Etude de cas : le développement d'un territoire ultramarin, la Guyane
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Situé à 7 000 km des côtes
françaises, l'ancienne colonie de Guyane,
française depuis le 17e siècle,
devient département en 1946. Parmi les territoires
ultramarins la Guyane constitue une exception notable puisqu'il
s'agit du seul espace continental. Situé au
nord-est de l'Amérique latine, entre le Brésil et
le Surinam, elle marque également une originalité
par la présence de la forêt
équatoriale, prolongement de celle d'Amazonie.
Malgré ses caractères originaux ce territoire
présente de nombreux traits communs aux territoires
ultramarins : distance, enclavement, spécificités
socio-économiques, relations avec l'extérieur
rappellent ce que l'on constate avec la plupart des territoires
insulaires.
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Doc. 1. Localisation de la Guyane Française |
1. Un espace aux caractères spécifiques
a. Des caractères insulaires malgré la
continentalité
Comme la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion et
depuis 2011 Mayotte, la Guyane est un DROM (Département et
Région d'outre-mer). Avec une superficie de 83 500
km2, elle est le plus vaste des
départements français et avec le Groenland
le plus grand des territoires ultramarins de la
planète. Malgré son caractère
continental, la Guyane présente de nombreux traits
communs avec ces territoires
ultramarins insulaires.
Outre la distance avec sa métropole, la Guyane se caractérise également par un enclavement du territoire qui permet de la comparer à une île au sein d'un continent. L'organisation spatiale fait apparaître des contrastes forts entre la Guyane littorale, interface maritime avec l'UE et les territoires voisins, et la « Guyane verte », domaine de la forêt équatoriale. La bande littorale, qui ne couvre que 6% du territoire, concentre la majeure partie de la vie et des activités guyanaises. On y trouve l'essentiel des réseaux routiers et urbains. Les villes principales, Cayenne, capitale régionale et Kourou, centre historique, ainsi que les villes secondaires de St Laurent du Maroni, Mana, Matoury, Macouria et Sinnamary se localisent sur cet espace. Cayenne concentre également les principales infrastructures de communication assurant l'ouverture du territoire sur l'extérieur : il s'agit de la principale place portuaire et on y trouve également l'aéroport international.
Par opposition, l'intérieur du territoire est le domaine de la forêt équatoriale dense : elle couvre plus de 90% de l'espace. Le parc national amazonien occupe toute la moitié sud de l'espace guyanais. On y rencontre peu de villes hormis St Georges, sur l'Oyapock, qui marque la frontière avec le Brésil et qui offre une porte d'entrée sur ce pays ainsi que Maripasoula sur la frontière avec le Surinam à l'ouest. Outre l'organisation spatiale et la dualité du territoire, les similitudes avec les espaces insulaires se retrouvent par certaines spécificités socio-économiques.
Outre la distance avec sa métropole, la Guyane se caractérise également par un enclavement du territoire qui permet de la comparer à une île au sein d'un continent. L'organisation spatiale fait apparaître des contrastes forts entre la Guyane littorale, interface maritime avec l'UE et les territoires voisins, et la « Guyane verte », domaine de la forêt équatoriale. La bande littorale, qui ne couvre que 6% du territoire, concentre la majeure partie de la vie et des activités guyanaises. On y trouve l'essentiel des réseaux routiers et urbains. Les villes principales, Cayenne, capitale régionale et Kourou, centre historique, ainsi que les villes secondaires de St Laurent du Maroni, Mana, Matoury, Macouria et Sinnamary se localisent sur cet espace. Cayenne concentre également les principales infrastructures de communication assurant l'ouverture du territoire sur l'extérieur : il s'agit de la principale place portuaire et on y trouve également l'aéroport international.
