1. Un nouveau modèle de société
a. De nouvelles aspirations
Dans les années 1950-1960, l'acte de consommation
prend une signification différente de celle
d'avant-guerre. Il ne s'agit plus de satisfaire des besoins
primaires, nourriture, vêtements ou logement, mais
d'acquérir des éléments de confort qui
rendent la vie quotidienne plus facile. L'uniformisation de
l'accès à certains types de biens de consommation
peut donner l'illusion d'une unification du corps social mais, en
réalité, il s'agit aussi et surtout d'affirmer son
appartenance à une catégorie sociale
déterminée par une certaine norme de consommation
différente de celle des autres catégories sociales.
b. L'augmentation des revenus et niveaux de vie
Les nouvelles aspirations de la population sont rendues possibles
par une réelle élévation des niveaux de vie
moyens. La diminution de la part de l'alimentation dans le budget
des ménages, grâce à l'accroissement de la
productivité agricole, permet une augmentation du revenu
disponible pour de nouvelles consommations non physiologiques.
S'y ajoute une augmentation des revenus, en termes réels,
grâce à l'inflation. Celle-ci permet de diminuer le
poids de l'acquisition d'un logement grâce au
crédit. Par ailleurs, les gouvernements des pays
industrialisés, quelle que soit leur tendance politique,
pratiquent des politiques acceptant les revendications
salariales, afin de garantir la paix sociale et politique. Ce
faisant, ils contribuent à un développement
supplémentaire de l'inflation, allégeant ainsi
encore le coût des acquisitions à crédit.
Ainsi, à la fois en termes réels et en termes
relatifs, on assiste à une hausse considérable des
pouvoirs d'achat des ménages des pays
industrialisés.
2. L'évolution des consommations
a. Le déclin des consommations liées aux besoins
primaires
Alimentation et textile voient leur part dans le budget des
ménages des pays industrialisés reculer de
façon significative. En vingt ans, entre 1950
et 1970, la part de l'alimentation qui était souvent
proche de 50 % du budget moyen des ménages,
régresse à moins de 30 %.
L'habillement qui représentait entre 12 et 15 % du
budget moyen en 1950 se situe, vingt ans plus tard, à
moins de 10 %.
Seul le logement a progressé en passant de 15 à
20 % environ mais, dans le même temps, on assiste
à l'accroissement de l'accession à la
propriété. Ainsi, si les ménages
dépensent plus en logement, ils sont aussi moins
locataires et plus propriétaires. Or l'inflation tend
à diminuer le poids relatif du crédit et
l'acquisition d'un logement est une épargne
différée qui permet aux ménages
accédant à la propriété de consommer
plus une fois leur acquisition totalement payée.
b. L'essor de nouvelles consommations matérielles et de
services
A partir des années 1950, ce sont les biens
d'équipement des ménages, également
appelés biens semi-durables, qui sont au coeur des
consommations des ménages des pays industrialisés.
Entre 1949 et 1965, le prix courant moyen des voitures
particulières est multiplié par sept alors que le
salaire horaire moyen est multiplié par trente-sept.
Ainsi, le pouvoir d'achat en automobile d'un ménage est
multiplié par cinq. Il n'est donc pas étonnant que
l'automobile soit l'un des grands produits-phares de la
croissance des Trente Glorieuses. S'il y avait 1,5 million
de voitures en circulation en France en 1939, à
l'aube des années 1970, il y en a plus de
17 millions. Les appareils électroménagers
profitent également de cette nouvelle
prospérité. Les services, que ce soit de
santé, d'éducation ou de loisirs, constituent une
autre consommation nouvelle : leur part dans le budget des
ménages double entre 1950 et 1970.
L'essentiel
La croissance des Trente Glorieuses se traduit – pour les
ménages – par une élévation de leur
niveau de vie. Progressivement, un nouveau modèle de
société se met en place, fondé sur de
nouvelles aspirations et surtout sur la satisfaction de
nouveaux besoins matériels.