Avec l'Amérique du Nord et l'Asie orientale, l'UE (Union
européenne) constitue l'un des trois centres
d'impulsion de la mondialisation. Premier pôle
commercial international, il émet et reçoit des
flux de toutes natures. Les acteurs à l'origine de ces
flux, qu'ils soient privés ou publics, participent
à l'élaboration et au rayonnement de la puissance
du centre européen. Cependant, si les atouts de l'UE
sont multiples, elle doit faire face à des
fragilités spécifiques qui conduisent à
s'interroger sur la capacité à maintenir ce
statut de pôle dominant.
1. Un pôle majeur de la mondialisation
La mondialisation
désigne l'ouverture croissante des économies
nationales sur le monde. Elle implique une augmentation des
flux d'échanges de marchandises, de circulation des
capitaux et des informations ainsi que des
déplacements des populations. Ce processus conduit
à une interdépendance des États et
à une contraction de l'espace mondial.
a. Le premier pôle commercial de la
planète
Première puissance
économique de la planète devant
les États-Unis, la Chine et le Japon, la
production de richesses de l'UE représente 28% du
PIB (Produit intérieur brut) mondial. Elle
constitue également la première puissance commerciale
et assure par exemple 38% du commerce mondial de
marchandises. Il faut toutefois noter que deux tiers de
ces échanges correspondent à un commerce
intra-communautaire. Il n'est donc pas étonnant
que dans cette communauté d'États, cinq
d'entre eux, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni,
l'Italie et l'Espagne, font partie des dix principales
puissances économiques mondiales. Ces
économies européennes sont donc très
complémentaires, elles assurent un rayonnement
international dans les trois secteurs
d'activités.
Il faut insister sur quelques points forts qui permettent
à l'UE de réaliser 17% des échanges
mondiaux. Elle constitue la première puissance
agroalimentaire, dispose d'une large gamme de
productions dans les activités
traditionnelles (industrie sidérurgique,
industrie automobile...) et surtout d'atouts dans le
domaine des activités nouvelles et des
technologies de pointe. C'est le cas en particulier
de l'aérospatiale avec Ariane Espace et de
l'aéronautique : Airbus est, avec Boeing, le
premier producteur aéronautique mondial. L'Airbus
A380, lancé en octobre 2007 est le premier avion
gros porteur disposant de deux ponts et capable de
transporter 850 passagers. Il constitue une vitrine du
savoir-faire européen à l'exportation.
b. Un pôle émetteur et récepteur
de flux invisibles
Outre la domination dans le commerce de marchandises,
l'UE polarise également les
échanges de services et les flux
immatériels de capitaux et
d'informations. Elle occupe la première
place dans les échanges internationaux de services
avec 25% de ces échanges (contre 22% pour les
États-Unis). Ce secteur est essentiel puisqu'il
représente 70% de la richesse totale
produite et révèle une économie
postindustrielle, capable de s'adapter aux exigences de
la concurrence internationale.
Là aussi, l'UE dispose de secteurs clés
comme les télécommunications, les banques
et les assurances ou encore le tourisme. Dans ce domaine,
l'UE est le premier pôle touristique mondial
(Cf. fiche La France, pôle touristique
mondial). Elle constitue également une
puissance
financière puisqu'elle
représente le premier pôle émetteur
et récepteur d'IDE dans le monde. Les IDE,
investissements directs à l'étranger,
désignent les capitaux placés à
l'étranger et investis dans la création
d'entreprises ou toutes formes d'activités
économiques. Le stock d'IDE (entrants et sortants)
approche les 7500 milliards de dollars en 2010. Les
grandes places boursières européennes
figurent également parmi les plus importantes
à l'échelle mondiale : Londres, Paris et
Francfort concurrencent New York ou Tokyo. Enfin, la
puissance financière est
matérialisée par le statut de
l'euro, devise internationale, qui facilite,
dynamise les échanges et rivalise avec le
dollar.
Un dernier type de flux invisibles témoigne de la
place majeure du centre européen, ce sont les
flux d'informations. L'UE dispose de l'un des
meilleurs taux de connexion des ménages à
Internet. Sa production cinématographique,
télévisuelle s'exporte partout dans le
monde.
c. De nombreux flux humains
Malgré un contrôle plus strict sur ce type
de flux depuis la mise en place de l'espace Schengen, l'UE demeure le
premier foyer d'immigration devant les États-Unis.
Cette immigration est avant tout une immigration du
travail, qui témoigne de l'attractivité du
centre européen. Les flux humains englobent
également des déplacements temporaires
comme les flux touristiques : 60% des flux
touristiques internationaux sont à destination de
pays de l'UE.