Par opposition, l'intérieur du territoire est le domaine de la forêt équatoriale dense : elle couvre plus de 90% de l'espace. Le parc national amazonien occupe toute la moitié sud de l'espace guyanais. On y rencontre peu de villes hormis St Georges, sur l'Oyapock, qui marque la frontière avec le Brésil et qui offre une porte d'entrée sur ce pays ainsi que Maripasoula sur la frontière avec le Surinam à l'ouest. Outre l'organisation spatiale et la dualité du territoire, les similitudes avec les espaces insulaires se retrouvent par certaines spécificités socio-économiques.
b. Les caractères démographiques
Contrairement à d'autres RUP (Régions
ultrapériphériques) ou PTOM (Pays et
territoires français d’outre mer) (Cf. fiche
Discontinuités, distances, insularité,
spécificités socio-économiques)
le territoire guyanais se distingue par un faible peuplement. On ne compte
que 229 000 habitants, soit 0,3% de la population
française (pour une superficie équivalente
à celle du Portugal). Les densités de
population sont donc faibles en moyenne : 2,6 habitants
au km2 (contre 116 en UE, 313 habitants par
km2 à la Réunion ou encore 264
habitants par km2 aux Canaries).
Elle cache logiquement des contrastes forts : puisque 87% de la population est urbanisée, les densités sont plus fortes sur la bande littorale (40 habitants par km2 en moyenne), que dans l'intérieur forestier qui n'abrite que 10% de la population. Cet espace est un quasi désert humain où se trouvent principalement les Bushi-Nenghe ou « Bush negroes » c'est-à-dire les « nègres des bois » qui désignent les descendants d'anciens esclaves surinamiens ayant fui vers la forêt et vivant sur les rives du fleuve Maroni, ainsi que les Amérindiens et Brésiliens.
Cette population guyanaise est également une population jeune, les moins de 15 ans représentent 35% de la population totale. Elle connaît une forte vitalité démographique et bénéficie de l'apport de flux migratoires externes. Aussi, le taux de croissance annuel de la population est sensible avec 3,4% (contre 0,3% pour le voisin du Suriname). Cependant, certains indicateurs révèlent les difficultés de développement : on note ainsi un fort taux de mortalité infantile, de 29‰ alors qu'il n'est que de 3,5‰ en France.
Elle cache logiquement des contrastes forts : puisque 87% de la population est urbanisée, les densités sont plus fortes sur la bande littorale (40 habitants par km2 en moyenne), que dans l'intérieur forestier qui n'abrite que 10% de la population. Cet espace est un quasi désert humain où se trouvent principalement les Bushi-Nenghe ou « Bush negroes » c'est-à-dire les « nègres des bois » qui désignent les descendants d'anciens esclaves surinamiens ayant fui vers la forêt et vivant sur les rives du fleuve Maroni, ainsi que les Amérindiens et Brésiliens.
Cette population guyanaise est également une population jeune, les moins de 15 ans représentent 35% de la population totale. Elle connaît une forte vitalité démographique et bénéficie de l'apport de flux migratoires externes. Aussi, le taux de croissance annuel de la population est sensible avec 3,4% (contre 0,3% pour le voisin du Suriname). Cependant, certains indicateurs révèlent les difficultés de développement : on note ainsi un fort taux de mortalité infantile, de 29‰ alors qu'il n'est que de 3,5‰ en France.
c. Quel développement économique ?
Avec un PNB (Produit national brut) d'un peu moins de 20
000 dollars par habitant en 2009, l'un des plus
importants des territoires insulaires de l'aire
régionale de la Martinique et des Caraïbes,
la Guyane apparaît comme un
îlot de prospérité dans un
environnement régional marqué par la
pauvreté. Mais si le territoire dispose
de réels atouts, il témoigne en
parallèle de certaines difficultés et
particularités de développement justifiant
son statut de RUP. Le dynamisme économique est
essentiellement lié à l'espace littoral et
aux villes en particulier. Il existe des espaces
agricoles autour de Cayenne, au nord du territoire entre
Mana et Sinnamary ainsi que quelques fermes d'aquaculture
(dédiées à la crevette) mais
l'essentiel de l'activité dépend des villes
et de l'aire urbanisée entre Kourou et Cayenne.
Kourou constitue le centre économique
principal.
