1. L'urbanisation du continent africain
a. Une explosion urbaine récente
L'urbanisation de l'Afrique, rapide, s'accélère
depuis le milieu du XXe siècle. En 2000,
sur une population totale de 800 millions de personnes (660 pour
l'Afrique subsaharienne et 140 pour le Maghreb), 290 millions de
personnes (220 pour la première et 70 pour le second)
résident dans des villes. Le taux d'urbanisation moyen
(36 %) est supérieur dans les pays du Maghreb
(50 %) – qui bénéficient d'une tradition
urbaine ancienne renforcée par la colonisation – ou
en Afrique du Sud, par rapport à l'Afrique subsaharienne
(33 %). Les taux d'urbanisation augmentent depuis 1970,
notamment en Afrique centrale (passé de 10 %
en 1950 à 41 % en 2000). Dans les pays du
Maghreb, ces taux sont supérieurs avec 54 % pour
l'Algérie et 60 % pour la Tunisie.
b. Une urbanisation inégale
D'un pays à l'autre, les pourcentages de population
citadine varient considérablement : 85 % dans
les pays hyper-urbanisés tels que la Libye ou le Gabon
(73 % en 1993), 6 ou 8 % dans des Etats encore ruraux
tels que le Rwanda ou le Burundi. Pourtant, avec le
développement des villes, la tendance est à
l'homogénéisation entre les grands ensembles :
par exemple, le rapport de population urbaine qui était de
1 à 7 en 1950 entre l'Afrique orientale et l'Afrique
australe est ramené à un rapport de 1 à 2 en
2000. La localisation des principales villes est liée
à la position des Etats et à leur ouverture
à l'économie de marché qui a, en retour, des
effets sur la croissance urbaine. La plupart des villes
millionnaires de l'Afrique subsaharienne sont des ports
maritimes.
2.LA vie urbaine en Afrique
a. L'habitat urbain
L'habitat urbain est composite. Les villes du Maghreb disposent
des caractéristiques des villes orientales avec la
présence du souq, quartier central du commerce.
Les héritages urbains sont variés : les
médinas (Sfax, Tunis) jouxtent les quartiers construits au
XIXe et au XXe siècle, souvent
sous l'impulsion des colonisateurs. L'Afrique subsaharienne
dispose d'une tradition urbaine inégale : le
réseau urbain du Nigeria actuel s'appuie sur la structure
du réseau précolonial des Yorubas. La croissance de
la ville s'effectue à partir des centres anciens. Dans
certains cas, la ville est le résultat d'une action
volontariste : la construction d'une capitale pour l'Etat
mauritanien (créé en 1957) à Nouakchott en
est la marque. En dépit de l'existence d'un plan
d'urbanisme, la croissance annuelle de 25 % dépasse
les capacités de gestion de la ville, cette
dernière s'étalant sous la forme d'un habitat
spontané, sans organisation particulière.
b. Les activités dans la ville
L'industrie est assez peu présente dans les villes
africaines. Les actions en faveur de l'industrie ont souvent
survécu grâce à des initiatives politiques ou
à des subventions internationales (FMI). Des
activités de transformation des produits agricoles se
développent : les huileries qui transforment les
arachides, le secteur cotonnier, à l'origine du
développement du textile ou les brasseries (bière
et autres boissons gazeuses) qui représentent dans l'ouest
une activité importante exerçant des effets
d'entraînement dans des secteurs de la verrerie...
Les activités d'exportation ont favorisé le
développement de grands ports : Alexandrie, Lagos,
Abidjan où les vastes équipements portuaires ont
parfois permis le renforcement des activités industrielles
comme à Casablanca. Les fonctions de direction ont
également imposé leurs marques aux villes
africaines : construction de centres d'affaires, d'immeubles
administratifs, bancaires et commerciaux (comme le quartier du
Plateau à Abidjan par exemple).
3. La difficile maîtrise de l'espace urbain
a. Contrôler la croissance des villes ?
Comme pour les villes occidentales en leur temps, la croissance
des villes africaines est difficile à contrôler. La
forte croissance annuelle est supérieure à la
capacité de prise en compte par les pouvoirs publics.
Ainsi, au Caire, en 1970, les pouvoirs publics planifiaient une
partie de l'habitat tandis que parallèlement, les surfaces
d'urbanisation spontanées étaient au moins huit
fois plus importantes. Souvent, les villes engagent des
opérations de viabilisation et de réhabilitation
des quartiers nés spontanément (à Nairobi ou
à Douala).
b. Les problèmes urbains
Les problèmes urbains sont liés à la
concentration excessive de populations dans un espace où
les équipements essentiels sont déficients ou
absents : problèmes d'accès à l'eau
potable et problèmes sanitaires qui en
découlent : mortalité infantile
élevée, carence des systèmes
d'évacuation des eaux, de la voirie, des réseaux
électriques, des transports à l'intérieur de
la ville. Ajoutons à ces difficultés les
problèmes politiques (Brazzaville) et les violences
endémiques urbaines dans les villes sud-africaines.
L'essentiel
L'urbanisation de l'Afrique est inégale. Ancienne dans
les pays du Nord de l'Afrique ou au Nigeria, la
véritable croissance – explosion – urbaine
s'effectue depuis quarante ans. A l'échelle du
continent, 290 millions d'urbains se concentrent principalement
dans des villes proches du littoral. Les taux d'urbanisation
(36 % en moyenne) sont inégaux et font ressortir que les
pays ayant une ouverture maritime sont plus urbanisés
que les pays de l'intérieur.
L'habitat urbain est composite, marqué par une
construction urbaine parfois ancienne (médinas), souvent
engagée ou renforcée par la présence
coloniale (ville européenne). Ce développement
urbain se trouve stimulé par les effectifs
récents venus des campagnes et qui composent en grande
partie l'habitat informel et spontané de la
périphérie des grandes villes africaines
où les problèmes urbains (santé, eau,
aménagement...) sont criants.