1. L'évolution des fonctions de la ville
a. Les fonctions tertiaires en plein essor
Le secteur tertiaire regroupe l'ensemble des actifs qui
produisent un service et non un bien matériel (ni
activité de production primaire, ni de transformation des
produits). La part des actifs de ce secteur est en augmentation
constante et atteint 67 % des actifs (contre 60 % en
Allemagne par exemple). Cela traduit les besoins croissants de
notre économie, notamment en matière d'encadrement
dans les entreprises(conception, recherche fondamentale et
appliquée...).
Ces activités sont aujourd'hui très fortement
liées à la ville qui leur offre un cadre d'exercice
où sont possibles la concentration et l'interconnexion des
activités. En France, l'activité tertiaire domine
dans la plupart des villes et intéresse autant les
centres-villes (tertiaire de commandement, banques, assurances,
sièges sociaux, services touristiques...) que les
périphéries urbaines (technopôles tels que
Sophia-Antipolis).
b. Le retrait partiel des fonctions de production
Les fonctions de production ont quitté les centres-villes
et dans bien des cas les villes-centres des agglomérations
où des opérations de réhabilitation ou de
rénovation modifient les paysages laissés par les
friches industrielles. A la désindustrialisation des
centres répond, depuis deux décennies, une nouvelle
logique d'implantation d'activités secondaires dans des
zones industrielles et commerciales situées aux portes de
l'agglomération. Ces nouvelles implantations sont
responsables de la grande banalisation des paysages à
l'entrée des agglomérations. Les entrées
dans les villes, les rocades et les contournements autoroutiers
servent d'artère principale
« alimentant » des zones industrielles qui
s'implantent de part et d'autre de ces axes de contournement.
c. Le renouveau d'activité par les hautes technologies et
la recherche
Les activités de haute technologie peuvent tout à
fait s'implanter dans les centres-villes (ex. : des
entreprises telles qu'Alcatel sont implantées dans le
quartier de la Part-Dieu à Lyon) mais la logique qui
prévaut est plutôt celle du regroupement de ces
entreprises, des laboratoires High Tech sur des
technopôles : Rennes-Atalante, Sophia-Antipolis
près de Nice, Toulouse, Paris, Lyon, Nancy... toutes les
grandes villes françaises se sont dotées d'un
technopôle. Les ZALA (Zones d'Activités Liées
à un Aéroport) représentent une forme
particulière de regroupement mais elles s'inscrivent dans
le vaste mouvement d'équipement des
périphéries urbaines françaises.
2. Les différents acteurs de l'urbanisation
a. Le rôle de l'Etat
A l'échelle nationale, l'Etat a joué un rôle
majeur dans l'impulsion de nouvelles activités ou de
nouvelles localisations. Toulouse, par exemple n'est pas une
ville de vieille tradition industrielle. Ses fonctions
industrielles s'étoffent progressivement en partie en
raison de l'incitation de l'Etat à la création
d'entreprises aéronautiques et de son soutien à
l'industrie (Latécoère puis Airbus).
Définie comme métropole d'équilibre,
Toulouse devient ensuite le fer de lance de l'industrie
aéronautique et aérospatiale. Dans un cadre plus
général, l'Etat prend un certain nombre de mesures
dans le cadre de la « politique de la
ville » qui s'appuie sur l'échelon local.
b. Les politiques urbaines
Depuis une décennie, les politiques de la ville ont pour
objectif de répondre aux urgences de certains quartiers en
difficulté. En 1994, 200 contrats de villes
intéressent 1 200 quartiers métropolitains.
Ils prévoient des actions en faveur de
l'amélioration de l'habitat, du développement des
services publics, de réduction du chômage et de la
délinquance. On leur adjoint 24 programmes
d'aménagement concerté du territoire urbain
(PACT-urbain) qui, sur la base de mêmes objectifs, sont
destinés à régler ces questions pour un
ensemble de villes (bassin sidérurgique lorrain, bassin
d'Alès...). Les grands projets urbains (12 au total)
cherchent à transformer de manière radicale les
quartiers les plus en difficulté.
Enfin, à partir de 1996, on définit 700 ZUS
(Zones Urbaines Sensibles), 400 ZRU (Zones de
Redynamisation Urbaine) et 38 ZFU (Zones Franches
Urbaines) où la situation est proche de l'urgence
(certains quartiers des banlieues de Lyon, Paris, Marseille,
Dreux...) sont concernés. A l'échelle des
quartiers, les politiques urbaines qui répondent souvent
à l'urgence et les initiatives sont souvent le fait
d'associations plus ou moins soutenues par les pouvoirs
publics.
L'essentiel
Les fonctions urbaines ont évolué au cours du
XXe siècle. Principalement industrielles, les
villes ont renforcé leur pouvoir de commandement et leur
influence décisionnelle grâce à
l'activité tertiaire. Ces compétences
renouvelées marquent l'espace urbain central. Toutefois,
les villes françaises sont également fortes de
leurs périphéries qui, bien que composites,
assurent à la ville compétence,
compétitivité, inventivité à travers
la création de pôles technologiques et
universitaires performants (cf. Toulouse).
Toutefois, la ville se trouve confrontée à certains
problèmes qui ont pour effet de créer des
ségrégations socio-spatiales, à l'origine de
violences urbaines (entre autres). Les politiques urbaines,
locales et nationales, tentent de trouver des solutions à
une situation qui prend parfois des formes explosives.