Pékin, une cité interdite ?
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L’arrivée au pouvoir de la dynastie des
Ming en Chine marque l’affirmation de la puissance
du pays. Cette puissance s’illustre par
l’édification au début du 15e
siècle de la cité interdite, vaste
chantier symbolisant le rayonnement de l’Empire. Le
renouveau politique et l’ouverture au monde voulus par
les premiers empereurs de la dynastie cède ensuite la
place à une période plus contrastée,
marquée par une fermeture des frontières.
1. L'avènement d'une nouvelle dynastie et la
construction de la cité interdite
a. La dynastie des Ming
En 1368, Zhu Yuanzhang, chef rebelle à la
dynastie mongole des Yuan, arrive avec ses troupes
à Pékin. Les Mongols, affaiblis depuis la
mort de Kubilaï Khan et ne pouvant faire face
aux révoltes, ont déjà fui la ville.
Zhu Yuanzhang prend le pouvoir et fonde une nouvelle
dynastie, celle des Ming. Il devient, sous le nom
de Hongwu, le premier empereur de cette dynastie.
Le gouvernement civil est rétabli, des
écoles sont fondées et la justice est
réformée.
C’est surtout le règne de l’empereur Yongle (1403-1424), le troisième empereur de la dynastie qui marque le retour à la stabilité. Il est l’un des souverains les plus illustres de l’histoire chinoise. Il souhaite affirmer la puissance de la dynastie en socialisant le lieu d’implantation du pouvoir. La capitale, jusque là installée à Nanjing (Nankin), est transférée à Pékin pour mieux se protéger de la menace mongole. Il relève la Grande Muraille pour mieux assurer la protection du pays.
Au cœur de la ville de Pékin, il décide également la construction d’une immense cité à la gloire de la famille impériale.
C’est surtout le règne de l’empereur Yongle (1403-1424), le troisième empereur de la dynastie qui marque le retour à la stabilité. Il est l’un des souverains les plus illustres de l’histoire chinoise. Il souhaite affirmer la puissance de la dynastie en socialisant le lieu d’implantation du pouvoir. La capitale, jusque là installée à Nanjing (Nankin), est transférée à Pékin pour mieux se protéger de la menace mongole. Il relève la Grande Muraille pour mieux assurer la protection du pays.
Au cœur de la ville de Pékin, il décide également la construction d’une immense cité à la gloire de la famille impériale.
b. La construction de la cité interdite
Traduction du chinois « Zijin Cheng », la
cité pourpre interdite est construite à
partir de 1406. La couleur pourpre symbolise la
suprématie, la joie et le bonheur. C’est
aussi le symbole de l’étoile polaire,
centre de l’univers selon la cosmogonie
chinoise.
Orientée sud-nord comme tous les monuments chinois, cette cité est une œuvre monumentale. La cité a donc été bâtie en longueur sur cet axe. Elle revêt la forme d’un quadrilatère de 960 m sur 750 m et recouvre plus de 70 ha de superficie, dont plus de 50 ha de jardins. La cité est entourée de remparts mêlant terre damée et briques d’une hauteur de 10 m. Autour de ces remparts, des douves d’une largeur de 50 m achèvent de protéger l’accès à la cité.
Ce chantier gigantesque mobilise plus de 200 000 ouvriers et artisans auxquels se joignent des milliers de paysans réquisitionnés dans le cadre de corvées. Quatre portes monumentales placées aux quatre points cardinaux ouvrent la cité sur l’extérieur même si les liens avec les 120 millions de sujets sont limités.
La nouvelle demeure impériale est inaugurée en 1421. C’est le plus grand domaine impérial au monde, le centre politique où règneront les 14 empereurs de la dynastie des Ming puis les 10 empereurs de la dynastie suivante, celle des Qing.
Orientée sud-nord comme tous les monuments chinois, cette cité est une œuvre monumentale. La cité a donc été bâtie en longueur sur cet axe. Elle revêt la forme d’un quadrilatère de 960 m sur 750 m et recouvre plus de 70 ha de superficie, dont plus de 50 ha de jardins. La cité est entourée de remparts mêlant terre damée et briques d’une hauteur de 10 m. Autour de ces remparts, des douves d’une largeur de 50 m achèvent de protéger l’accès à la cité.
Ce chantier gigantesque mobilise plus de 200 000 ouvriers et artisans auxquels se joignent des milliers de paysans réquisitionnés dans le cadre de corvées. Quatre portes monumentales placées aux quatre points cardinaux ouvrent la cité sur l’extérieur même si les liens avec les 120 millions de sujets sont limités.
