Préliminaires et fondation du Bauhaus
La guerre précipite des changements,
à commencer par la démission de
H. van de Velde en
1915, lassé des attaques dont il fait l'objet en
tant qu'étranger, et ce malgré un bilan
qu'il juge positif.
On lui demande tout de même d'indiquer un
éventuel successeur à la direction de
l'Ecole, et van de Velde propose alors, entre autres,
Walter Gropius, qu'il
a rencontré dans le cadre du Werkbund, et
qu'il estime être, malgré sa jeunesse, un
architecte d'avenir.
Cette proposition séduit le Grand-Duc,
à qui on a notamment montré des
reproductions de meubles conçus par Gropius, dont
il apprécie la sobriété.
Cependant, Gropius étant sous-lieutenant sur le
front, toute procédure de succession est
ajournée.
L'Ecole des arts et métiers est finalement dissoute et ses bâtiments (dont les plans ont été dessinés par H. van de Velde) convertis en annexe de l'hôpital militaire. Mais Gropius est tout de même contacté.
Gropius se déplace à Weimar en 1915, et il lui est demandé par le Grand-duc de fournir un rapport sur la manière dont il envisagerait l'enseignement de l'architecture au sein de cette Ecole, ainsi que la création d'une section d'arts appliqués.
• Les artistes, conformément aux convictions de Gropius, sont indispensables à la création d'objets, car étant seuls à même « d'insuffler de l'âme au produit mort de la machine ».
• Les machines, quant à elles, sont devenues inévitables, et les élèves doivent être formés à leur manipulation.
Gropius pense pouvoir instaurer une collaboration entre les enseignants de l'école, qui seraient des artistes, des « maîtres de forme », et les fabricants, et ce par le biais des élèves.
Ceux-ci, sélectionnés parmi les apprentis des fabricants, et ayant déjà une certaine connaissance des matériaux, apprendraient le dessin et autres disciplines à l'école, élaboreraient des projets avec les artistes-professeurs, projets qu'ils retourneraient exécuter dans les ateliers ou les usines, toujours supervisés par les enseignants.
La région est en effet, en termes d'industrialisation, nettement en retrait par rapport au reste de l'Allemagne. La production y est essentiellement artisanale, tournée vers l'objet précieux, unique, plutôt que vers l'objet d'usage courant.
Les professionnels, organisés en de solides
corporations, sont réticents à la moindre
idée de changement.
Quant au Grand-Duc, sa préoccupation est
à la préservation de cette artisanat
traditionnel, ce pour quoi il avait
été séduit par Henry van de Velde,
qui ne vouait que mépris à l'industrie.
Gropius se détourne dès lors de Weimar, et la guerre finie, reprend à Berlin son travail d'architecte.
On y évoque :
- la dissolution des écoles d'arts
classiques ;
- le retour à l'artisanat ;
- l'accès de tout un chacun au marché de
l'art .
Gropius y évoque aussi son idée de
« Cathédrale du futur »
comme « réunion de tous les arts sous
l'égide de la grande architecture ».
On y retrouve deux notions chères à
Gropius :
- la référence aux
« loges » d'artistes du Moyen
âge, de disciplines différentes mais
collaborant au même grand projet ;
- la prééminence de l'architecture sur
tous les autres arts, qui les embrassent tous.
A terme, c'est l'unité de tous les hommes qui est visée.
• Les changements en faveur de Gropius
Le Grand-Duché de Saxe-Weimar, devenu
l'Etat libre de Saxe-Weimar, est désormais
dirigé par un gouvernement républicain
provisoire, tandis qu'au parlement les partis de
gauche ont remporté les élections.
Quant aux professeurs de l'Ecole d'art plastique, suivant les prises de positions du très respecté Wilhelm von Bode, directeur général des musées de Berlin, ils ont pris conscience dès 1917 (un mémoire est alors envoyé au Grand-Duc) de la nécessité d'introduire dans l'enseignement des beaux-arts celui des arts appliqués, le but étant de mieux préparer les élèves à l'exercice d'un métier.
• La reprise de contact
La reprise de contact engagée en janvier
1919 par Gropius auprès du Maréchal
de la Cour, le baron von Fritsch, en charge de
l'administration des beaux-arts, est facilitée
par le départ du directeur de l'Ecole Fritz
Mackensen.
Les professeurs de l'Ecole d'art plastique se décident alors à appuyer la candidature de Gropius en intercédant auprès du Maréchal. Mais c'est le renfort de Wilhelm von Bode, personnalité jugée impartiale, qui parvient à convaincre ce dernier.
La décision finale, favorable à Gropius, reviendra au président du gouvernement provisoire, August Baudert.
Mais contre l'avis du Maréchal de la Cour, celle-ci est rebaptisée Bauhaus d'Etat de Weimar, avec pour sous-intitulé Ecole supérieure d'art plastique et Ecole d'arts et métiers réunies.
Le nom Bauhaus, « Maison pour la construction », est en soi un programme, que Gropius s'empresse de rédiger.
Un ensemble de circonstances a permis la création, effective le 12 avril 1919, du Bauhaus de Weimar, sous la direction de Walter Gropius.
D'abord la guerre, qui a conduit Henry van de
Velde à démissionner de la direction de
l'Ecole des arts et métiers de Weimar, qui doit
dès lors fermer. Le vide laissé dans cette
petite ville soucieuse de préserver son artisanat
amène les autorités à entrer en
contact avec Gropius, mais le rapport que celui-ci fournit
sur ses conceptions en matière d'enseignements des
arts appliqués, indissociables selon lui de
l'architecture et de l'industrie, effraie ses
interlocuteurs.
Revenu à Berlin à la fin de la guerre,
Gropius est emporté par le vaste élan de
réforme qui secoue l'Allemagne des années
1918-1919, y compris dans les arts, et en profite pour
préciser ses idées. Ce sont finalement les
répercussions à Weimar de ce mouvement
révolutionnaire qui permettent à
Gropius d'accéder à la direction d'un
établissement d'enseignement, l'Ecole d'art
plastique, qu'il est bien décidé à
réformer.
C'est donc un contexte politique en mutation qui a permis la création du Bauhaus. Mais l'arrière-plan socio-économique de Weimar, en particulier la mainmise des corporations d'artisans sur la production locale, n'a en revanche pas changé, et promet de nombreuses difficultés à Gropius et au Bauhaus.

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