C'est dans cette ville que se situe en particulier le pôle du Centre Spatial Guyanais (CSG) dépendant de l'Agence Spatiale européenne. Cette plateforme, créée en 1964, constitue une vitrine technologique pour la Guyane et la France. Elle confère au territoire un statut stratégique puisque c'est à partir de Kourou que décollent les lanceurs de satellites Ariane. L'activité économique du territoire est très dépendante de ce centre. Celui-ci représente 16% du PIB et 23% de l'emploi salarié de la Guyane. Il masque d'importantes difficultés structurelles, que l'on retrouve dans d'autres territoires ultramarins comme la faiblesse du secteur privé et le poids important de la fonction publique.
Le taux de chômage important, qui représente 21% de la population active, est un révélateur de ces difficultés. Le développement économique lié à l'intérieur du territoire est très réduit. On y retrouve quelques zones aurifères avec des sites d’orpaillage, c’est-à-dire de recherche et d’exploitation artisanale de l’or, quelques mines de bauxite à l’est, à proximité du fleuve Approuague ou de l’exploitation forestière, mais ces activités sont peu productives de richesses.
L’espoir réside en un développement de l’activité touristique qui, jusqu’à présen,t était peu marquée. Avec un peu moins de 130 000 touristes en 2009 la Guyane est avec les Açores le territoire des RUP qui a accueilli le moins de personnes. Le passé douloureux du territoire, la réputation d’enfer vert liée à l’ancien bagne de Cayenne n’y sont pas étrangers. Mais se développe depuis peu un écotourisme qui permet la promotion de la région tout en protégeant la nature et veillant au bien-être des populations. Il se développe grâce à la forêt qui permet l’essor d’un nouveau tourisme basé sur la découverte et l’aventure.
C'est dans cette ville que se situe en particulier le pôle du Centre Spatial Guyanais (CSG) dépendant de l'Agence Spatiale européenne. Cette plateforme, créée en 1964, constitue une vitrine technologique pour la Guyane et la France. Elle confère au territoire un statut stratégique puisque c'est à partir de Kourou que décollent les lanceurs de satellites Ariane. L'activité économique du territoire est très dépendante de ce centre. Celui-ci représente 16% du PIB et 23% de l'emploi salarié de la Guyane. Il masque d'importantes difficultés structurelles, que l'on retrouve dans d'autres territoires ultramarins comme la faiblesse du secteur privé et le poids important de la fonction publique.
Le taux de chômage important, qui représente 21% de la population active, est un révélateur de ces difficultés. Le développement économique lié à l'intérieur du territoire est très réduit. On y retrouve quelques zones aurifères avec des sites d’orpaillage, c’est-à-dire de recherche et d’exploitation artisanale de l’or, quelques mines de bauxite à l’est, à proximité du fleuve Approuague ou de l’exploitation forestière, mais ces activités sont peu productives de richesses.
L’espoir réside en un développement de l’activité touristique qui, jusqu’à présen,t était peu marquée. Avec un peu moins de 130 000 touristes en 2009 la Guyane est avec les Açores le territoire des RUP qui a accueilli le moins de personnes. Le passé douloureux du territoire, la réputation d’enfer vert liée à l’ancien bagne de Cayenne n’y sont pas étrangers. Mais se développe depuis peu un écotourisme qui permet la promotion de la région tout en protégeant la nature et veillant au bien-être des populations. Il se développe grâce à la forêt qui permet l’essor d’un nouveau tourisme basé sur la découverte et l’aventure.
2. Les liens avec l'extérieur : un espace ouvert
ou fermé ?
a. Quelles relations à l'échelle de
l'aire régionale ?
Bien qu’elle soit le département le plus
pauvre des départements français, la Guyane
fait figure de pôle de richesses à
l’échelle régionale. Le territoire attire donc de nombreux
étrangers, immigrants légaux ou
clandestins venus des espaces pauvres à
proximité. Haïti est ainsi un pôle
émetteur majeur : 10 000 Haïtiens vivent en
situation régulière en Guyane. Les vols
réguliers Port-au-Prince / Cayenne leur ont permis
de fuir la misère et la violence de
l’île dans les années 80. Les flux
sont encore plus nombreux en provenance des pays
frontaliers : 25 000 Surinamiens et 25 000
Brésiliens sont installés légalement
sur le territoire. Mais il faut y ajouter entre 20 000 et
40 000 immigrants clandestins. Ils travaillent sur les
sites d’orpaillage mais aussi dans les trafics
illicites comme celui de la drogue.
