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La Danse et La musique

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Objectif
Evoquer La Danse et La Musique, les deux grands tableaux (conservées au Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg) peints par Matisse en 1909-1910, sur commande du collectionneur russe Stchoukine pour décorer son hôtel particulier de Moscou.
La Danse et La Musique marquent l’apogée de la série de tableaux peints dans la lignée du Bonheur de vivre, après Le Nu bleu et Luxe I et II. Les deux œuvres, de grandes dimensions (260 x 391 cm pour La Danse, 260 x 389 cm pour La Musique), ont été commandées par le collectionneur russe Stchoukine pour son hôtel particulier de Moscou, l’ancien palais Troubetskoy. A l’origine, Stchoukine avait commandé trois œuvres, et Matisse avait dès lors prévu de peindre une danse, des baigneuses et une troisième toile sur le thème de la « sérénité ». Mais il n’en peindra que deux, peut-être du fait que Stchoukine aurait déjà eu du mal à faire accepter les deux premières à ses contemporains. La Danse existe en deux versions.
1. La Danse

La première est antérieure à la commande ferme de Stchoukine. Matisse l’a peinte en février ou mars 1909, dès son retour d’un séjour à Cavalière, dans le Var ; elle a peut-être été conçue pour être montrée au collectionneur russe et le décider à passer commande. Cette première version, conservée au Musée d’Art Moderne de New York, de même taille que la seconde, présente également la même composition : il s’agit de la reprise en grand format de la ronde de danseurs qui se trouve à l’arrière plan du Bonheur de vivre, réduite de six à cinq figures, désormais toutes féminines, le mouvement décrivant une ellipse plutôt qu’un cercle, sur un fond simplifié à l‘extrême, symbolique, représentant une colline (une surface verte) et le ciel (une surface bleue).

La Danse I diffère pourtant de La Danse II ; elle paraît moins élancée, moins énergique, ce qui tient principalement à la nature des couleurs. Ainsi, dans La Danse I, les corps sont roses clair et cernés de noir, se détachant sur un vert et un bleu relativement sombres. En revanche, les couleurs de La Danse II sont saturées, vives, sans être pour autant posées uniformément : la couche picturale, légère et transparente, confère de la vie à l’ensemble en jouant sur de continuelles variations de l’intensité lumineuse. Les corps, plus sinueux encore que ceux de la première version, plus gracieux aussi, sont désormais d’un rouge dynamique, et leurs contours cernés d’un mince filet brun.

Par ailleurs, et c’est tout aussi important, la composition a changé, très légèrement mais suffisamment pour que l’impression générale en soit modifiée : les figures débordent du bord de la toile et s’inscrivent dès lors dans un plan suggéré, que l’on imagine infini. Cette absence de cadre défini, associée aux couleurs volontairement non-naturalistes renforce le caractère purement symbolique de l’œuvre, caractère que l’on retrouve dans La Musique.

2. La Musique
Quand La Danse est pure expression du mouvement, mouvement cyclique et perpétuel, La Musique, elle, est complètement statique.

Les cinq figures nues, masculines cette fois-ci, ne bougent pas : l’une est debout, occupant toute la hauteur à gauche de la toile, et joue du violon ; les quatre autres sont assises ou accroupies, la première jouant d’une double flûte, les autres chantant. Le décor (ou plutôt l’absence de décor), les couleurs saturées (rouge des corps, vert de la colline, bleu du ciel) sont les mêmes que celles de La Danse. La seule différence de traitement tient au cerne noir, et non plus brun, qui souligne le contour des corps.

Pourtant, si les corps des deux musiciens et des trois chanteurs sont bien immobiles, la composition ne manque pas de rythme. En effet, les corps ponctuent l’espace de gauche à droite et de bas en haut. On y a même vu l’évocation d’une portée de solfège, le violoniste debout incarnant une clef de sol, suivie de quatre notes. La couleur elle-même, vibrante, et les formes, harmonieuses, affirment l’équivalence de la peinture avec la musique.

La frontalité des figures de La Musique, leur extrême sobriété, leur confèrent une valeur iconique qui tend au sacré et complète parfaitement la célébration joyeuse et échevelée de La Danse.
Les deux œuvres apparaissent comme les deux manifestations d’un même rythme, pur et solaire, déterminé seulement par la forme et la couleur.

Matisse dira en 1929 à l‘éditeur Tériade :

« Un beau bleu pour le ciel, le plus beau des bleus (la surface étant colorée à saturation, c’est-à-dire jusqu’au point où le bleu, l’idée du bleu absolu, apparaissait entièrement), le vert de la colline et le vermillon vibrant des corps […] Signe particulier, la forme se modifiait selon les réactions des voisinages colorés, car l’expression vient de la surface colorée que le spectateur saisit dans son entier. »
3. Réactions
Avant d’être remis à Stchoukine, les deux panneaux seront exposés au Salon d’Automne de 1910. Ils suscitent l’incompréhension et le rejet des artistes comme des journalistes. Un critique russe parle d’une « cacophonie diabolique », de « formes choquantes et hideuses ». On reproche même à Matisse d’avoir « américanisé » ses couleurs, devenues, soi-disant, semblables à celles des affiches publicitaires.

Seul contre tous, Apollinaire prendra tout de même la défense du peintre. Dès lors, Stchoukine, lui-même, hésitera à faire installer les panneaux dans son hôtel particulier. Finalement, il passera outre les fortes réticences de ses proches et des amateurs d’art moscovites, installant en 1912 les deux œuvres dans l’escalier auquel elles étaient destinées. Cependant, il est possible que ce soit sous la pression que Stchoukine ait renoncé au troisième panneau, celui dont Matisse a dit au critique d’art Estienne :
« Enfin, au troisième étage, c’est le plein calme et je peins une scène de repos, des gens étendus sur l’herbe devisant ou rêvant. »

Une hypothèse veut que ce troisième panneau soit devenu six ans plus tard Les Demoiselles à la rivière (Chicago) : mêmes dimensions, mêmes couleurs initiales, signes de parenté dans certains dessins. Avec le temps, l’ensemble a été modifié, tant dans ses formes que dans ses couleurs, mais le thème se serait parfaitement accordé avec celui de La Danse et de La Musique.

L’essentiel

En 1909-1910, Matisse peint La Danse et La Musique, deux grands panneaux commandés par le collectionneur russe Stchoukine pour décorer l’escalier de son hôtel particulier de Moscou. Pour ces œuvres, très importantes dans la carrière du peintre, Matisse a recours à une extrême concentration des moyens. Les couleurs sont réduites à un bleu, un vert et un rouge, portés à saturation et légèrement modulés pour donner un aspect vibrant à l’ensemble. Les formes sont simplifiées et accordées aux couleurs attenantes. Les figures féminines de La Danse forment une ellipse joyeuse et échevelée, directement inspirée de la ronde qui anime l’arrière-plan du Bonheur de vivre, tandis que les musiciens et chanteurs de La Musique ont adopté une attitude statique, frontale, recueillie, mais vibrent des mêmes couleurs et tendent, comme les danseuses, au pur symbole. Par ces deux grandes toiles, qui ne seront pas mieux comprises que les précédentes, Matisse clôt avec une force qu’il n’avait pas encore atteinte le cycle de l’Age d’or, inauguré avec Le Bonheur de vivre.

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