2. Les acteurs de la mondialisation
a. Les populations, premiers acteurs de la
mondialisation
Troisième foyer de peuplement mondial,
l'UE compte plus de 500 millions
d'habitants. Cette population dispose d'un
niveau de vie élevé et donc, malgré
d'évidentes inégalités, d'un pouvoir
d'achat élevé. Le PIB moyen est de 25
000 € par habitant. Le centre européen
est par conséquent un des marchés de
consommation les plus importants et les plus attractifs
de la planète. Le haut niveau de formation de
cette population, la grande stabilité des
sociétés expliquent que les
sociétés étrangères
n'hésitent guère à investir en
Europe. Elles disposent d'une sécurité
d'investissement, d'une main d’œuvre
dotée d'un réel savoir-faire et sont donc
assurées d'une production de qualité. Les
élargissements successifs de l'UE,
l'élévation progressive du niveau de vie
des populations des pays entrants, permet
d'accroître ce potentiel de consommation.
b. Le rôle des FMN et des ONG
Les FMN (firmes multinationales) ou FTN
(firmes transnationales) sont des entreprises
implantées dans de nombreux pays (au moins 6) et
elles réalisent une grande partie de leur chiffre
d'affaire hors de leur pays d'origine. Ces entreprises,
de par leur rayonnement, sont au cœur du processus
de mondialisation. L'UE
représente l'une des plus fortes concentrations de
FMN à l'échelle mondiale. Elle
concentre un peu plus de 30% des 500 premières FMN
à cette échelle.
Les secteurs d'activités sont très divers.
Elles dominent en particulier dans le secteur de
l'énergie et du pétrole en particulier
: la Royal Dutch Shell (conglomérat
anglo-néerlandais) se classe au 2e rang
mondial. British Petroleum (BP) au 4e.
On trouve également 6 firmes européennes
parmi les 22 premières dans le secteur des
services. Ces firmes concentrent leurs sièges
sociaux, leurs centres de recherches dans les grandes
métropoles du continent tandis que les
activités productives se délocalisent de
plus en plus vers les pays où la main
d’œuvre coûte moins chère.
Parmi les acteurs privés, les ONG,
organisations non gouvernementales, jouent un rôle
majeur dans la production de services ou dans la
circulation d'informations. Certaines de ces ONG
européennes ont une action essentielle permettant
le rayonnement d'un modèle
européen. Médecins sans
frontières, la Croix Rouge internationale
œuvrent ainsi dans un souci d'action humanitaire et
contribuent à renforcer l'image d'une UE soucieuse
du bien-être des populations, du respect des droits
fondamentaux.
c. Les Etats
Réunis au sein d'une UE qui est aussi politique,
les États impulsent des
choix de politique économique. Ils
favorisent, plus souvent qu'ils ne restreignent, la
libération économique et donc les
échanges. Le G20, symbole de la gouvernance
économique mondiale, puisqu'il représente
85% du commerce mondial et 90% du produit mondial brut
(somme des PIB de tous les pays), rassemble 19 pays ainsi
que l'UE, qui y joue un rôle majeur. Les
États européens sont également
représentés au sein de l'OMC
(organisation mondiale du commerce) par le commissaire
européen au commerce, qui parle en leur nom.
Enfin, le Fonds Monétaire International
(FMI), autre pôle de gouvernance mondiale, est
dirigé en 2011 par une française, Christine
Lagarde.
3. Quelles limites au poids de l'UE dans la
mondialisation ?
a. Des faiblesses politiques
Si l'influence économique de l'UE est certaine,
son poids politique demeure faible
face aux puissances mondiales que sont les
États-Unis et la Chine. Elle a du mal
à être identifiée comme un ensemble
cohérent, aux choix politiques convergents. Sa
politique extérieure, ses choix en matière
de sécurité et de paix l'illustrent : les
Européens ont été très
divisés sur la question de l'intervention
militaire en Irak en 2003. Les intérêts
nationaux prévalent sur la logique communautaire
et la dépendance vis-à-vis des
États-Unis demeure forte dans ce domaine.
b. Des handicaps sociaux et économiques
Si l'on se projette sur un long terme, le vieillissement démographique
rapide du continent est inquiétant quant à
la capacité de l'UE à maintenir son statut
de puissance. La faible natalité (de moins de 10
pour mille par an en moyenne) et l'espérance de
vie élevée posent le problème de
l'augmentation de certains déficits
(dépenses de santé, financement des
retraites). Ce problème peut réduire
l'attractivité de l'UE face à la
concurrence de nouvelles puissances, au dynamisme de pays
émergents.
Les inquiétudes sont aussi
économiques : la capacité
d'innovation est menacée par une insuffisance de
l'investissement en Recherche Développement. Elle
fait fuir une partie des élites,
ingénieurs-chercheurs, qui préfèrent
migrer vers les États-Unis ou vers l'Asie pour
faire aboutir leurs travaux : c'est le
Brain-Drain. Enfin la crise financière
mondiale depuis 2010 touche en particulier certaines
économies européennes comme l'Irlande,
l'Espagne et surtout la Grèce, menaçant la
stabilité de la zone euro.