Une étude de cas : Roissy

L'aéroport de Roissy constitue, avec Londres, Francfort et Amsterdam, une des plus importantes places aéroportuaires de transport en Europe. On parle de hub : ce terme anglais désigne un moyeu, c'est-à-dire la partie centrale d'une roue vers laquelle convergent les rayons. L'aéroport est un point de concentration des flux aériens avant d'être redistribués. Plus de 75% des vols longs courriers au départ d'Europe sont concentrés sur ce type de plateforme. A Roissy-CDG, ces vols sont organisés en plages de rendez-vous, chacune constituée d'une vague d'arrivées et de départs. Ces plages sont cadencées pour permettre un maximum de correspondances possibles, dans un délai le plus réduit possible. Pour le passager, l'intérêt est de pouvoir faire de longues distances avec une seule correspondance.

Roissy-CDG est un nœud de communication essentiel à l'échelle européenne et internationale. Il est classé au sixième rang mondial : environ 60 millions de passagers transitent par cet aéroport chaque année. C'est la deuxième place aéroportuaire en Europe pour les passagers internationaux. La plateforme est le hub de la compagnie Air France depuis 1996. Le réseau de cette compagnie et de KLM offre la possibilité de 225 destinations et chaque jour Air France établit environ 830 vols dont 70 longs courriers. Tous les continents sont desservis et tous les aéroports des grandes métropoles internationales sont directement reliés à Roissy-CDG. La seule exception concernant cette liaison directe est l'Australie : la longue distance nécessite une escale. Plateforme connectée au réseau mondial, l'aéroport Roissy-CDG est aussi parfaitement en liaison à l'échelle de la région parisienne et du territoire national.

Doc. Aéroport Roissy Charles de Gaulle

L'aéroport est en premier lieu relié au centre de la capitale et à la région parisienne grâce à une gamme très large de réseaux de communication. Les six terminaux sont à proximité des autoroutes A1 et A3 qui assurent les liaisons nord-sud et de l'A104 qui relie l'est de la banlieue parisienne. Le réseau ferroviaire s'organise autour de la gare TGV qui met directement en relation l'aéroport avec le nord du pays et de l'Europe (Lille, Londres et Bruxelles) ainsi que les grandes villes de l'ouest et du sud : Lyon, Marseille, Nantes et Bordeaux.

Le réseau est complété par une liaison RER ainsi que par un métro interne, le CDG-Val. Celui-ci, inauguré en avril 2007 permet la liaison entre les différents terminaux et permet de traverser Roissy en une dizaine de minutes, soit deux fois moins de temps qu'avec les bus utilisés auparavant. Les liaisons à l'échelle nationale s'établissent avec les lignes aériennes intérieures moyens courriers qui relient la plupart des grandes métropoles du pays et complètent ainsi les réseaux autoroutiers et ferroviaires.

L'incroyable flux de passagers et de marchandises transitant par cette plateforme aéroportuaire génère une intense activité. Environ 80 000 salariés travaillent sur le site, dans tous les secteurs liés à l'aéroport. Ce chiffre a doublé en 10 ans. Près de la moitié de ces salariés travaille en lien direct avec le transport aérien, les autres se partagent entre l'activité de fret, le commerce, l'hôtellerie-restauration, la sécurité et les services publics. Les trois-quarts de ces salariés résident en Ile-de-France mais un quart d'entre eux habitent l'un des trois départements limitrophes, demandant ainsi de longs trajets quotidiens.
A côté de ce pôle d'activités de Roissy-CDG, il faut ajouter les emplois liés aux entreprises d'Ile-de-France directement liées à l'aéroport : ce sont 20 à 30 000 emplois qui sont concernés. Au final, l'activité directe ou en lien avec Roissy-CDG correspond à 10% du PIB de la région Ile-de-France.

L'augmentation du trafic, le développement des activités économiques sur le site de l'aéroport nécessite de constants aménagements et projets. Les aménagements concernent en premier lieu la capacité d'accueil des voyageurs. Ainsi le futur Satellite 4 de Roissy est en construction et doit être ouvert au deuxième trimestre 2012. Il est destiné à accueillir 7,8 millions de passagers et permettra d'augmenter de 25% la capacité de l'aéroport.

Les projets concernent aussi les activités économiques et commerciales du site. La société Aéroport de Paris doit investir plus de deux milliards d'euro d'ici 2015 : il convient tout d'abord de développer les surfaces commerciales pour les passagers. Un centre commercial réservé aux salariés est également envisagé. La croissance du trafic exige également le projet d'augmenter la capacité d'accueil du parc hôtelier. Enfin, de nouveaux immeubles de bureaux doivent être réalisés.

L'augmentation de la fréquentation de Roissy a conduit dès 1994 à l'évocation d'un projet de troisième aéroport parisien. Ce projet a été repris par le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot en 1997, mais le projet envisagé à plus de 50 km de la capitale a été, pour l'instant, délaissé. En effet, aucun aéroport en Europe n'est à une telle distance de la métropole qu'il dessert. La seule réalisation, l'aéroport de Mirabel, à 55 km de Montréal a été un échec commercial. Par ailleurs, ce projet demanderait à la compagnie Air France de déplacer son hub, ce qu'elle refuse.

Deux types de difficultés sont liés à l'augmentation du trafic et des activités à Roissy. La fréquentation en hausse de l'aéroport pose tout d'abord des problèmes de circulation et d'accessibilité. Le déplacement en automobile pour accéder à la plateforme est complexe. Le coût du parking est élevé et surtout le trajet est soumis au risque d'embouteillage avec une circulation autoroutière fréquemment saturée. Sur l'A1 et l'A3, le temps de parcours entre le centre de Paris et Roissy peut varier entre une demi-heure et plus de deux heures. La création d'une ligne de métro rapide entre le centre de Paris et l'aéroport est à l'étude mais rien ne se fera avant 2015.

Le deuxième type de problème est d'ordre environnemental. Les décollages et les atterrissages d'avions, la circulation à proximité de Roissy-CDG sont source de pollutions. Selon Airparif, qui surveille la qualité de l'air en Ile-de-France, l'aéroport polluerait autant que le boulevard périphérique de Paris, axe routier le plus fréquenté du pays. Les nuisances sont enfin sonores et nécessitent pour les particuliers habitant à proximité des pistes de lourds investissements pour l'insonorisation de leurs logements. La qualité de vie s'en trouve également altérée et de nombreux collectifs s'organisent pour réclamer une règlementation des flux plus soucieuse des habitants.