Cinéma de Hong-Kong
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Objectif :
Aborder les particularités du montage dans le
cinéma d'action de Hong-Kong, puis préciser sa
recherche avec les films de John Woo et de Tsui Hark.
Le cinéma de Hong-Kong ne se réduit pas
à la production de films d'action ou d'arts
martiaux.
Bien que cette production dépasse le cadre des années 1980-1990, force est de reconnaître que les films d'action de cette période ont accompagné la nouvelle popularité dont jouit ce cinéma aujourd'hui (Bruce Lee est ainsi la première vedette chinoise internationale).
Des acteurs comme Jackie Chan, Jet Li ou Chow Yun-Fat parviennent plus ou moins à s'imposer à Hollywood. Certains films y connaissent un succès considérable (« Tigre et dragon », Ang Lee).
John Woo, dont le succès est incontestable, est le plus célèbre des cinéastes chinois à avoir réussi à Hollywood.
Bien que cette production dépasse le cadre des années 1980-1990, force est de reconnaître que les films d'action de cette période ont accompagné la nouvelle popularité dont jouit ce cinéma aujourd'hui (Bruce Lee est ainsi la première vedette chinoise internationale).
Des acteurs comme Jackie Chan, Jet Li ou Chow Yun-Fat parviennent plus ou moins à s'imposer à Hollywood. Certains films y connaissent un succès considérable (« Tigre et dragon », Ang Lee).
John Woo, dont le succès est incontestable, est le plus célèbre des cinéastes chinois à avoir réussi à Hollywood.
1. Des films stylisés
Les films d'action de John Woo se remarquent d'abord
par leur extrême stylisation. La
violence y est
prépondérante, le sang coule à flot,
et les coups de feu se tirent en rafale. Les combats et les
fusillades sont très saccadés, le rythme
est rapide, les plans
brefs. En écho, des plans au ralenti interviennent : le
héros reçoit un coup, prend une balle ou un
corps est projeté en l'air.
Si la violence est sans cesse inséparable d'une stylisation qui tempère le réalisme, elle accroît grandement l'effet cinématographique. John Woo avait projeté de réaliser « À toute épreuve » (« Hard boiled », 1992) en empruntant une démarche réaliste. Ce film marqua la transition entre sa carrière chinoise et américaine. Il n'a pu s'y tenir, son style est non seulement une signature, mais aussi un instrument de création.
Le montage fonctionne comme suit : une alternance quasi systématique d'un plan sur le tireur et un autre sur l'objet visé. Les points de vue sur ces images, la taille des plans et la vitesse de défilement de la pellicule restent modulables. Cette structure générale, infaillible, nourrit l'ensemble des scènes d'action. Celles-ci étant très longues la plupart du temps, ce modèle de montage (tireur-cible) est répété de nombreuses fois.
La répétition de ce schéma, la multiplication des coups de feu, la variation des vitesses et des angles, la brièveté des plans donnent à l'ensemble du combat l'allure d'un véritable chaos (l'intensité du bruit, des mouvements et des éclats provoque une saturation d'informations). La violence de l'action est donc prise en charge par une violence du montage. La méthode de John Woo est très intuitive. Il réalise lui-même le montage de ses films, souvent avec l'aide de David Wu (monteur professionnel).
Les scènes sont tournées dans la journée et filmées sous tous les angles possibles.
Conçu le soir même, le montage doit manoeuvrer une quantité considérable de rushes (les fragments de pellicule ne sont même pas numérotés). John Woo travaille ainsi son montage avec une spontanéité qui s'accorde l'énergie et l'intensité de son cinéma.
Si la violence est sans cesse inséparable d'une stylisation qui tempère le réalisme, elle accroît grandement l'effet cinématographique. John Woo avait projeté de réaliser « À toute épreuve » (« Hard boiled », 1992) en empruntant une démarche réaliste. Ce film marqua la transition entre sa carrière chinoise et américaine. Il n'a pu s'y tenir, son style est non seulement une signature, mais aussi un instrument de création.
Le montage fonctionne comme suit : une alternance quasi systématique d'un plan sur le tireur et un autre sur l'objet visé. Les points de vue sur ces images, la taille des plans et la vitesse de défilement de la pellicule restent modulables. Cette structure générale, infaillible, nourrit l'ensemble des scènes d'action. Celles-ci étant très longues la plupart du temps, ce modèle de montage (tireur-cible) est répété de nombreuses fois.
La répétition de ce schéma, la multiplication des coups de feu, la variation des vitesses et des angles, la brièveté des plans donnent à l'ensemble du combat l'allure d'un véritable chaos (l'intensité du bruit, des mouvements et des éclats provoque une saturation d'informations). La violence de l'action est donc prise en charge par une violence du montage. La méthode de John Woo est très intuitive. Il réalise lui-même le montage de ses films, souvent avec l'aide de David Wu (monteur professionnel).
Les scènes sont tournées dans la journée et filmées sous tous les angles possibles.
Conçu le soir même, le montage doit manoeuvrer une quantité considérable de rushes (les fragments de pellicule ne sont même pas numérotés). John Woo travaille ainsi son montage avec une spontanéité qui s'accorde l'énergie et l'intensité de son cinéma.
