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La vieille ville de Jérusalem, lieu de conflits

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La vieille ville de Jérusalem est au cœur d'enjeux patrimoniaux complexes qui rejoignent des enjeux politiques d'une grande intensité. La vieille ville, symbole du retour des Juifs sur la Terre Sainte est aussi pour les musulmans un lieu de prière symbolique.

Cette concurrence patrimoniale a été ravivée par la création d'Israël et par la prétention des Israéliens et des Palestiniens à faire de la vieille ville et de Jérusalem leur capitale. Aussi la vieille ville s'est-elle retrouvée depuis 1947 au cœur des conflits entre les communautés qui composent la ville mais aussi au centre des conflits entre les États (Israël/autorité palestinienne) et des préoccupations internationales comme le montre le rôle de l'ONU. En 60 ans, la vieille ville de Jérusalem a donc cristallisé un conflit local et régional majeur qui a pris en otage son patrimoine historique.
1. La vieille ville de Jérusalem, enjeu politique depuis 1947
Avec la naissance de l’État d’Israël après la Seconde Guerre Mondiale, Jérusalem redevient un enjeu majeur. Et au sein de Jérusalem, la vieille ville cristallise le conflit qui oppose juifs et musulmans.
a. 1947-1967 : Jérusalem-est en territoire transjordanien
La résolution 181 de l’ONU de 1947 prévoyait la création de deux États. Elle organisait aussi un régime spécial pour la ville de Jérusalem : un corpus separatum sous administration de l’ONU.

Doc. 1. Le Corpus separatum de 1947

Une tutelle devait être mise en place par l’ONU avec un responsable du conseil de tutelle qui ne devait être ni Israélien ni Jordanien mais un conseil législatif élu au suffrage universel ; l’Arabe et l’Hébreu devaient être les deux langues officielles et la protection des intérêts spirituels et religieux des trois grandes croyances monothéistes devait être assurée.

En revanche, le déclenchement de la guerre de 1948 a mis fin à ce projet. Pour Ben Gourion, Jérusalem et le Mur des Lamentations ne pouvaient se trouver hors du territoire du nouvel État juif. Les forces de l'armée israélienne s'emparèrent de la partie ouest de la ville alors que les Palestiniens se réfugièrent derrière le mur d’Armistice à proximité des murailles de la vieille ville. Celle-ci resta dans la partie arabe de la Palestine qui fut rapidement annexée par la Transjordanie du roi Abdallah.

Doc. 2. La partition de Jérusalem de 1948-1967

b. 1967-2012 : Jérusalem-est reprise et annexée
De 1948 à 1967, la ville est coupée en deux : Israélienne à l’ouest et transjordanienne à l’est. La vieille ville échappe donc à l’influence israélienne. Le quartier juif est progressivement abandonné. En 1948, sa population de 2 000 habitants est assiégée et contrainte au départ. En 1967, les parachutistes israéliens reprirent cette partie de la ville au cours de la Guerre des Six Jours. Le quartier fut restauré après la découverte de synagogues saccagées.

 
 Doc.3. Un soldat israélien devant le mur des Lamentations

Israël annexe Jérusalem-est, dont la vieille ville. La ville est proclamée capitale de l’État d’Israël au lendemain du conflit. La Knesset, le parlement israélien, vote une résolution stipulant que « Jérusalem est et a toujours été la capitale d’Israël. ». Le Parlement étend « le droit, l’administration et la juridiction d’Israël » à Jérusalem-est. En 1980, loi fondamentale proclame « Jérusalem entière et réunifiée est la capitale de l’État d’Israël ».

Doc.4. Extension du périmètre de la ville de Jérusalem

Aucun État ne reconnaît cette annexion unilatérale et on ne trouve donc aucune ambassade à Jérusalem. L’ONU a adopté de nombreuses résolutions pour réaffirmer que cette annexion n’avait aucune valeur en regard du droit international. Cependant, les Israéliens décident d’élargir le périmètre du quartier juif dans la vieille ville, notamment en rasant les maisons du quartier maghrébin situées en face du Mur des Lamentations. Une esplanade remplace ce quartier.
2. Le patrimoine otage des enjeux politiques
La fin de la Guerre des Six Jours n’a pas ouvert une période de paix mais une période de tension continue en dépit des nombreuses tentatives de mise en œuvre d’un traité de paix entre Israéliens et Palestiniens. La vieille ville de Jérusalem, symbole de cette lutte, a cristallisé une grande partie des tensions communautaires et a été l’objet d’une véritable stratégie de colonisation de la part de l’État d’Israël.
a. Une stratégie de colonisation à l'échelle de la vieille ville et de Jérusalem-est
• Stratégies de colonisation à l’échelle de la vieille ville
Il est quasiment impossible de construire dans la vieille ville à cause du patrimoine. Si le quartier juif s'est étendu depuis 1967, il est désormais impossible de s’étendre à cause de la densité du quartier musulman et des remparts du quartier arménien qui en font une ville dans la ville.

Une véritable stratégie de colonisation a été mise en œuvre dans le quartier musulman par le rachat des maisons aux Palestiniens (sous une fausse identité si nécessaire) ou par l’expropriation sur la base de la loi des absents. Cette loi prévoit qu’un Palestinien absent plus de 7 ans de Jérusalem ne peut plus y vivre. Aujourd’hui, 75 familles juives vivent dans ce quartier ainsi que 600 étudiants, soit environ 1 000 personnes.

