Une aire de relation de l'Union européenne : la Méditerranée
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La Méditerranée constitue un fragment de
l'interface mondiale Nord/Sud. Elle met en relation des pays
très variés : au nord, l'Union européenne
(UE), centre d'impulsion planétaire et au sud et
à l'est, les pays du sud et de l'est
méditerranéen (PSEM) aux niveaux de
développement plus contrastés. À ces
contrastes de richesses s'ajoutent des héritages
politiques et culturels différents. Malgré les
clivages, les échanges sont multiples et les
États méditerranéens cherchent à
renforcer leur coopération pour construire une aire
spatiale plus unie.
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Doc. 1. La méditerranée et ses pays frontaliers |
1. Des clivages entre les deux rives de la
Méditerranée
a. Des oppositions culturelles anciennes
La Méditerranée constitue dès
l'Antiquité un espace de contacts,
d'échanges entre civilisations. Trois grands
ensembles peuvent être délimités sur
la base de critères religieux et politiques. Sur
la rive nord un arc latin allant de l'Espagne
à l'Italie marque la présence dominante du
catholicisme. Ce sont avec la Grèce, les
pays qui ont construit et installé durablement la
démocratie.
Il côtoie à l'est le monde gréco-balkanique à majorité orthodoxe, longtemps marqué par l'empreinte musulmane des Turcs. Ceux-ci font pont entre une Europe chrétienne et la rive sud musulmane. Cette rive sud marquée par une large domination de l'Islam et par une population majoritairement arabe se distingue cependant par plusieurs sous-ensembles : le Maroc, l'Algérie et la Tunisie forment sur la rive septentrionale de l'Afrique, le Maghreb (le levant). Certains auteurs l'élargissent à la Libye. À l'est de cet ensemble, le Machrek (le couchant) comprend les États arabes hors Maghreb et s'étend donc jusqu'au Proche-Orient.
Au sein de cet ensemble, la création de l'État juif d'Israël en 1948 constitue une exception mal acceptée dans le monde arabo-musulman. Israël marque également, au sein de ces PSEM, sa différence sur le plan politique. C'est une démocratie, alors que ces pays du sud ou de l'est ont une tradition autoritaire.
Il côtoie à l'est le monde gréco-balkanique à majorité orthodoxe, longtemps marqué par l'empreinte musulmane des Turcs. Ceux-ci font pont entre une Europe chrétienne et la rive sud musulmane. Cette rive sud marquée par une large domination de l'Islam et par une population majoritairement arabe se distingue cependant par plusieurs sous-ensembles : le Maroc, l'Algérie et la Tunisie forment sur la rive septentrionale de l'Afrique, le Maghreb (le levant). Certains auteurs l'élargissent à la Libye. À l'est de cet ensemble, le Machrek (le couchant) comprend les États arabes hors Maghreb et s'étend donc jusqu'au Proche-Orient.
Au sein de cet ensemble, la création de l'État juif d'Israël en 1948 constitue une exception mal acceptée dans le monde arabo-musulman. Israël marque également, au sein de ces PSEM, sa différence sur le plan politique. C'est une démocratie, alors que ces pays du sud ou de l'est ont une tradition autoritaire.
b. Des niveaux de développement
contrastés
Une opposition globale de richesses
et de niveaux de développement se dessine entre
les rives nord et sud de la
Méditerranée. Les États
de l'UE et en particulier de l'arc latin disposent d'un
IDH (Indice de développement humain) et de revenus
plus élevés que les PSEM. Ils sont
supérieurs à 0,9 de l'Espagne à
l'Italie, tout comme en Grèce alors qu'ils sont
inférieurs à 0,9 voire à 0,8 sur la
rive sud. Parmi les PSEM, seul Israël a un IDH
comparable avec les États
méditerranéens de l'UE. Ceci
témoigne d'écarts sensibles de richesses
malgré les progrès économiques des
États du sud et de l'est. Ainsi en 2010, le PIB
par habitant de l'Espagne s'élevait à plus
de 33 000 dollars contre seulement 4 700 pour le voisin
marocain.
Les contrastes sont également marqués à l'échelle nationale ou régionale. Sur la rive nord, l'espace des Balkans témoigne de retards de développement liés aux guerres du début des années 1990 et à la difficile transition vers l'économie de marché après la chute du communisme. L'IDH dans cet espace balkanique est compris entre 0,8 et 0,9. Au contraire, le littoral entre Barcelone et Rome concentre les activités économiques et les richesses : c'est le centre actif de l'espace méditerranéen. Sur la rive sud les contrastes de développement s'opèrent davantage sur un modèle d'opposition littoral/intérieur. Les littoraux bénéficient des activités économiques liées aux échanges. Ils concentrent les populations, sont urbanisés alors que l'intérieur demeure plus pauvre et rural.
