Le film noir
Dans le roman noir, l'histoire, toujours nourrie par le crime, acquiert une dimension réaliste essentielle. À travers elle, l'auteur propose une vision du monde (de la rue, de la prohibition, des bas-fonds) et de l'humanité (toujours ambiguë) obscure, voire pessimiste.
Le film noir reprend quelques uns des aspects de la littérature dont il s'inspire : l'enquête, le meurtre, la fuite ou le « coup », bien souvent, lui donnent sa structure (comme fil conducteur) et lui permettent de se faire le reflet, assez désespéré, d'une certaine réalité. On s'intéressera surtout ici à la construction de ce type de films, et plus précisément à leur structure.
Le film noir est à la fois fragmenté (entre chaque scène, il y a un découpage net) et lié (une liaison très efficace, logique, préside à l'enchaînement de ces scènes qui sont elles-mêmes largement homogènes, peu découpées).
Cette structure emprunte probablement sa forme aux œuvres littéraires dont les films s'inspirent (et dont ils sont parfois les adaptations) : des découpages en chapitres homogènes (unité d'espace et de temps) qui respectent par ailleurs la logique propre de l'histoire.
Une telle construction sert un projet bien précis : la diffusion d'une quantité d'informations (soumises, dans chaque scène, à l'attention du spectateur et de personnages privilégiés tels que le détective privé) pendant une durée précise (celle de l'histoire racontée et surtout celle du film). L'ensemble donne à l'œuvre son rythme général, souvent rapide et intense.
C'est évidemment le montage qui réglemente la diffusion de ces informations selon une temporalité précise.
L'homogénéité de chaque scène est assurée par un montage limité (plans longs) ou fondé sur le raccord parfait. Le saut d'une scène à l'autre est souvent exprimé par une ellipse, un fondu au noir ou un raccord plus brutal. Leur enchaînement logique peut alors être pris en charge par certaines correspondances entre les plans consécutifs : dans le dernier plan d'une scène, le privé note sur un bout de papier une adresse qu'on lui communique au téléphone et dans le premier plan de la scène suivante, on peut voir la plaque, dans la rue, sur laquelle est inscrite cette adresse et devant laquelle passe le détective.
On peut voir chacune de ces modalités de montage dans « Le Faucon maltais » de John Huston (son premier film réalisé en 1941 d'après Dashiell Hammett).
Cette voix peut assurer une autre liaison, celle qui permet au personnage qui raconte son histoire, au présent, de retrouver son passé (la coupure entre deux scènes se double alors d'une coupure temporelle, souvent signifiée par un fondu enchaîné) :
Le montage doit pouvoir prendre en charge les articulations temporelles de cette nature, tout en ménageant certaines liaisons importantes.
Le rythme et la construction d'un film peuvent être jubilatoires et largement suffisants. C'est le cas dans « L'Ultime Razzia » de Stanley Kubrick (« The Killing », 1956).
Le montage ne reconstitue la temporalité de l'événement qu'en la faisant éclater ou bégayer : l'histoire ne se développe dans l'esprit du spectateur qu'en se répétant, personnage par personnage, détail par détail. Ce mouvement frappe tous les éléments qui auront leur importance au moment du coup et donne parfois au film une dimension parodique très drôle :
Dans le film noir, le montage doit donner au spectateur toutes les informations nécessaires à la compréhension d'un événement (qui se reconstitue). Il joue donc un rôle absolument essentiel. Et il peut impliquer, pour ne rien rater de cette histoire, une déconstruction temporelle (ainsi on peut tout montrer). Kubrick met cette déconstruction en valeur, sans se priver des aberrations drôles et parodiques auxquelles elle peut conduire.
Tarantino fera de la même désarticulation (de la durée en blocs qui ne se suivent pas seulement mais coexistent) la structure même de ses films noirs (« Reservoir dogs », « Pulp fiction », « Jackie Brown »).
À la parodie, il préfère cependant le pastiche (imitation du style conservée, mais sans excès).Son humour est ailleurs, notamment dans la peinture caricaturale de figures emblématiques du film noir et dans leur rapport au monde contemporain : des truands expérimentés interprètent les paroles d'une chanson de Madonna au début de « Reservoir dogs ».
Le montage préside à l'agencement des informations contenues dans les scènes dont l'articulation obéit toujours à une logique incontestable :
• la logique du temps chronologique, qui accompagne souvent le point de vue d'un personnage : il prend connaissance d'informations qui s'enchaînent, avec le temps)
ou
• la logique du tout savoir (du tout voir) qui implique une désarticulation de la durée.

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