La nouvelle demeure impériale est inaugurée en 1421. C’est le plus grand domaine impérial au monde, le centre politique où règneront les 14 empereurs de la dynastie des Ming puis les 10 empereurs de la dynastie suivante, celle des Qing.
Doc. 1. Plan de la cité interdite | Doc. 2. La cité interdite de nos jours |
c. L'organisation de la cité
La cité interdite possède une organisation
stricte : trois domaines peuvent être
distingués.
• Le premier espace est celui de la Grande Cour par laquelle on pénètre par la porte sud, du midi. C’est le lieu où attendent ceux qui souhaitent s’entretenir avec l’Empereur. Cette cour donne sur la cour extérieure ou officielle qui est l’espace de la vie politique de la cité, son cœur administratif. C’est le lieu des cérémonies officielles présidées par l’Empereur. À l’est, se trouve le domaine réservé aux services civils et à l’ouest celui des services militaires avec le palais de la bravoure militaire.
• Sur une vaste esplanade, le Palais de l’Harmonie Suprême domine cette cour officielle. D’une hauteur de 35 m, rehaussé d’une triple terrasse en marbre blanc, c’est le plus spacieux et le plus richement décoré de la cité. C’est dans ce centre symbolique de l’Empire que se trouve le trône impérial. Pour atteindre ce trône, l’empereur gravit une série de marches symbolisant l’ascension de la montagne sacrée. Le trône est tourné vers le sud pour que les souverains reçoivent l’énergie vitale du soleil (Yang).
Les deux autres palais du centre politique sont situés immédiatement derrière. Il s’agit du Palais de l’Harmonie du milieu où se repose l’empereur avant de présider aux cérémonies et le Palais de l’Harmonie préservée, lieu de réception pour les dignitaires de l’Empire.
• Plus au Nord, un troisième espace qui est celui de la partie privée, réservé à l’empereur et à sa famille. Sur l’axe central, trois palais sont réservés aux souverains : le premier le Palais de la Pureté Céleste est le plus important. C’est le lieu de vie et de travail de l’empereur. De part et d’autre de cet axe, les « six palais de l’est » et les « six palais de l’ouest » abritant les lieux de vie de l’impératrice, des concubines et de leurs suivantes. La porte nord de la cité interdite est la porte de sortie privée de la cour.
• Le premier espace est celui de la Grande Cour par laquelle on pénètre par la porte sud, du midi. C’est le lieu où attendent ceux qui souhaitent s’entretenir avec l’Empereur. Cette cour donne sur la cour extérieure ou officielle qui est l’espace de la vie politique de la cité, son cœur administratif. C’est le lieu des cérémonies officielles présidées par l’Empereur. À l’est, se trouve le domaine réservé aux services civils et à l’ouest celui des services militaires avec le palais de la bravoure militaire.
• Sur une vaste esplanade, le Palais de l’Harmonie Suprême domine cette cour officielle. D’une hauteur de 35 m, rehaussé d’une triple terrasse en marbre blanc, c’est le plus spacieux et le plus richement décoré de la cité. C’est dans ce centre symbolique de l’Empire que se trouve le trône impérial. Pour atteindre ce trône, l’empereur gravit une série de marches symbolisant l’ascension de la montagne sacrée. Le trône est tourné vers le sud pour que les souverains reçoivent l’énergie vitale du soleil (Yang).
Les deux autres palais du centre politique sont situés immédiatement derrière. Il s’agit du Palais de l’Harmonie du milieu où se repose l’empereur avant de présider aux cérémonies et le Palais de l’Harmonie préservée, lieu de réception pour les dignitaires de l’Empire.
• Plus au Nord, un troisième espace qui est celui de la partie privée, réservé à l’empereur et à sa famille. Sur l’axe central, trois palais sont réservés aux souverains : le premier le Palais de la Pureté Céleste est le plus important. C’est le lieu de vie et de travail de l’empereur. De part et d’autre de cet axe, les « six palais de l’est » et les « six palais de l’ouest » abritant les lieux de vie de l’impératrice, des concubines et de leurs suivantes. La porte nord de la cité interdite est la porte de sortie privée de la cour.
2. Une Chine fermée sur l'extérieur ?
Le pays et la politique impériale sont-ils à
l’image de la cité interdite, fermés
sur l’espace extérieur ?
a. Une volonté d'ouverture sous l'empereur
Yongle
Sous la dynastie des Yuan, à l’époque
mongole, la Chine s’ouvre sur
l’étranger. A la fin du 13e
siècle Kubilaï Khan permet la venue
d’illustres voyageurs tels que Marco Polo ou encore
le musulman Ibn Battuta. L’Empereur Yongle souhaite
renouer avec cette tradition d’ouverture.
