Le texte poétique : donner du sens au monde
Le texte poétique repose sur le principe de retour des vers et des sons ; le mot « vers » vient du latin versus, qui signifie « tourner », « retourner ».
Un poème peut être écrit en vers ou en prose.
S'il est écrit en prose, les codes d'écriture ne sont pas les mêmes.
Par exemple, les voyelles i et é sont aiguës et considérées comme plaisantes ; inversement les consonnes r, k et g peuvent être considérées comme dures.
Une allitération est la répétition d'un même son-consonne et une assonance est la répétition d'un même son-voyelle.
• La première concerne le décompte des syllabes.
Dans la langue française, le e est parfois prononcé et parfois tu (on dit alors qu'il est muet). La syllabe terminée par un e muet compte pour une syllabe si la suivante commence par une consonne. Si la syllabe suivante commence par une voyelle, le e n'est pas prononcé.
Ex. : |
« Je/
suis/ bel/le, ô/ mor/tels !/
com/me un/
rê/ve/ de/ pierre. » (Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857 et 1861.) → Les e prononcés forment une syllabe à part entière. → Les e muets sont rattachés à la syllabe suivante. |
Les syllabes formées de deux voyelles contiguës peuvent être regroupées en une seule – c'est une synérèse (miel) – ou bien être séparées en deux syllabes – c'est une diérèse (mi/el). La longueur du vers permet de savoir s'il s'agit de l'une ou de l'autre.
• Une deuxième règle importante concerne la notion de rime.
C'est une répétition de sons identiques à la fin de deux ou plusieurs vers. En principe, une rime est constituée d'au moins deux sonorités (voyelle + consonne ou inversement) : elle est alors suffisante.
Ex. : « |
Il neigeait. On était vaincu par sa
conquête. Pour la première fois l'aigle baissait la tête. » (Victor Hugo, « L'Expiation », 1852 ; Les Châtiments, 1853 et 1870.) |
Dans le cas où la rime n'est constituée que d'une seule voyelle, on dit qu'elle est pauvre.
Ex. : « |
Je suis lasse de vivre et mes yeux sont
maudits Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri. » (Guillaume Apollinaire, « La Loreley », Alcools, 1913.) |
Dans le cas où la rime est formée par au moins trois sonorités, elle est considérée comme riche.
Ex. : « |
Blouse au vent, casquette en arrière, On s'en allait à la barrière. » (Victor Hugo, « Chanson », 1853 ; Les Châtiments, 1853 et 1870.) |
• La richesse des rimes n'est pas le seul aspect important de la versification, leur disposition compte aussi. Trois systèmes sont possibles :
– les rimes plates (aabb) ;
– les rimes croisées (abab) ;
– les rimes embrassées (abba).
Ex. : « |
Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi
la foule Des troupeaux d'autobus mugissant près de toi roulent. » (Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913.) |
Ces vers jouent sur le sens propre et le sens figuré des mots : « troupeau » désigne « un groupe d'animaux » ; le poète considère donc les autobus comme des animaux ; il mêle aussi les niveaux de langue puisque le terme « troupeau » peut être considéré comme familier et désigne un groupe d'autobus.
Le poète a aussi recours aux inventions verbales : les mots sont connus, mais leur sens est renouvelé.
Ex. : « |
Elle avait l’œil limande et
biche D'une qui n'a plus peur du loup. » (Georges Perros, Poèmes bleus, 1962.) |
Les mots sont connus, et pourtant l'expression « avoir l’œil limande et biche » ne figure dans aucun dictionnaire : c'est au lecteur d'en déterminer la signification.
Ex. : « |
Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau ! Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns. » (Charles Baudelaire, « Le Serpent qui danse », Les Fleurs du mal, 1857 et 1861.) |
La comparaison entre un corps de femme et un tissu et la métaphore, qui associe la chevelure de femme à l'élément marin, permettent de comprendre la vision du monde de Baudelaire. Tout en célébrant la femme, l'auteur suggère qu'elle est fragile (« vacillante ») et qu'il s'en méfie (« âcres »). Les figures traduisent bien la manière complexe dont Baudelaire voit le monde et quelles sont ses obsessions.
Les règles de versification (dans le cas des poèmes en vers) et le recours aux métaphores donnent un sens plus éloquent au poème. Aussi le texte poétique est-il sûrement celui qui fait le plus appel à la sensibilité du lecteur.

Fiches de cours les plus recherchées
Découvrir le reste du programme

Des profs en ligne
- 6j/7 de 17h à 20h
- Par chat, audio, vidéo
- Sur les 10 matières principales

Des ressources riches
- Fiches, vidéos de cours
- Exercices & corrigés
- Modules de révisions Bac et Brevet

Des outils ludiques
- Coach virtuel
- Quiz interactifs
- Planning de révision

Des tableaux de bord
- Suivi de la progression
- Score d’assiduité
- Une interface Parents