Si les frontières sont de plus en plus perméables aux flux humains, les flux économiques avec les territoires voisins sont plus distendus. La Guyane exporte par exemple trois fois moins en valeur vers la Martinique que la Guadeloupe. Des partenariats initiés par l’UE sont cependant créés pour mieux insérer le territoire dans son bassin régional. Le Programme Opérationnel Amazonie est ainsi un programme de coopération avec le Surinam et le Brésil. Il cherche à développer des projets liés au développement durable (exploitation de la forêt, tourisme…).
Le programme transfrontalier « INTERREGIV Caraïbes 2007-2013 » concerne lui l’ensemble des États d’Amérique centrale et des Caraïbes. La Guyane y participe mais ce programme dispose de peu de crédits. Il est vrai que les liens demeurent avant tout basés sur les échanges avec la métropole et dépendent des aides européennes.
Si les frontières sont de plus en plus perméables aux flux humains, les flux économiques avec les territoires voisins sont plus distendus. La Guyane exporte par exemple trois fois moins en valeur vers la Martinique que la Guadeloupe. Des partenariats initiés par l’UE sont cependant créés pour mieux insérer le territoire dans son bassin régional. Le Programme Opérationnel Amazonie est ainsi un programme de coopération avec le Surinam et le Brésil. Il cherche à développer des projets liés au développement durable (exploitation de la forêt, tourisme…).
Le programme transfrontalier « INTERREGIV Caraïbes 2007-2013 » concerne lui l’ensemble des États d’Amérique centrale et des Caraïbes. La Guyane y participe mais ce programme dispose de peu de crédits. Il est vrai que les liens demeurent avant tout basés sur les échanges avec la métropole et dépendent des aides européennes.
b. Une dépendance étroite vis à
vis de l'UE et de la France.
Le commerce extérieur est
très largement tourné vers la
France. Les exportations vers la
métropole qui représentent 350 millions
d’euros en 2009 sont trois fois plus importantes
que celles vers les Antilles françaises. Il en est
de même pour les importations : plus de 50 millions
d’euros en valeur pour la France contre un peu plus
de 10 millions pour les Antilles françaises. La
Guyane échange même plus avec les autres
pays de l’UE qu’avec ses proches voisins.
Seul le commerce avec Trinidad-et-Tobago est plus
marqué puisque c’est de là que
provient le pétrole consommé en Guyane.
Les liens étroits se manifestent également par les aides financières octroyées par l’UE qui sont liées au statut de RUP du territoire. Il bénéficie donc des financements et programmes spécifiques par l’intermédiaire du FEDER ou FSE (Cf. fiche Discontinuités, distances, insularité, spécificités socio-économiques). Le statut de RUP permet aussi d’adapter certains textes législatifs pour aider économiquement la Guyane : la TVA n’y est pas applicable et l’impôt sur le revenu est réduit de 30%.
Les liens étroits se manifestent également par les aides financières octroyées par l’UE qui sont liées au statut de RUP du territoire. Il bénéficie donc des financements et programmes spécifiques par l’intermédiaire du FEDER ou FSE (Cf. fiche Discontinuités, distances, insularité, spécificités socio-économiques). Le statut de RUP permet aussi d’adapter certains textes législatifs pour aider économiquement la Guyane : la TVA n’y est pas applicable et l’impôt sur le revenu est réduit de 30%.
L'essentiel
La Guyane offre des singularités parmi les territoires
ultramarins : c’est un espace vaste, continental et
majoritairement forestier. On retrouve cependant certains
caractères communs avec les territoires insulaires.
Éloigné de la métropole, le territoire
se trouve pourtant en situation de dépendance
économique. Il doit compter sur le soutien de la
France ainsi que sur celui de l’UE, plus que sur les
liens avec ses voisins immédiats pour assurer son
développement.
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