1. Les littoraux, des espaces récréatifs à
la mode
a. L'attrait contemporain du littoral
Le tourisme de masse se développe depuis les années
1950-1960. Les littoraux concentrent la majeure partie des
séjours touristiques (entre 60 et 90 %) dans les pays
développés et bénéficient d'une image
attractive véhiculée par les professionnels du
tourisme et les touristes (trilogie touristique :
« la mer, le soleil et le sable »). Les
littoraux européens furent les premiers à
être affectés par le tourisme (en partie grâce
à l'essor du chemin de fer à partir de 1850).
L'essor des transports rapides contemporains (notamment
aériens) a permis le développement de nouvelles
destinations touristiques dans les pays en développement
(Mexique, Sénégal) ou dans des espaces insulaires
presque exclusivement consacrés au tourisme
(Caraïbes, Seychelles, Bali...).
b. Les formes littorales privilégiées
L'attrait principal et classique est bien celui du littoral
sableux. Initialement, les stations balnéaires
s'étaient développées sur les rivieras
(notamment méditerranéenne), mais l'attrait
n'était pas particulièrement lié au rivage.
L'espace littoral était le lieu d'un tourisme
contemplatif, aristocratique et de plaisance. Avec la
massification du tourisme, les besoins (la consommation) en
espaces d'accueil et en aménagements se sont
renforcés au profit des côtes d'accumulation ou de
cordons sableux (côtes à lido).
2. Les formes d'équipement liées au tourisme et
à la récréation dans les zones littorales
a. Les équipements d'accueil des villes littorales
anciennes
Dès le XIXe siècle, les noyaux
urbains anciens devaient servir de point de départ aux
aménagements récréatifs (hippodromes) et les
équipements d'accueil (hôtels de luxe)
étaient destinés aux élites de
l'aristocratie et de la bourgeoisie urbaine. Ainsi, la riviera
italienne ou la Côte d'Azur accueillirent les premiers
touristes sur des zones littorales. Dès cette
époque, des stations furent créées de toute
pièce (ex. : Cabourg au nord-est de Caen).
b. La bétonnisation du littoral par les stations
touristiques
Les stations touristiques modernes, souvent créées
ex nihilo, répondent aux exigences d'un tourisme
de masse (grande concentration saisonnière de populations
estivantes de plus en plus nombreuses). Les congés
payés (1936 en France), le développement des
véhicules individuels, l'émergence d'un
modèle social fondé en partie sur les loisirs
assurent le succès des littoraux. Le tourisme de masse
nécessite des aménagements imposants, notamment
dans les « bassins de réception »
touristiques : le littoral méditerranéen
(Espagne-Costa de Sol, Costa Brava..., France, Italie,
Grèce...), les aires caraïbes et les littoraux de
Floride (Miami Beach) correspondent aux aires les plus fortement
aménagées dans les pays
développés.
Dans les pays en développement, les aménagements
touristiques prennent des formes plus ponctuelles. Le complexe
tunisien d'El-Kantaoui en présente un exemple : hyper
concentration des aménagements sur un espace littoral
restreint (300 ha) et forte capacité d'hébergement
(18 000 lits) dans un espace équipé pour
l'activité touristique (port de plaisance, marina, golf,
zones d'animations...). La clientèle est européenne
à 75 %. Une logique similaire peut être
observée au Mexique (Cancun) ou dans les îles
(Seychelles, Maurice...).
3. Les littoraux entre préservation et menaces
environnementales
a. Les menaces et les altérations liées à
l'activité et aux aménagements touristiques
Les activités et les aménagements touristiques sont
à l'origine de perturbations des dynamiques littorales.
L'installation de routes, de digues et de ports de plaisance
peuvent modifier la trajectoire de courants marins,
entraîner des érosions ou des accumulations non
envisagées (baie du Mont-Saint-Michel).
L'aménagement des cordons dunaires et leur
surfréquentation altèrent le développement
et parfois la survie de la vie biologique (faune et flore). Les
stations touristiques littorales ne disposent pas toutes de
stations de traitement des eaux et les effluents sont
rejetés dans la mer.
b. Les stratégies de conservation
Face à ces dégradations, certaines agences
nationales ont incité les Etats à intervenir. En
France, le conservatoire du Littoral rachète des espaces
littoraux menacés par la pression des aménagements
touristiques et une loi littorale (1986) fixe les conditions
réglementaires des aménagements littoraux. La
Coastal Zone Management Act aux Etats-Unis vise
également à réduire les effets destructeurs
de la pratique touristique. Dans le cas de sites exceptionnels,
la politique de conservation permet de développer une
politique de protection par l'intermédiaire de parcs
nationaux (Everglades aux Etats-Unis, Port-Cros en France...) qui
deviennent également des acteurs de la pratique
touristique littorale.
L'essentiel
Les aménagements touristiques sont
considérés comme l'une des formes contemporaines
les plus caractéristiques de l'aménagement
littoral. Le tourisme de masse (depuis 1950-1960) a
dirigé les vacanciers vers les littoraux des pays
développés. Ils accueillent entre 60 et 90 % des
séjours touristiques dans ces pays. Les littoraux
anciennement urbanisés se sont développés
à partir des stations balnéaires dès le
XIXe siècle. Le noyau urbain ancien devait
servir de point de départ pour les aménagements
récréatifs. Aujourd'hui, les stations
touristiques sont souvent créées ex
nihilo. Les activités et les aménagements
touristiques engendrent des dégradations
environnementales qui nécessitent l'intervention des
Etats pour assurer le contrôle du développement
touristique littoral.