centre de Shanghai, constitue la dernière zone à urbaniser de la ville. Elle est déjà desservie par 5 lignes de métro et trois anciens bâtiments ont été réhabilités en musées peu fréquentés.

Les autorités municipales veulent en faire un site d'accueil de sièges mondiaux ou régionaux de FTN, d'organisations internationales ainsi qu'un centre de congrès et d'activités touristiques.

La vocation de Shanghai à être une métropole portuaire de niveau mondial, ainsi qu’un carrefour économique majeur, était évidente de par sa localisation géographique : la métropole est en effet située sur le littoral du Pacifique.

Profitant de cet atout majeur, les autorités chinoises ont voulu faire de cette métropole un pôle de développement majeur. Pour ce faire, les autorités chinoises et municipales ont généré un développement titanesque des zones industrialo-portuaires (ZIP).

Ces dernières sont divisées en plusieurs sites. Chaque port est associé à un pôle industriel plus ou moins spécialisé (industries chimique, sidérurgique, électronique, chantier naval), ce qui favorise bien sûr les échanges commerciaux (import / export) avec l'étranger.

Shanghai est le 1^er port de commerce mondial.

Entre 1990 et 2005, cinq terminaux portuaires ont été construits à Shanghai dans le but d'organiser le trafic par porte-conteneurs géants, qui était multiplié par deux tous les deux ans.

En 2005, un port en eaux profondes a ouvert : Yangshan. Il s’agit du port le plus moderne et le plus rentable du monde. Il illustre parfaitement les ambitions de Shanghai de ravir la place de son rival, Singapour, alors premier port de la planète, en devenant le centre de redistribution du fret vers les destinations d'Asie du Nord.

Comme toutes les villes mondiales, outre ses ports, Shanghai est une plateforme de transport multimodale. 

Elle est fortement équipée en infrastructures de communication :

• des axes autoroutiers relient la ville au reste du pays et aux pays voisins. Ils sont denses et se superposent sur plusieurs étages. Les échangeurs sont très nombreux ;
• deux aéroports :
  • l'aéroport de Hongqiao, très proche de la métropole, réservé aux vols nationaux (à l'exception de Tokyo et de Séoul), 
  • l'aéroport de Pudong, le plus important de Chine, réservé aux vols internationaux. En 2018, il a accueilli 74 millions de passagers. Il est relié à Shanghai par le Maglev, un train à sustentation magnétique qui peut atteindre les 430 km/h (le trajet de l'aéroport à Shanghai, long de 30 km, ne dure que 7 min.). Il occupe le 9^e rang des plus grands aéroports (toutes catégories confondues).
• un réseau ferroviaire autour de Shanghai permet de circuler rapidement et confortablement (ce qui est loin d'être le cas dans toute la Chine) ;
• un réseau de métros ultra-moderne.

Échangeurs d'autoroute, en plein centre de Shanghai

Shanghai a connu, depuis les années 1990, des transformations urbaines et sociales rapides mais contrastées.

La construction des nouveaux bâtiments s’est faite au détriment du patrimoine architectural historique de la métropole.

Désormais, le centre-ville est voué aux activités économiques et aux résidences de prestige. La modernisation a entraîné la destruction des maisons traditionnelles. L’ensemble des lieux de vie se transforme, faisant perdre une part de son identité à la ville.

Le lilong disparaît progressivement au profit de très grandes tours d’immeubles et de voies de circulation adaptées aux automobiles.

Les populations les plus modestes, qui vivaient dans les lilongs du centre-ville, sont rejetées vers les grandes zones périphériques. 6 millions de Shanghaiens ont été déplacés depuis 1992.

Les maisons situées sur l’aire nécessaire à l’édification du projet Disneyland de Pudong (soit près de 4 km²) ont été détruites. Plus de 2 000 foyers et 297 entreprises ont été relogés.

La vieille ville chinoise (le Bund, l’ancien port fluvial avec ses quartiers péri-centraux) et la nouvelle zone de Pudong concentrent désormais les populations les plus aisées.

La disparition de l'habitat ancien au profit des immeubles

20 ans de développement économique et d’urbanisation ultra rapide ont profondément transformé la ville. Elle s’est développée, équipée, enrichie. Mais tout cela a eu un prix : la forte dégradation de l’environnement.

La métropole doit inventer un nouveau modèle de développement plus respectueux. Le défi est énorme. Les habitants subissent la pollution de l’air, les embouteillages (du fait des nombreux mouvements pendulaires), l’urbanisation de zones autrefois rurales, ainsi que la dégradation de la qualité de l’eau.