1. Le prince des poètes
a. Les années de formation
Pierre de Ronsard (1524-1585) est le fils d'un gentilhomme
lettré au service de
François Ier. Elevé près de
Vendôme (région d'Orléans), il devient page
à la cour, puis secrétaire de Lazare
de Baïf, grand humaniste qui l'introduit
auprès des lettrés de l'époque. La
maladie l'ayant rendu à demi sourd, il se voit
obligé de renoncer à la carrière
militaire : il devient alors clerc et se lance dans
l'écriture.
b. Le groupe de la Pléiade
La poésie attire beaucoup Ronsard. Il suit alors les cours
de Jean Dorat au collège de Coqueret, de 1544 à
1550, et parfait sa connaissance des langues anciennes.
Avec ses camarades, il élabore de nouvelles doctrines
poétiques dont la Défense et Illustration
de la langue française,
rédigée et publiée en 1549 par son ami
Joachim du Bellay, est l'emblème. C'est avec
ce même du Bellay et Jean Antoine
de Baïf (fils de Lazare) qu'il forme le cercle
poétique de la Brigade, plus tard surnommé
la Pléiade, du nom de la constellation de
sept étoiles ; groupe qui décide de
définir de nouvelles règles poétiques.
c. Un poète célèbre
C'est en 1550 que Ronsard fait son entrée en
littérature. Sur le modèle d'Horace et de Pindare,
il publie ses Odes (1550 et
1552) et conquiert une célébrité qui dure
jusqu'à sa mort. Il devient alors le poète
favori de la cour, et notamment de Marguerite de France
– la soeur de Henri II –, de Marie
Stuart et de Charles IX. Sa charge de clerc lui permet de
vivre confortablement et de s'adonner à sa passion pour la
poésie qui le conduit à publier des recueils
jusqu'à sa mort, en 1585.
2. Une production abondante et variée
L'oeuvre de Pierre de Ronsard est marquée par la
variété. Sonnets amoureux, odes,
chansons, hymnes philosophiques, discours
politiques, le poète excelle dans tous les genres,
sauf peut-être dans le genre épique
– La Franciade
(1572), épopée inachevée,
en décasyllabes, est un échec.
a. Un poète de cour
Ses Odes, publiées
entre 1550 et 1552, composées de quatre livres suivis d'un
cinquième, chantent les grands personnages de
l'époque et les événements de leur vie,
mais aussi les amours, les amitiés et la
terre vendômoise du poète.
b. Un poète grave
A la légèreté des odes succèdent des
poèmes plus graves dans lesquels se
développent les grands thèmes de la pensée
humaniste, comme la mort et l'éternité, qui sont
recueillis dans les Hymnes, parus entre 1555 et 1556. Mais,
marqué par les guerres civiles qui déchirent la
France, Ronsard compose aussi des ouvrages plus religieux et
politiques, comme le Discours
des misères de ce temps (1562)
ou encore Réponses
aux injures et calomnies de je ne sais quels
prédicants et ministres de Genève
(1563), dans lesquels il prend la défense des catholiques.
c. Le chantre de l'amour
Ronsard est l'héritier d'une longue tradition de
poésie amoureuse : inspiré par les
grands poètes latins comme Ovide ou italiens comme
Pétrarque, il compose à son tour une oeuvre qui
célèbre l'amour. Il chante le sentiment amoureux
dans Les Amours
(1552), Continuation des
Amours (1555) et Nouvelle
Continuation des Amours (1556), il chante aussi les
femmes – Cassandre, Marie et
Hélène – dans des recueils
célèbres comme Sur la mort de Marie et
Sonnets
pour Hélène, composés
en 1578.
3. Le poète de la nouveauté
a. Défendre et illustrer la langue française
Théoricien, avec du Bellay, d'une nouvelle doctrine
qui cherche à la fois à imiter les Anciens et
à enrichir la langue française, Ronsard met en
oeuvre plusieurs de ces principes dans ses recueils.
Si la mythologie et les références
à l'Antiquité sont des sources majeures
d'inspiration, Ronsard n'hésite pas à mettre en
vers une matière familière. Mais c'est surtout dans
la forme que Ronsard accomplit la défense du
français : il invente des mots et
utilise des tournures nouvelles, montrant ainsi la
richesse de cette langue. De même, il formule de
nouvelles exigences en ce qui concerne les rimes
(principes de l'alternance), les rythmes
(régularité des mètres et des rimes, surtout
dans les odes), et montre la force de l'alexandrin, vers
jusqu'alors négligé.
b. La variété des thèmes d'inspiration
Raymond Lebègue, dans son ouvrage intitulé
Ronsard, l'homme et l'oeuvre (Hatier, 1950), souligne
la
diversité des matières utilisées
par le poète : « le surnaturel, le ciel
avec ses étoiles, la nature sous tous ses aspects, l'homme
physique et moral, les systèmes philosophiques, les
principes moraux, les événements du jour, la vie
quotidienne de l'auteur. »
Mais ce qui domine dans l'oeuvre poétique de Ronsard, ce
sont les thèmes du temps et de la mort. Le
poète déplore toute forme de vieillesse et de
décrépitude et montre par les symboles du tombeau
et de la rose la fragilité de la vie. Cependant,
l'oeuvre de Ronsard n'est pas marquée par
l'inquiétude : pour vaincre ce temps qui passe, il
cherche, par l'écriture, à atteindre
l'immortalité et prêche souvent le
« carpe diem »
– expression du poète latin Horace, qui
signifie « cueille le jour »,
c'est-à-dire « profite du jour
présent ».
L'essentiel
Pierre de Ronsard est un auteur appartenant à
l'école de la Pléiade, groupe
poétique qui souhaite défendre et illustrer la
langue française. Son oeuvre, abondante et
variée, atteste la richesse formelle du
français ; et même si elle est marquée
par la culture antique, l'oeuvre de Ronsard montre que
le familier peut être source d'inspiration
poétique.