Malgré la quasi impossibilité de construire, l’État d’Israël a promu une politique visant à bâtir de nouveaux immeubles, comme dans le quartier musulman à Burq al-Laqlaq au nord-est de la vieille ville, près de la porte des Lions. Le but est d’y installer des familles juives.

Doc.5. Les territoires de Jérusalem Est

Doc.6. Lutte pour l'espace dans la vieille ville

• Stratégies de colonisation à l’échelle de Jérusalem-est
La lutte à l'intérieur des murs de la vieille ville entre les différentes communautés afin de faire valoir leur influence, leur poids et leur légitimité fait partie d’un projet plus vaste. Ce projet est destiné à créer un glacis des colonies juives à l’est de Jérusalem-est afin de la couper de ses bases palestiniennes.

Ceci a donné lieu à une lutte intense aux alentours de la vieille ville : en effet, si les Juifs parviennent à encercler la vieille ville ils pourront couper les Palestiniens de la Jordanie et d’autant plus revendiquer Jérusalem-est dans les négociations du processus de paix.

Doc.7. Plans de colonisation autour de la vieille ville

Des organisations radicales concentrent leurs efforts sur des quartiers proches comme Silwan. Le but est de créer une ligne continue entre la vieille ville, les implantations et des institutions gouvernementales situées hors les murs dans Jérusalem-est. D’où des affrontements entre Palestiniens et colons.

Doc.8. Les colonies à Jérusalem-est

b. Le patrimoine, une source de conflits majeure à l'échelle de la vieille ville
Les liens entre l’archéologie et la politique sont d’une intensité inégalée. Les Palestiniens craignent en effet que les fouilles soient une manière de contrôler le sous-sol de l’esplanade des mosquées et passer sous silence le passé musulman de la ville au profit de l’histoire juive. 

En 1996, l’ouverture d’un tunnel près de l’esplanade des mosquées (le mont du Temple pour les Juifs) avait créé des émeutes meurtrières. En 2008, un projet concernant la rampe des Maghrébins a été contesté par les autorités supervisant les Lieux saints musulmans.

L’enjeu identitaire est si fort que le patrimoine religieux et les cérémonies sont l’objet d’affrontements violents même entre Chrétiens au moment des rites célébrant Noël, par exemple. Les représentants des Églises grecques orthodoxe, arménienne et catholique se partagent le contrôle du Saint-Sépulcre. Les célébrations sont codifiées de façon à éviter les conflits entre les différentes Églises. Ces règles de cohabitation ont été établies en 1852 par les Ottomans. Malgré des revendications, toute modification est impossible. Pour éviter tout conflit, les clés de l'Église sont depuis sept siècles entre les mains de deux familles musulmanes. Cela n’a pas empêché de graves incidents en 2008.
Pour autant, ces conflits ne sont pas une nouveauté comme l'illustre la couverture de ce journal de 1901.
Doc.9. Les incidents de Jérusalem, au Saint-Sépulcre, les moines schismatiques grecs attaquent les franciscains à coups de bâton Doc.10. Le Saint-Sépulcre
 

L'essentiel
Aujourd’hui, Jérusalem-est et la vieille ville sont le théâtre d’une bataille démographique dans laquelle la population juive est en difficulté. Si elle représentait 74% de la population en 1967, elle n’en représentait plus que 71% en 1987, 69% en 1997 et 66% en 2010. La politique de colonisation est très médiatique et provoque des heurts violents mais la lente progression de la population palestinienne est un élément qui prendra de plus en plus d’importance dans les années à venir.

Le patrimoine urbain, religieux et symbolique de Jérusalem a une telle importance historique et patrimoniale que des communautés, voire des États, n’hésitent pas à en faire le lieu d’un affrontement démographique et urbain. De ce fait, l’équilibre de la ville et son patrimoine peuvent en être affecté. C’est un paradoxe qui nourrit la réflexion sur l’Histoire et sur le regard de l’Historien : le patrimoine de Jérusalem devient la cause de sa propre dégradation.

Le patrimoine est devenu une arme dans les relations entre Israéliens et Palestiniens, juifs et musulmans. Comme l’a rappelé en 2008 Benyamin Nétanyahou, Premier Ministre israélien à cette époque : « Notre existence ne dépend pas seulement de l'armée israélienne et de notre force économique, elle est ancrée dans notre lien avec cette terre, avec nos prédécesseurs ». Cette prise en otage d’une partie importante de l’Histoire de l’humanité peut laisser inquiet.
Références
Ouvrages et revues :
- K. H. Fieckenstein, Jérusalem, ville sainte des trois monothéismes, Paris, Desclée de Brouwer, 1989.
- J. Potin, Jérusalem, Juifs, Chrétiens et Musulmans au cœur d'une ville unique. Bayard/Centurion, 1995.

Dossiers pédagogiques :
- Jérusalem, ville trois fois sainte, Bibliothèque nationale de France - Dossiers pédagogiques, 2004.

Cartes :
Jérusalem, La Documentation française, 2001. 

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