Les racines du Bauhaus - Maxicours

Les racines du Bauhaus

Objectif
Expliquer le contexte conflictuel, sur fond d'industrialisation de la société, dans lequel s'enracine le Bauhaus depuis le milieu du 19e siècle.
La constitution en 1919 du Bauhaus, école moderne destinée à dispenser un enseignement professionnel en art plastique, architecture et arts appliqués, s'est faite dans un contexte qui prévaut en Europe depuis le milieu du 19e siècle : la rivalité qui s'est installée entre artisanat traditionnel et industrie, entre qualité esthétique et quantité, entre art et technologie.
1. L'heure est à l'industrialisation
L'Europe du 19e siècle a été bouleversée par l'industrialisation. Celle-ci permet d'accroître la production pour un coût moindre.
En retour, le produit industriel est standardisé, il a perdu les qualité esthétiques et fonctionnelles que leur conféraient la main et le savoir faire de l'artisan.

Dès 1850, tout ce qui touche à l'interaction de l'homme avec son environnement est concerné : architecture, ameublement, ustensiles quotidiens, etc.

a. L'Angleterre
C'est en Angleterre, foyer de l'ère industrielle, qu'interviennent les premiers contestataires s'opposant à l'ordre nouveau.

• De 1843 à 1860, l'écrivain et théoricien John Ruskin propose la solution radicale d'un retour à l'artisanat par l'abandon pur et simple de la machine. A terme, il espère qu'une société inspirée de celle du Moyen-âge émergera.

Henry Cole, co-organisateur de l'exposition universelle de Londres en 1851, la première du genre, suggère quant à lui une conciliation de l'industrie et de l'artisanat, sans rejeter la machine a priori, mais en la destinant à une production adaptée et de qualité.

D'une manière générale, l'Europe voit apparaître un mouvement en faveur d'une conciliation de l'industrie et de l'artisanat, notamment par la création d'écoles d'arts et métiers destinées à enseigner l'ouvrage industriel.

b. L'Allemagne
L'Allemagne est en pointe, soucieuse de concurrencer l'Angleterre, première puissance industrielle.
Certains établissement allemands forment même directement leurs élèves pour qu'ils intègrent des branches industrielles précises. Ceux-ci bénéficient d'un enseignement professionnalisant alors qu'en France, au même moment, les ingénieurs ne reçoivent guère plus qu'un enseignement théorique, éloigné des réalités de terrain.

C'est en Allemagne, à Weimar, là où sera fondé le Bauhaus, que l'architecte belge Henry Van de Velde est appelé en 1901 pour fonder une école d'arts et métiers. Mais il rejette formellement toute compromission avec l'industrie, cherchant plutôt à ranimer l'artisanat local, malmené par la concurrence des autres régions d'Allemagne parce que peu industrialisé. Il se réclame alors de l'exemple de l'anglais William Morris.

2. William Morris
a. Le mouvement Arts & crafts
William Morris initie au Royaume-Uni, dès 1861, le mouvement Arts & crafts, proclamant ainsi l'égalité de tout les arts, hissant les arts décoratifs au même rang que la peinture, la sculpture ou l'architecture.
Autour de l'architecture, présentée comme le réceptacle de tous les autres arts, Morris prône l'élaboration d'un langage artistique commun, idée qui sera reprise par les tenants de l'Art nouveau.

Jusqu'en 1894, Morris produira lui-même, dans ses ateliers, toutes sortes d'objets d'art, créant même des papiers peints et ouvrant une imprimerie. Ce faisant, il met à bas l'idée de hiérarchie dans les arts et la pertinence d'une distinction entre artistes et artisans.

b. La machine au service de l'homme
Morris en vient naturellement à pourfendre la médiocre production industrielle contemporaine, ainsi que l'asservissement de l'homme par la machine.