Dans un premier temps, il affirme avec fermeté la domination de la Chine en Extrême-Orient. Il mène une politique expansionniste, organise des expéditions militaires qui permettent par exemple l’occupation du Vietnam en 1421. Des missions diplomatiques sont créées pour placer les pays voisins sous protection chinoise. Yongle rétablit également l’ancien système du tribut par lequel les États non chinois d’Asie orientale reconnaissent la suprématie culturelle et morale de la Chine. En parallèle, il ordonne de grandes expéditions maritimes qui doivent illustrer la puissance des Ming aux yeux des nations d’Asie et d’Afrique. Plusieurs de ces expéditions sont conduites par l’amiral Zheng He.
En 1405, une première expédition part des provinces méridionales de l’Empire où se situent les ports marchands et les plus importants chantiers navals. Composée de longues jonques, dont certaines peuvent embarquer plus de 1 000 personnes, elle se dirige vers l’Asie du sud-est (Vietnam, Cambodge, Malaisie) avant d’aborder les côtes de l’Inde jusqu’à Madagascar.
Au début de 1407, les cales pleines, les navires rentrent en Chine. Zheng He mène ainsi sept expéditions permettant au commerce chinois de prospérer. Participent également à ces voyages retours des ambassadeurs des pays visités qui restent auprès de l’empereur en tant qu’invités. L’art (peinture, calligraphie), la culture chinoise (littérature, philosophie…) sont aussi transmis hors de Chine.
Dans un premier temps, il affirme avec fermeté la domination de la Chine en Extrême-Orient. Il mène une politique expansionniste, organise des expéditions militaires qui permettent par exemple l’occupation du Vietnam en 1421. Des missions diplomatiques sont créées pour placer les pays voisins sous protection chinoise. Yongle rétablit également l’ancien système du tribut par lequel les États non chinois d’Asie orientale reconnaissent la suprématie culturelle et morale de la Chine. En parallèle, il ordonne de grandes expéditions maritimes qui doivent illustrer la puissance des Ming aux yeux des nations d’Asie et d’Afrique. Plusieurs de ces expéditions sont conduites par l’amiral Zheng He.
En 1405, une première expédition part des provinces méridionales de l’Empire où se situent les ports marchands et les plus importants chantiers navals. Composée de longues jonques, dont certaines peuvent embarquer plus de 1 000 personnes, elle se dirige vers l’Asie du sud-est (Vietnam, Cambodge, Malaisie) avant d’aborder les côtes de l’Inde jusqu’à Madagascar.
Au début de 1407, les cales pleines, les navires rentrent en Chine. Zheng He mène ainsi sept expéditions permettant au commerce chinois de prospérer. Participent également à ces voyages retours des ambassadeurs des pays visités qui restent auprès de l’empereur en tant qu’invités. L’art (peinture, calligraphie), la culture chinoise (littérature, philosophie…) sont aussi transmis hors de Chine.
b. Un repli sur le territoire national après
la mort de Yongle ?
La mort de Yongle et la période suivant la
deuxième moitié du 15e
siècle marquent un retour de
l’isolationnisme. Le pouvoir des Ming
décline. Pourtant des relations maritimes et
commerciales s’établissent avec le monde
occidental. Arrivés les premiers en 1514, les
Portugais installent un comptoir commercial à
Macao en 1557. Les Hollandais s’installeront en
1619 à Taïwan. Le contact
s’établit grâce également aux
missionnaires jésuites arrivant
d’Europe dans la deuxième moitié du
15e siècle comme l’italien
Mattéo Ricci. Ils permettent de diffuser la
science et la culture occidentale et tentent
d’évangéliser les populations.
Cependant l’empire maritime est progressivement
délaissé, les expéditions
abandonnées voire interdites. Au début du
16e siècle la flotte est réduite
au dixième de ce qu’elle était au
début du 15e siècle.
L'essentiel
L'arrivée au pouvoir des Ming consolide la
puissance de la Chine. Le règne de l'empereur
Yongle, au début du 15e
siècle, illustre la volonté de rayonnement et
de suprématie du pays. L'édification de la
Cité interdite en est l'exemple le plus significatif.
Cependant, à partir de la deuxième
moitié du 15e siècle, le repli sur
le territoire national l'emporte sur la volonté
d'ouverture.
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