Pourquoi et comment
Bruges
est-elle devenue l’une des plus grandes villes de
l’Occident médiéval ?
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Doc. Vue de la ville de Bruges, de nos jours
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1. La plus grande ville d'Europe du Nord
a. Une très bonne situation
Très bien située au sud du delta du Rhin,
de la Meuse et de l’Escaut, face
à l’Angleterre, Bruges n’est pourtant
pas un port de mer et il faut la construction d’un
canal dans les marais pour que la ville puisse être
mise en communication avec les avant-ports de Damne et de
l’Écluse sur la mer du Nord.
Les gros navires débarquent à
l’Écluse leurs marchandises qui sont ensuite
transportées jusqu’au centre-ville au moyen
d’embarcations légères empruntant les
canaux. C’est leur présence qui vaut
à Bruges le surnom de « Venise du nord »
b. Une ville aux mains des bourgeois
La ville appartient au comte de
Flandre mais par une charte, il accorde aux
riches marchands et maîtres-artisans le droit de
s’administrer eux-mêmes. Le comte nomme les
échevins qui établissent les impôts
et peuvent annuler les règlements
promulgués par le comte. Sur la Grand-Place, la
halle, un marché couvert, sert aussi
d’hôtel de ville, en abritant le siège
du gouvernement. Elle est surmontée d’un
haut beffroi symbolisant la liberté de
la ville.
2. Le développement économique de Bruges
au Moyen Âge
a. Bruges, un carrefour de nations marchandes
Bruges est une ville de marchands venus de toute
l’Europe qui négocient entre eux. Parmi eux,
les Hanséates et les Italiens, les Génois,
les Vénitiens ou les Toscans sont les plus
nombreux. Les marchands se regroupent en
« nations » et chaque
nation a sa « maison » qui sert
d’hôtellerie, de lieu de réunion et de
consulat.
Les habitants de Bruges vivent du grand commerce,
prêtent de l’argent à
intérêt, achètent et louent des
logements. Ils font partie de la hanse flamande, l’association
des marchands protégeant leurs
intérêts.
b. Une grande place commerciale
La ville reçoit des marchandises variées de
l’Europe du Nord et de l’Est, Angleterre,
Suède, Norvège, Russie, Hongrie, Bulgarie
et Pologne, de l’Europe du sud , de l’Afrique
et de l’Asie. Ces marchandises sont des produits
alimentaires ordinaires (fromages, harengs et
graisses), des produits de luxe (épices,
huile d’olive ou miel), des matières
premières textiles (laines, cuirs, fourrures,
draps d’or et de soie), des minerais
(métaux précieux, fer, cuivre, plomb) et
des produits très divers (le suif pour la
fabrication des chandelles, la poix nécessaire
à la défense des châteaux,
l’alun pour fixer les teintures et travailler les
peaux et les cuirs).
c. Bruges, le principal centre textile de l'Occident
Ce commerce prospère est à l’origine
du
développement de
l’artisanat. À la fin du
13e siècle, la ville compte
50 000 habitants et les artisans en
représentent l’essentiel.
Généralement, un maître emploie
quelques ouvriers salariés ou compagnons et des
apprentis. Les artisans d’un même
métier se regroupent en
corporations.
L’artisanat textile se décline en une
cinquantaine d’opérations regroupées
en
quatre grandes phases :
- la préparation de la laine (lavage,
séchage, cardage et peignage) ;
- le filage ;
- le tissage ;
- la finition avec le foulage et la teinture.
Il existe aussi à Bruges d’autres
artisans comme les tanneurs, les tonneliers ou les
brasseurs mais ce sont les tisserands et les foulons qui
se disputent la suprématie dans la ville.
L'essentiel
Au 13e siècle, Bruges, par sa situation
privilégiée, devient une grande place
commerciale de l’Europe du Nord. Elle est aussi un
grand centre de l’industrie textile. Son rayonnement,
la ville le doit aussi aux bourgeois, ces riches marchands et
maîtres-artisans qui administrent la ville.
Spatialement, la Grand place, avec sa halle
surmontée d’un beffroi, témoigne de la
puissance de la ville.