Le genre de la chronique
A l'origine, Giono a pour projet d'écrire un
« Opéra bouffe » mais il barre
l'expression sur la page de garde de son manuscrit pour la
remplacer par le mot « chronique » qui
correspond davantage au genre qu'il veut prendre comme
modèle.
Après Le Hussard sur le toit, l'écrivain
passe à Un Roi sans divertissement car selon ses
dires il nourrit depuis longtemps le projet de
« publier chaque année un petit roman court
– ainsi écrit – style récit –
avec des foules de renseignements, le tout intitulé
« Chroniques ».
Le Roi serait « Chronique I ». Par
ailleurs, le roman Un Roi sans divertissement figurera
en 1962 dans l'édition définitive du volume des
Chroniques romanesques, preuve de l'attachement de Giono
à son projet initial.
Dans la préface de cette édition des
Chroniques romanesques, l'écrivain
provençal précise également au lecteur
qu'il « s'agissait pour [lui] de composer les chroniques,
ou la chronique, c'est-à-dire tout le passé
d'anecdotes et de souvenirs de ce « Sud
imaginaire ». Et d'ajouter qu' il a donné
« le titre de Chroniques à toute la
série de romans qui mettait l'homme avant la
nature », preuve du changement
opéré dans son oeuvre. Giono explique que ce
livre marque pour lui une étape essentielle dans sa
carrière d'écrivain.
Après avoir décrit la réalité de la
Provence, l'auteur de Regain cherche désormais
à « donner à cette invention
géographique sa charpente de faits divers (tout aussi
imaginaires) » et de représenter
« tout le passé d'anecdotes et de souvenirs
dont il avait par [s]es romans précédents
composé la géographie et les
caractères ».
A la différence de Stendhal qui s'intéresse à ceux-ci pour dresser un état des lieux de son époque notamment lorsqu'il rédige La Chartreuse de Parme, Giono s'intéresse quant à lui au côté sanglant et sensationnel du fait divers. Selon lui, tout délit ou crime révèle une face cachée et mystérieuse de l'être humain qui s'avère tout aussi fascinante qu'inquiétante.
Le narrateur affirme tenir des informations précieuses de son ami Sazerat, se nommant de Prébois, qui est un écrivain imaginaire de « quatre ou cinq opuscules d'histoire régionale sur ce coin de Trièves », s'inspirant des chroniques judiciaires locales. Le personnage de De Prébois fait donc figure d'historien et de moraliste puisque l'homme prétend que l'aventure de M.V. n'a pas été consignée dans les ouvrages et ce par censure.
Comme le remarque très justement Mireille Sacotte, il s'agit donc plutôt d'une chronique particulière, « au sens de fait divers extraordinaire à portée universelle », autrement dit une chronique à la façon Giono.
Un Roi sans divertissement est un roman qui semble d'abord emprunter au genre de la chronique mais pour s'en éloigner assez rapidement tant les repères chronologiques sont en nombre insuffisant et la description de la société est restreinte. Giono s'amuse à brouiller les pistes et à créer un récit autonome, unique et singulier, à la fois proche et lointain du modèle de la chronique.

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