Les contrastes sont également marqués à l'échelle nationale ou régionale. Sur la rive nord, l'espace des Balkans témoigne de retards de développement liés aux guerres du début des années 1990 et à la difficile transition vers l'économie de marché après la chute du communisme. L'IDH dans cet espace balkanique est compris entre 0,8 et 0,9. Au contraire, le littoral entre Barcelone et Rome concentre les activités économiques et les richesses : c'est le centre actif de l'espace méditerranéen. Sur la rive sud les contrastes de développement s'opèrent davantage sur un modèle d'opposition littoral/intérieur. Les littoraux bénéficient des activités économiques liées aux échanges. Ils concentrent les populations, sont urbanisés alors que l'intérieur demeure plus pauvre et rural.
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Doc. 2. Nice, côté d'Azur |
c. Des tensions géopolitiques
Les clivages apparaissent enfin par de nombreux points
de tensions entre pays. Il s'agit en premier lieu de
conflits frontaliers
comme à Chypre. L'île est dans sa partie
nord sous contrôle turc depuis 1974. Le sud est un
pays membre de l'UE, ayant intégré la zone
euro en 2008. Malgré un projet de
réunification sur un modèle
fédéral, la Turquie conserve une
volonté de souveraineté sur la partie
orientale : c'est un point de discorde entre les pays de
l'UE.
Les litiges frontaliers existent également entre le Maroc et l'Espagne à propos des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc et surtout entre Israël et Palestine.
Au cœur des tensions on peut ajouter la question du partage de l'eau : c'est une source de conflits entre Israéliens et pays arabes à propos des eaux du Jourdain, entre la Turquie, la Syrie et l'Irak pour l'Euphrate. Ces points de litiges pèsent parfois sur les relations entre les États méditerranéens.
Les litiges frontaliers existent également entre le Maroc et l'Espagne à propos des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc et surtout entre Israël et Palestine.
Au cœur des tensions on peut ajouter la question du partage de l'eau : c'est une source de conflits entre Israéliens et pays arabes à propos des eaux du Jourdain, entre la Turquie, la Syrie et l'Irak pour l'Euphrate. Ces points de litiges pèsent parfois sur les relations entre les États méditerranéens.
2. Un bassin parcouru par de multiples flux
Malgré les oppositions culturelles anciennes et les
points de tensions, les flux et les échanges entre
les deux rives de la Méditerranée ont
toujours été intenses. Ils font
néanmoins apparaître de profonds
déséquilibres.
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Doc. 3. Les différents flux en méditerranée |
a. Les échanges économiques
La façade
méditerranéenne est la 2e
façade maritime de l'UE après
celle de la Northern Range (Cf. fiche Une
façade maritime mondiale : la Northern Range).
Les flux commerciaux et financiers sont en constante
augmentation ce qui reflète le lien fort entre les
pays du bassin méditerranéen. Cependant,
leur structure témoigne de l'inégale
puissance des États.
La valeur du commerce international (importations et exportations) entre l'UE et les PSEM est de plus de 60 milliards d'euros mais le déséquilibre dans l'organisation des flux est très fort. Ainsi les pays méditerranéens ne représentent que 8,5% du commerce international de l'UE, alors que les PSEM sont très dépendants de leur relation avec la rive nord. L'UE représente près de 40% de leurs exportations.
Outre ce déséquilibre global, la nature des flux varie fortement. L'UE exporte principalement des produits finis à haute valeur ajoutée ainsi que des services marchands. En revanche, les flux du sud vers le nord sont essentiellement constitués de produits bruts, c'est-à-dire des matières premières, produits agricoles ou hydrocarbures. Ainsi l'Algérie et la Libye sont très dépendants de leurs exportations en produits énergétiques : gaz et pétrole constituent près de 90% de ces exportations. Un tiers de l'approvisionnement des pays de l'UE dépend des PSEM.
Le déséquilibre est manifeste également pour les investissements directs à l'étranger (IDE). La rive sud attire les investissements des FMN européennes dans le domaine du tourisme ou pour la recherche d'une main d'œuvre à moindre coût dans le secteur de l'assemblage. Cependant les IDE européens sont assez peu présents et les entreprises investissent plus facilement dans les autres centres d'impulsion ou à l'échelle européenne. Il est vrai que l'instabilité politique de certains pays du sud incitent peu à la prise de risques.
La valeur du commerce international (importations et exportations) entre l'UE et les PSEM est de plus de 60 milliards d'euros mais le déséquilibre dans l'organisation des flux est très fort. Ainsi les pays méditerranéens ne représentent que 8,5% du commerce international de l'UE, alors que les PSEM sont très dépendants de leur relation avec la rive nord. L'UE représente près de 40% de leurs exportations.
Outre ce déséquilibre global, la nature des flux varie fortement. L'UE exporte principalement des produits finis à haute valeur ajoutée ainsi que des services marchands. En revanche, les flux du sud vers le nord sont essentiellement constitués de produits bruts, c'est-à-dire des matières premières, produits agricoles ou hydrocarbures. Ainsi l'Algérie et la Libye sont très dépendants de leurs exportations en produits énergétiques : gaz et pétrole constituent près de 90% de ces exportations. Un tiers de l'approvisionnement des pays de l'UE dépend des PSEM.
