1. Energie nucléaire et sociétés
S'il produit une énergie électrique comme une
autre, la nature de sa production par fission des atomes
d'uranium 238 ne fait pas du nucléaire civil une
source d'énergie ordinaire.
a. Géographie de l'énergie fissile dans le monde
Dans le monde, environ 450 réacteurs assurent
18 % de la production mondiale d'électricité
(78,5 % en France). Mais si le charbon et le pétrole
sont des sources d'énergie primaire, le nucléaire
est une source d'énergie secondaire qui dépend
d'une technique de production aux infrastructures lourdes et
onéreuses, de sorte qu'il est exclusivement
réservé aux pays les plus riches et à ceux
qui en possèdent la finalité militaire
héritée de la Guerre froide (Inde/Pakistan et
anciennes Républiques soviétiques et satellites).
De fait, les pays les moins riches sont exclus de la production
nucléaire en dépit des tentatives de maîtrise
du nucléaire militaire par certains Etats du Moyen-Orient
(Libye, Iraq et Iran).
b. Le risque nucléaire
Les modalités premières et militaires de la
production nucléaire sont autant d'enjeux et de dangers
potentiels dans la gestion du risque nucléaire. A l'amorce
du désarmement nucléaire, la manipulation des
anciennes têtes de missiles – et leur essaimage
géographique post-soviétique – est un risque
technologique majeur. Le nucléaire civil n'est pas
à l'abri d'incidents comme à Three Miles Island aux
Etats-Unis en 1979 où 165 000 personnes ont
dû être évacuées, tandis que 2 000
portaient plainte contre les autorités américaines
avant d'être définitivement déboutées
en 1996.
2. La catastrophe de Tchernobyl dans la gestion du risque
nucléaire
A ce jour, la plus grande catastrophe nucléaire civile
s'est produite en Ukraine à Tchernobyl le 26 avril 1986.
a. Une catastrophe écologique
L'explosion d'un réacteur de la centrale est à
l'origine d'un nuage radio-actif continu 100 fois plus
puissant que ceux issus des explosions militaires d'Hiroshima et
de Nagasaki en 1945. A la veille de la glasnost, on
ignore le nombre de civils tués ; toutefois
près de 800 000 civils et militaires ont
été expédiés sur les lieux afin de
porter secours aux populations et 50 000 d'entre eux (les
« liquidateurs ») ont directement
travaillé sur le site de l'explosion afin de le recouvrir
d'une chape de béton. Officiellement, 32 personnes
sont décédées alors que le taux de cancers
de la thyroïde a été multiplié par
200 ! Le nuage radio-actif a contaminé
définitivement une région d'un rayon de 30 km
autour de la centrale alors que 4 millions de personnes
vivent toujours dans des secteurs fortement contaminés. En
fait, et à des degrés moindres, toute l'Europe a
subi les effets de cette catastrophe dont on mesure peu ou mal
les conséquences sanitaires.
b. Gérer l'après-Tchernobyl
Le risque nucléaire est inhérent à la
production de ce type d'énergie (retraitement des
déchets, rénovation sécurisée des
premiers réacteurs). La gestion du risque nucléaire
après le 26 avril 1986 insiste sur un certain nombre de
problèmes liés à la sécurité
des centrales face aux risque tectoniques (vallée du
Rhône) et terroristes (renforcement des systèmes
d'alerte et de sécurité des installations). Mais
gérer l'après-Tchernobyl pose la question de
l'exposition passive au risque nucléaire (nuage
radio-actif), alors que cette production peut s'avérer
vitale pour certains pays qui n'hésitent pas à la
poursuivre dans des zones à forte sismicité
(Cernavoda, Roumanie) et selon des filières identiques
à celles de Tchernobyl (Kozloduy, Bulgarie) dans des
conditions de sécurité douteuse et de
précarité économique évidente.
Le défi des pays occidentaux est d'offrir des technologies
nouvelles et des sources d'énergie alternatives dont la
réussite ne peut dépendre que de la volonté
des pouvoirs centraux ukrainiens ou bulgares d'accepter de telles
mutations.
L'essentiel
Depuis le premier choc pétrolier en 1973, la production
d'énergie nucléaire propose une alternative aux
politiques énergétiques fondées jusque
là sur la combustion des énergies fossiles.
Toutefois, le nucléaire n'est pas sans poser quelques
problèmes liés à la possession et à
la maîtrise de la fission nucléaire, domaine
longtemps réservé aux seuls militaires.