Cependant, à l'instar d'un Henry Cole, il ne condamne pas définitivement l'usage de la machine si elle est mise au service de l'homme. Il se démarque en cela de l'Art nouveau.
D'ailleurs, par son attachement à une maîtrise parfaite dans le maniement des matériaux, ainsi qu'à la cohérence qui doit exister entre le choix d'un matériau et sa destination, Morris se fait plutôt l'annonciateur du fonctionnalisme.

C'est sans doute la raison pour laquelle Walter Gropius, fondateur du Bauhaus, se réclamera de William Morris, notamment en raison de sa manière de voir comme un tout, les étapes successives de la conception d'un objet : invention, production, consommation.
Faisant le lien entre les deux hommes, une organisation opérant en Allemagne voit le jour en 1906, qui sollicitera certains des plus grands architectes du moment : le Werkbund.

3. Le Werkbund
Signifiant « Union pour l'oeuvre », le Werkbund peut être caractérisé par l'hétérogénéité des opinions en son sein.
  • Parmi les membres fondateurs du Werkbund, l'allemand Hermann Muthesius, qui a ramené d'Angleterre quelques idées quant à la fondation d'écoles d'arts et métiers, cherche à dépasser William Morris, car il estime comme prépondérante l'utilisation de la machine, qui permettra notamment de produire au mieux des objets réduits à leur fonction, donc extrêmement sobres.
  • Henry Van de Velde, qui rejoindra le Werkbund, refuse pour sa part que l'artiste voit sa part de créativité ainsi réduite.

Ce sont plutôt les idées fonctionnalistes de Muthesius, notamment relayées par l'architecte Peter Behrens, qui feront connaître le Werkbund internationalement.

On y défend l'emploi de l'acier, du béton, du verre, et Behrens, comme d'autres membres, réalisera surtout des édifices emprunts de modernité, bien loin de l'idéal « morrissien » : usines, ponts de chemins de fer, etc.
Behrens travaillera d'ailleurs pour AEG, la compagnie allemande d'électricité, concevant chaque commande comme appartenant à un ensemble cohérent, de la typographie des publicité à l'architecture des bâtiments industriels.

Plusieurs grands architectes du 20e siècle passeront d'ailleurs par l'atelier de Behrens : Le Corbusier, vers 1910-11, mais aussi Walter Gropius et Mies van des Rohe, qui auront tous deux un rôle déterminant dans le futur Bauhaus.

L'essentiel
Le contexte dans lequel sera fondé le Bauhaus s'enracine dans le 19e siècle et les débuts de l'ère industrielle.
Un phénomène de rébellion à l'encontre de cette dernière apparaît, emmené par des théoriciens, des artistes et des artisans. Tous sont soucieux de préserver leur savoir-faire face à la prééminence de plus en plus affirmée de la machine, qui prétend les remplacer.

Deux tendances se dessinent alors, qui se retrouveront quelques décennies plus tard chez les différents membres du Bauhaus : d'un côté les irréductibles, tel Henry van de Velde, qui s'alignant sur les positions radicales de John Ruskin s'oppose fermement à toute industrialisation, qui a selon lui pour inévitable corollaire la standardisation de la production ; plus nuancés, des hommes comme Henry Cole ou Hermann Muthesius considèrent la machine comme ayant acquis un pouvoir auquel il est inutile de résister, mais qu'il faut apprendre à maîtriser, notamment par la formation de nouveaux artisans-ingénieurs dans des écoles d'arts et métiers.

Entre les deux tendances se trouve le fondateur du mouvement Arts & crafts, William Morris, le plus important de tous car ayant su penser mieux que quiconque la fin de la hiérarchie des arts, ainsi que la possibilité de voir un objet d'usage courant atteindre le même degré de perfection qu'une œuvre d'art dit « noble ».
C'est là une préfiguration du fonctionnalisme, ce qui explique la dette que se reconnaîtra Walter Gropius, fondateur du Bauhaus, à l'égard de Morris.

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