2. Accentuations
Ce type de montage des combats, des
fusillades expose de nettes accentuations de son
caractère syncopé et chaotique. La
fragmentation des plans
est encore plus forte, les séquences du type plan tireur/plan
cible acceptent l'insertion d'autres images
et s'inversent, certaines actions sont montrées deux
fois (une chute d'un personnage est vue sous deux points de
vue).
La durée est suspendue, la liaison temporelle ruinée : roulade d'un personnage, plan sur un personnage qui lui tire dessus, retour sur la roulade au moment même où elle avait été stoppée par la coupe ; le montage alterné n'a pas tenu compte de la durée de ce plan transitoire (coup de feu). La plupart des chefs-d'œuvre de John Woo adoptent ce type de raccords.
Le désordre atteint par moments la représentation elle-même : on n'est plus tout à fait en mesure de discerner ce qui se passe vraiment, tout est affaire de sensation. C'est nettement le cas dans « Time and Tide » de Tsui Hark, réalisé en 2000 après quelques essais peu fructueux du réalisateur à Hollywood :
La durée est suspendue, la liaison temporelle ruinée : roulade d'un personnage, plan sur un personnage qui lui tire dessus, retour sur la roulade au moment même où elle avait été stoppée par la coupe ; le montage alterné n'a pas tenu compte de la durée de ce plan transitoire (coup de feu). La plupart des chefs-d'œuvre de John Woo adoptent ce type de raccords.
Le désordre atteint par moments la représentation elle-même : on n'est plus tout à fait en mesure de discerner ce qui se passe vraiment, tout est affaire de sensation. C'est nettement le cas dans « Time and Tide » de Tsui Hark, réalisé en 2000 après quelques essais peu fructueux du réalisateur à Hollywood :
Une immense fusillade éclate dans des immeubles
et plusieurs points de vue s'enchaînent
indifféremment . Les repères sont flous, le
désordre est total. Les scènes
d'action sont tellement nombreuses que la
structure générale surprend. Le calme est
rare mais impose souvent une quiétude bienvenue au
milieu d'une frénésie de violence.
3. Autres particularités de montage
Par-delà l'articulation générale de
ces films (la distribution de la
violence et du calme) et le montage chaotique des scènes
d'action, d'autres particularités se font
remarquer.
L'usage du flash-back chez John Woo est très fréquent. Il surgit sous forme de plans plus ou moins brefs au ralenti : le personnage est heurté par le brusque souvenir du passé, qui va éventuellement le hanter. Les plans du passé sont montés avec ceux du présent (les plans sont similaires car ils se font écho). Ce modèle est très utilisé dans « Une balle dans la tête »
(« A Bullet in the head », 1990).
Le montage et la ressemblance entretiennent des liens très serrés. Dans « The Killer » (1989), un travelling latéral suit le policier assis sur un fauteuil, et alterne avec par des fondus discrets sur des plans du tueur qui était assis au même endroit.
Le montage alterné n'exprime donc pas la simultanéité mais la ressemblance des deux personnages (gestes et attitudes identiques). C'est un montage qui crée un lien, une relation. Un montage des correspondances, un montage figuratif.
L'usage du flash-back chez John Woo est très fréquent. Il surgit sous forme de plans plus ou moins brefs au ralenti : le personnage est heurté par le brusque souvenir du passé, qui va éventuellement le hanter. Les plans du passé sont montés avec ceux du présent (les plans sont similaires car ils se font écho). Ce modèle est très utilisé dans « Une balle dans la tête »
(« A Bullet in the head », 1990).
Le montage et la ressemblance entretiennent des liens très serrés. Dans « The Killer » (1989), un travelling latéral suit le policier assis sur un fauteuil, et alterne avec par des fondus discrets sur des plans du tueur qui était assis au même endroit.
Le montage alterné n'exprime donc pas la simultanéité mais la ressemblance des deux personnages (gestes et attitudes identiques). C'est un montage qui crée un lien, une relation. Un montage des correspondances, un montage figuratif.
L'essentiel
Le montage, dans les films d'action contemporains de
Hong-Kong, favorise une déconstruction de l'espace, de
la représentation (quand le confus et l'indiscernable
sont recherchés) et du temps (la saccade se substitue
à l'écoulement fluide).
La violence est donc totale, elle n'appartient pas qu'au représenté (les coups de feu, le sang, les morts), elle est déjà dans l'agencement des images, dans le montage.
Un montage qui ne cherche donc en aucun cas à être imperceptible puisqu'il a d'autres responsabilités que celle d'assurer une quelconque liaison : la responsabilité d'exprimer le désordre et de signifier, à l'occasion, certaines ressemblances.
La violence est donc totale, elle n'appartient pas qu'au représenté (les coups de feu, le sang, les morts), elle est déjà dans l'agencement des images, dans le montage.
Un montage qui ne cherche donc en aucun cas à être imperceptible puisqu'il a d'autres responsabilités que celle d'assurer une quelconque liaison : la responsabilité d'exprimer le désordre et de signifier, à l'occasion, certaines ressemblances.
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