La satire dans Les Châtiments
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Dès le début dans le long poème « Nox », le poète invoque Juvénal (Ier-IIe siècle), auteur satirique qui a dénoncé les mauvaises mœurs de la Rome de Néron, et apostrophe la Muse Indignation dans les derniers vers :
Dressons sur cet empire heureux et rayonnant,
Et sur cette victoire au tonnerre échappée,
Assez de piloris pour faire une épopée ! »
Il écrit donc immédiatement son recueil, dicté par l'indignation, sous le signe de la satire qui doit exposer au peuple les turpitudes du régime de Napoléon-le-Petit.
Tout d'abord, Napoléon III est personnellement attaqué, rabaissé, ridiculisé et apparaît comme un traître criminel qui tente d'imiter son oncle Napoléon Ier. Hugo prend aussi pour cible tous ceux qui soutiennent l'empereur : les hommes de la société, les hommes politiques – préfets, ministres – mais aussi les juges et les militaires.
La société elle-même n'est pas épargnée et Hugo stigmatise en particulier la classe bourgeoise sur laquelle Napoléon III s'est appuyé pour asseoir son régime qui célèbre le triomphe de la « fête impériale » dans un luxe tapageur.
Tout d'abord, il use de l'ironie. Souvent Hugo feint de rendre gloire à l'empereur pour mieux dénoncer son ignominie. Ainsi, les six premiers titres des livres, comme par exemple « La société est sauvée » ou « L'ordre est rétabli », sont des antiphrases, tout comme l'image offerte de Napoléon III « sauveur de l'église et de l'ordre » (livre V, 11).
L'indignation dicte aussi au poète des insultes. Napoléon III est traité de « misérable », de « petit », d'« imbécile » (livre III) et ses complices de « pillards, intrigants, fourbes, crétins » (livre III, 9, vers 1) de façon récurrente.
La satire utilise aussi un certain nombre d'images
destinées à ridiculiser l'empereur. Pour
dénoncer Napoléon III comme un criminel,
Hugo l'associe à des noms de bandits comme
« Mandrin » ou
« Cartouche » (livres II et V),
ou encore à des dictateurs romains comme
« César »,
« Néron », ou encore
« Sylla » (livre I).
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Doc. 1. Caricature de Napoléon III en « César bandit » |
De même l'image de Napoléon III en
« histrion » (livres I, 8 et
VII, 2), sorte de bouffon, de comédien jouant des
farces grossières, participe de la satire, de même
que le bestiaire utilisé de façon
récurrente pour désigner l'empereur qui est pour
Hugo un « chacal
à sang froid » (IV, 11), un
« hibou déplumé »
(VII, 11) et ses complices qui sont des
« hommes pourceaux » (III, 13).
Tous ces procédés sont destinés à convaincre le lecteur de la bassesse et de la petitesse de celui qui s'est fait proclamer empereur.
Inspiré par la Muse Indignation, Victor Hugo ne cesse de critiquer Napoléon III et ceux qui dirigent et soutiennent son régime. La satire naît de l'emploi de l'ironie, d'insultes, et de métaphores ou comparaisons dévalorisantes.
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