L'éloge

L'éloge est un acte de langage à visée argumentative, cherchant à valoriser une personne, une idée, une oeuvre ou un produit, par la mise en relief de leurs mérites et de leurs qualités. Il s'agit donc avant tout de l'énoncé d'un jugement que l'on veut faire partager au destinataire.

Pour énoncer un jugement de valeur, il est nécessaire de se placer en référence à certaines valeurs ou à certains principes communs à la société dont on fait partie :
– les valeurs morales du bien et du mal : honnêteté/malhonnêteté, courage/lâcheté, solidarité/égoïsme, fidélité/trahison, etc. ;
– les valeurs esthétiques du beau et du laid ;
– les valeurs intellectuelles ou spirituelles du vrai et du faux : authenticité/facticité, naturel/artificiel, original/copie, etc.

Toutes ces valeurs peuvent varier selon les individus, les peuples, les cultures, les époques. Ainsi, alors qu'elles sont affirmées de manière absolue et objective, elles sont en fait relatives et subjectives.

L'expression de l'éloge varie selon les destinataires et les stratégies de persuasion : elle peut être clairement affichée par des procédés très appuyés ou, au contraire, plus masquée par des procédés nuancés.
Le goût de la provocation ou du paradoxe conduit parfois à faire l'éloge de ce qui est d'ordinaire condamné ou blâmé (l'éloge de la paresse, de l'infidélité, par exemple).
Grâce aux procédés de l'ironie, l'éloge peut se transformer en une critique déguisée.

L'éloge se caractérise par l'emploi d'un lexique valorisant (termes mélioratifs), par des figures de style qui mettent en relief le jugement positif du locuteur : figures d'insistance comme l'anaphore ou la gradation, figures d'opposition, hyperboles et images valorisantes. L'emploi des superlatifs et des comparatifs de supériorité, comme celui des modalités exclamatives et interrogatives, permet également de rendre le discours plus expressif.

Dans l'Antiquité grecque, l'éloge est un genre bien défini, d'origine lyrique. Les quatre livres d'« odes triomphales » (les Epinicies) de Pindare (VI^e-V^e siècle avant J.-C.) en sont un exemple. On l'appelait « panégyrique » quand il était prononcé par une assemblée solennelle.
Dans les oeuvres sérieuses, c'est un procédé didactique courant que l'on rencontre par exemple dans Le Banquet (vers 385 avant J.-C.) de Platon avec l'éloge de l'amour.
Par la suite, il est devenu un exercice privilégié des écoles de rhétorique.

Très tôt, il connaît aussi ses formes parodiques comme l'Eloge de la folie (1511) d'Erasme. Au XVI^e siècle, le genre du blason (poème qui fait l'éloge du corps humain) était à la mode dans la littérature précieuse.

Au XVII^e siècle, le genre de l'éloge s'est répandu sous la forme de l'éloge funèbre, puis de l'oraison (glorification du mort en vue d'édifier les auditeurs), notamment avec les Oraisons funèbres (1689) de Bossuet.

Aujourd'hui encore, l'éloge se rencontre sous forme codifiée lorsque les académiciens doivent prononcer un discours en l'honneur de leur prédécesseur.
L'éloge n'est pas seulement un genre particulier et on le rencontre dans tous les genres littéraires, dans les portraits et les descriptions notamment.
Dans la vie courante, on le trouve également fréquemment dans la publicité, les campagnes politiques, la presse et les médias.