Le registre laudatif
- Fiche de cours
- Quiz
- Profs en ligne
- Videos
- Application mobile
On relève donc une densité importante d'aristocrates ou de grands commis de l'Etat. Pour ce qui est des institutions, ce sont essentiellement celles qui garantissent les grandes valeurs morales de leur époque qui sont évoquées, telles que la justice ou la république. Enfin, les objets sont des plus hétéroclites puisqu'ils recoupent tous ceux dont la publicité moderne s'est emparée.
« Comme Leclerc entra aux
Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil
d'Afrique et les combats d'Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec
ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les
caves sans avoir parlé, comme toi ; et même,
ce qui est peut-être plus atroce, en ayant
parlé ; avec tous les rayés et tous les
tondus des camps de concentration
[...]. »
(André Malraux,
Oraisons funèbres, 1971.)
Les figures de l'analogie, comme la comparaison, se trouvent au coeur de quasiment tous les éloges, quelle que soit l'époque à laquelle il fut rédigé :
Qu'une rose de mai, vous avez les cheveux
De couleur de châtaigne, entrefrisés de noeuds,
Gentement tortillés tout autour de l'oreille. »
(Pierre de Ronsard, Nouvelle Continuation des Amours, ou Amours de Marie, 1556.)
Les exclamations enthousiastes ou
désespérées de l'auteur permettent de
donner du relief au texte laudatif. Ces procédés
sont encore plus privilégiés dans les
discours :
« Ô vanité !
ô néant ! ô mortels ignorants de leurs
destinées ! L'eût-elle cru
il y a dix mois ? »
(Jacques Bossuet, « Oraison funèbre
d'Henriette d'Angleterre », 1670 ;
Oraisons funèbres, 1689.)
Enfin, la périphrase élogieuse pour désigner l'objet du compliment permet de donner une dimension supplémentaire au texte laudatif ; c'est ainsi que Baudelaire désigne la Femme par cette célèbre périphrase : « A l'ange, à l'idole immortelle » (Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Hymne », 1857).
Très courant au XVIe et XVIIe siècle, le chant de louanges dressées à un haut personnage était lu quasiment de manière obligatoire lors de ses obsèques.
De nos jours, le registre laudatif élargit son étendue et se rencontre aussi bien dans les romans que dans la presse. Il s'est aussi popularisé et l'on peut dire, d'une certaine manière, que la publicité a remplacé l'oraison funèbre dans l'art du compliment.
Le registre laudatif n'est pas très répandu au
sein des grands genres littéraires que sont la
poésie, le roman ou le théâtre. En
revanche, il occupa une réelle importance à
l'époque classique, au point de constituer un
genre à part entière, celui de
l'éloge.
De nos jours, le statut du registre laudatif s'est
élargi ; on y a recours dès que l'occasion
se présente, pas uniquement dans les grandes.
Vous avez obtenu75%de bonnes réponses !