Le 4 août : symbole de la Révolution ?
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Dans la mémoire collective, la journée symbole de
la Révolution française demeure le
14 juillet 1789. Celle-ci est d’ailleurs
devenue fête nationale. Si l’émeute
parisienne et la prise de la Bastille ont un fort
retentissement et marquent l’irruption du peuple sur la
scène politique, elles ne marquent pas pour autant la
rupture définitive avec l’Ancien Régime. La
nuit du 4 au 5 août 1789, par les décisions prises
par l’Assemblée nationale constituante,
revêt un sens beaucoup plus profond et engage le pays
vers un renouveau politique et social majeur.
1. Un contexte de crises, annonciateur de la chute de
l'Ancien Régime
Depuis le 9 juillet 1789, les députés des
États généraux ont formé une
Assemblée nationale constituante. Son
rôle est de doter le royaume d’une
constitution. La naissance de cette assemblée
marque la fin de l’absolutisme mais la France vit
encore sous le système de la société
d’ordres et de ses privilèges.
a. L'entrée en scène du peuple de
Paris
À partir du printemps 1789, la hausse des prix, en
particulier celui du pain, attise le
mécontentement de la population à Paris
comme en province. De violentes émeutes se
déclenchent, des convois de grains sont
attaqués, des boutiques sont pillées. Le
chômage élevé accentue le
ressentiment de la population.
Le 11 juillet, 25 000 soldats se concentrent aux environs de Paris à l’appel du roi. L’émotion du peuple est vive et pour organiser leur défense, les Parisiens pillent les dépôts d’armes. Pensant y trouver des munitions, ils prennent la forteresse de la Bastille le 14 juillet. La chute de cette prison royale marque symboliquement la fin de l’absolutisme. Le roi, effrayé par les violences, retire ses troupes mais l’annonce de la prise de la Bastille assombrit davantage le climat.
Le 11 juillet, 25 000 soldats se concentrent aux environs de Paris à l’appel du roi. L’émotion du peuple est vive et pour organiser leur défense, les Parisiens pillent les dépôts d’armes. Pensant y trouver des munitions, ils prennent la forteresse de la Bastille le 14 juillet. La chute de cette prison royale marque symboliquement la fin de l’absolutisme. Le roi, effrayé par les violences, retire ses troupes mais l’annonce de la prise de la Bastille assombrit davantage le climat.
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Doc. 1. La prise de la Bastille |
b. La « Grande Peur » dans les campagnes
françaises
La Grande Peur embrase une partie du territoire
entre le 20 juillet et le 6 août 1789. Elle repose
sur des rumeurs de brigandage et de complot contre la
Révolution. Des Anglais auraient
débarqué à Brest, des Espagnols
franchiraient les Pyrénées. Loin des
frontières, c’est le « complot
aristocratique » qui fait office de danger.
Cette mobilisation paysanne va trouver un objectif : le
château féodal dont le propriétaire
n’est pas toujours un noble mais aussi, parfois, un
bourgeois. Certains châteaux sont ainsi
pillés et brûlés.
Il faut tout de même signaler que dans ce climat insurrectionnel, de vastes régions restent à l’écart des révoltes : la Bretagne, l'Alsace, une grande partie de la Normandie, le Bordelais, la Flandre… Il s’agit avant tout d’une révolte agraire contre les droits seigneuriaux que l’on juge écrasants dans un contexte où la misère sévit.
Il faut tout de même signaler que dans ce climat insurrectionnel, de vastes régions restent à l’écart des révoltes : la Bretagne, l'Alsace, une grande partie de la Normandie, le Bordelais, la Flandre… Il s’agit avant tout d’une révolte agraire contre les droits seigneuriaux que l’on juge écrasants dans un contexte où la misère sévit.
2. L'Assemblée nationale constituante met
à bas le système féodal
a. Que faire face à l'agitation parisienne et
à la Grande Peur ?
L’exaltation des députés de
l’Assemblée à abolir les
privilèges n’est pas spontanée.
Cette panique populaire apparaît avant tout comme
une menace contre les privilèges et la
propriété. L’Assemblée, qui
est en train d’élaborer la future
constitution ainsi que la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen lorsqu’elle
reçoit ces nouvelles inquiétantes, doit
réagir.
Cette Assemblée est composée d’une large majorité de bourgeois éclairés, nourris de l’idéal des Lumières. Elle est consciente qu’il faut s’appuyer sur le peuple, seule arme contre le pouvoir royal. La première possibilité de réaction serait de réaffirmer les valeurs de la propriété. Ces députés bourgeois sont avant tout des propriétaires sensibles à cette question. Mais cela voudrait donc dire mater la révolte. Cette solution est rejetée car elle consisterait à s’aliéner la population. C’est donc une autre solution, très symbolique, qui va être choisie.
