1. Une succession de catastrophes humaines
a. Inventaire des principales inondations meurtrières
depuis 1987
Depuis le débordement du Borne et la catastrophe du
Grand-Bornand (14 juillet 1987, 23 victimes), la
mémoire collective alors peu soucieuse des crues du Tech
et de l'Agly en 1940 a dû affronter un nouvel
aléa climatique : les inondations.
En effet, quelques mois plus tard, le 3 octobre 1988, la
ville de Nîmes était à son tour
submergée par une onde fluviale laissant derrière
elle la désolation et 11 victimes. Depuis, la liste
des catastrophes hydrologiques meurtrières est
longue : 44 morts à Vaison-la-Romaine les 22 et
23 septembre 1992, 8 victimes dans l'Aude les 27
et 28 du même mois, 22 morts dans l'ensemble du Sud-Est du
1
er au 7 octobre 1993, 7 dans
l'Hérault à Puisserguier le
28 janvier 1996 et le drame récent des
départements de l'Aude et du Tarn les 12 et
13 novembre 1999.
A cette liste non exhaustive, il convient d'ajouter les
impressionnantes crues du Bas-Rhône (Camargue,
décembre 1993), de la Vilaine ces trois
dernières années et de la Somme au
printemps 2001.
b. Des conséquences majeures de l'anthropisation du
territoire
Devant de tels drames, la conscience collective s'en remet aux
cieux et invoque d'éventuels changements climatiques dont
le Global Warming est directement relayé par tous
les media... Le climat se modifie certainement car seules les
idéologies sont fixistes ! Il faut toutefois parvenir
à faire la part des choses et à envisager aussi des
responsabilités à plus petite échelle ;
et c'est en ce point que réside la difficulté
majeure de l'appréhension du risque
hydro-climatique : des systèmes climatiques
évoluent (refroidissement/réchauffement), se
déplacent (zonalité climatique
révisable ?), tandis que l'homme agit sur le milieu
à grande et à petite échelle
(émission de gaz à effet de serre et anthropisation
des sols).
2. Une géographie nouvelle du risque hydrologique
a. Typologie des zones inondables et des zones inondées
Les récentes inondations majeures évoquées
associent le risque hydro-climatique à une nouvelle
typologie des zones inondables. Certes la topographie des espaces
explique encore partiellement l'une ou l'autre de ces
catastrophes : vallées encaissées du Borne au
Grand-Bornand et de l'Ouvèze à Vaison ; mais
progressivement, ce sont les parties inférieures des
bassins-versants qui deviennent les secteurs les plus
exposés à ce type de risque : basse
vallée du Rhône aux reliefs insignifiants, littoral
languedocien, etc. De plus, il est intéressant de relever
combien le risque hydro-climatique s'est déplacé
vers le nord et le nord-est alors qu'il était
principalement l'apanage du Sud et du Sud-Est de la France, des
régions montagneuses et/ou méditerranéennes.
b. Les responsabilités
A priori l'homme ne peut rien face au changement
climatique ; jusqu'à présent, aucun lien
sérieux de cause à effet n'a permis de
démontrer l'anthropisation globale du climat. Et si les
différents mouvements écologistes ont aidé
les sociétés à mieux contrôler leurs
émissions de gaz à effet de serre, la santé
des citoyens n'en sera que meilleure... En revanche, il est
évident que l'anthropisation et
l'imperméabilisation des sols, la déforestation,
les arrachages des bocages bretons et normands sont autant de
facteurs qui accroissent le risque d'inondation : les sols
ne sont plus recouverts, ils s'érodent rapidement, la
roche-mère apparaît à nu et l'eau des
précipitations n'est plus retenue. De plus, il faut
constater que des permis de construire ont été
délivrés dans des secteurs historiquement
inondables de sorte que l'on est en droit de réclamer des
comptes aux collectivité locales. Les inondations se
situent donc à l'interface de l'activité et des
intérêts humains et des contraintes de la nature.
L'essentiel des données sont extraites d'un article paru
dans la Revue de Géographie de Lyon sous la plume
de Jacques COMBY, « Eléments
d'évaluation des conséquences
socio-économiques des intempéries des 12 et
13 novembre 1999 », RGL,
Vol. 75 3/200, p. 227-243.
L'essentiel
Si la crue d'une rivière est un événement
inhérent à l'évolution saisonnière
de son régime hydrologique, l'inondation sous-entend la
réalisation catastrophique du risque hydrologique.
L'homme peut essayer de l'entraver par la construction de
barrages-réservoirs d'amont ; il peut aussi en
être l'acteur privilégié dans les
modifications qu'il peut transmettre au milieu qu'il occupe en
interface avec les bassins-versants des rivières
concernées.