Le déséquilibre est manifeste également pour les investissements directs à l'étranger (IDE). La rive sud attire les investissements des FMN européennes dans le domaine du tourisme ou pour la recherche d'une main d'œuvre à moindre coût dans le secteur de l'assemblage. Cependant les IDE européens sont assez peu présents et les entreprises investissent plus facilement dans les autres centres d'impulsion ou à l'échelle européenne. Il est vrai que l'instabilité politique de certains pays du sud incitent peu à la prise de risques.
b. Des flux migratoires et touristiques intenses
Le bassin
méditerranéen est parcouru par d'intenses
flux humains. Ceux-ci correspondent pour
l'essentiel à des migrations de travail ou
à des déplacements touristiques. Les
flux migratoires ont une direction Sud-Nord. La
forte pression démographique dans les PSEM, les
taux de chômage importants poussent les jeunes
actifs à venir chercher du travail dans les pays
de l'UE qui apparaissent comme un eldorado. Parmi ces
flux, la part de l'immigration illégale,
clandestine tend à augmenter. Le contrôle
extérieur des frontières de l'espace
Schengen, exercé par l'agence
européenne Frontex devient plus strict et
les flux ont tendance à se reporter vers l'est du
bassin : Europe balkanique et Turquie.
Outre les flux migratoires, les flux humains se caractérisent par l'importance de flux touristiques. La Méditerranée est le premier bassin touristique mondial avec 30% des flux de la planète. Les bassins émetteurs sont les pays riches de la rive nord. Si près de la moitié des touristes se concentrent sur les littoraux de la rive nord, les stations balnéaires des PSEM attirent de plus en plus : l'attrait du climat, le sentiment de dépaysement, conjugués au faible coût du transport et des séjours permettent à de nombreux pays de développer ce secteur essentiel à leur économie. Il représente 14% du PIB (Produit Intérieur brut) à Chypre et le tourisme au Maghreb repose en grande partie sur la clientèle européenne (54% des touristes en Tunisie).
Outre les flux migratoires, les flux humains se caractérisent par l'importance de flux touristiques. La Méditerranée est le premier bassin touristique mondial avec 30% des flux de la planète. Les bassins émetteurs sont les pays riches de la rive nord. Si près de la moitié des touristes se concentrent sur les littoraux de la rive nord, les stations balnéaires des PSEM attirent de plus en plus : l'attrait du climat, le sentiment de dépaysement, conjugués au faible coût du transport et des séjours permettent à de nombreux pays de développer ce secteur essentiel à leur économie. Il représente 14% du PIB (Produit Intérieur brut) à Chypre et le tourisme au Maghreb repose en grande partie sur la clientèle européenne (54% des touristes en Tunisie).
3. Vers une intégration
euro-méditerranéenne ?
a. Une coopération ancienne
La coopération entre pays du bassin
méditerranéen prend forme avec la
création en 1976 du Plan
d'action pour la Méditerranée
(PAM) afin de lutter contre les pollutions
marines et d'engager une protection concertée du
milieu. Il s'agit en parallèle de faire face
à des défis environnementaux communs comme
la gestion et le partage de l'eau. Cet axe de
coopération va progressivement s'élargir
à des enjeux économiques et politiques. En
1995 est lancé le partenariat Euromed dit
aussi processus de Barcelone, signé entre l'UE et
douze PSEM. Parmi les objectifs fixés, il y a
celui de former une région de
prospérité partagée en favorisant le
libre-échange. L'Union pour la
Méditerranée (UPM) succède
à ce partenariat en 2008. Il doit donner naissance
à une banque euroméditerranéenne et
à une politique concertée de gestion des
flux migratoires.
b. Une intégration limitée
Même si les partenariats se mettent en place,
l'intégration des PSEM demeure limitée. Le
refus de l'UE d'intégrer la Turquie
révèle la difficulté à ouvrir
l'espace régional européen. En 2011, le
« printemps arabe » en Tunisie, Maroc,
Libye et Égypte pose également la question
du devenir politique de ces pays et donc de la nature des
relations politiques et économiques que l'UE doit
construire avec les PSEM.
L'essentiel
Aire de circulation et d’échanges ancienne, la
Méditerranée forme aujourd’hui encore
un bassin maritime traversé par d’intenses
flux économiques et humains. Cependant, le niveau
de développement différencié des pays
qui bordent la Méditerranée implique des
échanges inégaux. Les PSEM sont très
dépendants de leurs partenaires européens mais
les pays de l’UE se tournent davantage vers
d’autres pays pour leurs relations commerciales.
L’unité de l’aire
méditerranéenne se construit peu à peu
mais de nombreuses interrogations pèsent sur
l’intégration véritable des pays de la
rive sud.
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