Le genre de la chronique - Maxicours

Le genre de la chronique

Objectifs : Etudier les caractéristiques du genre de la chronique mais aussi les variations qu'opère Giono dans Un Roi sans divertissement. Quel sens peut-on donner à de telles variations ?
1. Les intentions de Giono
Un roi sans divertissement, écrit en 1946, inaugure la série des Chroniques romanesques qui comprend ce roman, Les Âmes fortes, Les Grands Chemins, Le Moulin de Pologne, L'Iris de Suse, Les Mauvaises Actions.

A l'origine, Giono a pour projet d'écrire un « Opéra bouffe » mais il barre l'expression sur la page de garde de son manuscrit pour la remplacer par le mot « chronique » qui correspond davantage au genre qu'il veut prendre comme modèle.
Après Le Hussard sur le toit, l'écrivain passe à Un Roi sans divertissement car selon ses dires il nourrit depuis longtemps le projet de « publier chaque année un petit roman court – ainsi écrit – style récit – avec des foules de renseignements, le tout intitulé « Chroniques ».
Le Roi serait « Chronique I ». Par ailleurs, le roman Un Roi sans divertissement figurera en 1962 dans l'édition définitive du volume des Chroniques romanesques, preuve de l'attachement de Giono à son projet initial.

Dans la préface de cette édition des Chroniques romanesques, l'écrivain provençal précise également au lecteur qu'il « s'agissait pour [lui] de composer les chroniques, ou la chronique, c'est-à-dire tout le passé d'anecdotes et de souvenirs de ce « Sud imaginaire ». Et d'ajouter qu' il a donné « le titre de Chroniques à toute la série de romans qui mettait l'homme avant la nature », preuve du changement opéré dans son oeuvre. Giono explique que ce livre marque pour lui une étape essentielle dans sa carrière d'écrivain.
Après avoir décrit la réalité de la Provence, l'auteur de Regain cherche désormais à « donner à cette invention géographique sa charpente de faits divers (tout aussi imaginaires) » et de représenter « tout le passé d'anecdotes et de souvenirs dont il avait par [s]es romans précédents composé la géographie et les caractères ».

Dans Un Roi sans divertissement, si l'on se réfère au titre du roman, Giono s'éloigne des chroniques médiévales comme celles rédigées par Froissart ou celles des historiographes royaux. Giono s'inspire de ses lectures. Ainsi, l'écrivain adore les Mémoires de Vidocq et est un grand lecteur des Causes célèbres. Les faits divers le fascinent.
A la différence de Stendhal qui s'intéresse à ceux-ci pour dresser un état des lieux de son époque notamment lorsqu'il rédige La Chartreuse de Parme, Giono s'intéresse quant à lui au côté sanglant et sensationnel du fait divers. Selon lui, tout délit ou crime révèle une face cachée et mystérieuse de l'être humain qui s'avère tout aussi fascinante qu'inquiétante.
2. S'agit-il véritablement d'une chronique ?
Les quelques repères chronologiques qui sont essaimés tout au long du récit peuvent en vérité orienter le livre de Giono vers le genre de la chronique. Ainsi, l'histoire se passe sous la monarchie de Juillet, et durant trois hivers successifs : 1843-1844-1845. Toutefois, l'époque et la société sont très peu décrites et il est donc difficile de situer très précisément l'intrigue. En outre, de simples anecdotes jalonnent tout le récit, sans qu'il y ait mention de faits historiques notables, comme il est de coutume dans le genre de la chronique médiévale par exemple.
Le narrateur affirme tenir des informations précieuses de son ami Sazerat, se nommant de Prébois, qui est un écrivain imaginaire de « quatre ou cinq opuscules d'histoire régionale sur ce coin de Trièves », s'inspirant des chroniques judiciaires locales. Le personnage de De Prébois fait donc figure d'historien et de moraliste puisque l'homme prétend que l'aventure de M.V. n'a pas été consignée dans les ouvrages et ce par censure.
Comme le remarque très justement Mireille Sacotte, il s'agit donc plutôt d'une chronique particulière, « au sens de fait divers extraordinaire à portée universelle », autrement dit une chronique à la façon Giono.
L'essentiel

Un Roi sans divertissement est un roman qui semble d'abord emprunter au genre de la chronique mais pour s'en éloigner assez rapidement tant les repères chronologiques sont en nombre insuffisant et la description de la société est restreinte. Giono s'amuse à brouiller les pistes et à créer un récit autonome, unique et singulier, à la fois proche et lointain du modèle de la chronique.

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