Cette Assemblée est composée d’une large majorité de bourgeois éclairés, nourris de l’idéal des Lumières. Elle est consciente qu’il faut s’appuyer sur le peuple, seule arme contre le pouvoir royal. La première possibilité de réaction serait de réaffirmer les valeurs de la propriété. Ces députés bourgeois sont avant tout des propriétaires sensibles à cette question. Mais cela voudrait donc dire mater la révolte. Cette solution est rejetée car elle consisterait à s’aliéner la population. C’est donc une autre solution, très symbolique, qui va être choisie.
b. La fin des privilèges
La cause de la révolte n’est pas
ignorée des députés. La question des
droits féodaux et des redevances est au cœur
du mécontentement (voir fiche Les
communautés paysannes au Moyen-Âge). Le
champart, versement au seigneur d’une partie
de la récolte, est particulièrement mal
vécu en cette période de disette. Il en va
de même pour les cens en nature (foin,
volailles, bois, vin) et la dîme due au
clergé.
L’idée d’abolition des privilèges des droits seigneuriaux est lancée dès le 3 août par le duc d’Aiguillon et reprise le 4 par le vicomte de Noailles. Le duc d’Aiguillon est le seigneur de France le plus riche en propriétés féodales après le roi, aussi son discours fait-il sensation. Il y a, sur les bancs des députés de la noblesse, de la surprise et de l’hésitation mais en quelques heures, tout l’Ancien Régime, fondé sur une société divisée en trois ordres et sur la notion des privilèges, s’écroule au milieu des cris d’enthousiasme et des pleurs de joie. Au cours de la nuit, tout vole en éclats. Le bilan est considérable : on propose la suppression de la dîme du clergé, des droits de chasse et de garenne, mais aussi des privilèges des communautés, des villes, des provinces et des corporations.
L’idée d’abolition des privilèges des droits seigneuriaux est lancée dès le 3 août par le duc d’Aiguillon et reprise le 4 par le vicomte de Noailles. Le duc d’Aiguillon est le seigneur de France le plus riche en propriétés féodales après le roi, aussi son discours fait-il sensation. Il y a, sur les bancs des députés de la noblesse, de la surprise et de l’hésitation mais en quelques heures, tout l’Ancien Régime, fondé sur une société divisée en trois ordres et sur la notion des privilèges, s’écroule au milieu des cris d’enthousiasme et des pleurs de joie. Au cours de la nuit, tout vole en éclats. Le bilan est considérable : on propose la suppression de la dîme du clergé, des droits de chasse et de garenne, mais aussi des privilèges des communautés, des villes, des provinces et des corporations.
3. Une oeuvre qui se poursuit au-delà du 4
août
a. Le décret du 11 août 1789
La partie n’est pas entièrement jouée
au cours de cette nuit du 4 au 5 août 1789. Il
convient de mettre en forme les décisions
prises.
L’euphorie retombée, quelques désaccords apparaissent. Certains membres de la noblesse dénoncent une « œuvre de brigands ». Les décisions demeurent pourtant acquises mais avec certaines nuances. Les droits pesant sur les individus sont abolis mais ceux pesant sur les propriétés, les droits réels, sont déclarés rachetables, ce qui conduit à leur maintien jusqu’au 17 juillet 1793 quand la Convention vote leur totale abolition. Ce décret du 11 août 1789 consacre véritablement l’abolition de la féodalité. Il proclame l’égalité civile et fiscale.
L’euphorie retombée, quelques désaccords apparaissent. Certains membres de la noblesse dénoncent une « œuvre de brigands ». Les décisions demeurent pourtant acquises mais avec certaines nuances. Les droits pesant sur les individus sont abolis mais ceux pesant sur les propriétés, les droits réels, sont déclarés rachetables, ce qui conduit à leur maintien jusqu’au 17 juillet 1793 quand la Convention vote leur totale abolition. Ce décret du 11 août 1789 consacre véritablement l’abolition de la féodalité. Il proclame l’égalité civile et fiscale.
b. La Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen
La révolution née du 4 août 1789 est
consacrée par la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen. Mirabeau et
Sieyès en sont les principaux
rédacteurs.
Cette déclaration, discutée et votée du 20 au 26 août, nie l’absolutisme et les privilèges. Elle proclame les principes d’égalité et de liberté et confirme la nécessité de séparation des pouvoirs.
Cependant, ce texte reste très prudent. Dans son dernier article, il réaffirme le droit de propriété et il n’est fait mention ni de l’esclavage, ni du suffrage universel ou encore de l’égalité des sexes. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen demeure pourtant une œuvre fondatrice de la nation représentée par cette Assemblée.
Cette déclaration, discutée et votée du 20 au 26 août, nie l’absolutisme et les privilèges. Elle proclame les principes d’égalité et de liberté et confirme la nécessité de séparation des pouvoirs.
Cependant, ce texte reste très prudent. Dans son dernier article, il réaffirme le droit de propriété et il n’est fait mention ni de l’esclavage, ni du suffrage universel ou encore de l’égalité des sexes. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen demeure pourtant une œuvre fondatrice de la nation représentée par cette Assemblée.
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Doc. 2. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen |
L'essentiel
Le 4 août 1789 marque un moment essentiel dans le
processus de la Révolution française. Par
l’abolition des privilèges,
l’Assemblée nationale constituante brise le
système féodal et la société
d’ordres. Même si tout n’est pas
accompli sur cette seule journée, la volonté
d’une société nouvelle fondée sur
les principes d’égalité et de
liberté est affirmée. La Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen adoptée quelques
temps plus tard illustre cette ambition de construire la
démocratie.
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