La Renaissance en Europe

Dès le 15^e siècle, les marchands d’Anvers aux Pays-Bas ou ceux de la vallée du Rhin en Allemagne, commandent des peintures, achètent des objets de luxe et se font construire de somptueuses demeures. Ils contribuent ainsi à diffuser l'art issu de la Renaissance.

Les artistes de ces mêmes pays n’hésitent pas à faire des voyages en Italie. Ainsi, Albrecht Dürer (1471-1528) est-il l’artiste allemand qui illustre le plus cet aspect. S’il naît et se forme à Nuremberg (dans l'actuelle Allemagne), il se rend plusieurs fois à Venise car il s’intéresse à la peinture de Giovanni Bellini (vers 1429-1516) et se plaît à côtoyer les humanistes italiens.

Les artistes des Pays-Bas et d’Allemagne, contrairement aux artistes italiens, s’intéressent assez peu à la mythologie gréco-romaine. En revanche, s’ils peignent toujours des scènes religieuses, ils s’attachent aussi à représenter le plus précisément possible la réalité. Pierre Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569), quand il peint des enfants en train de jouer ou des rixes (bagarres) de paysans, montre la simplicité des gens du peuple.
 

Doc. 1. Jeux d'enfants (détail), Pieter Bruegel, 1560

C’est l’artiste Jan Van Eyck (vers 1390-1441), en Flandre, qui la met au point. Traditionnellement les peintres utilisent du jaune d'œuf et des pigments pour faire de la peinture. L’idée nouvelle de Jan Van Eyck consiste à mélanger de l'huile de lin avec de l'essence de térébenthine pour que la peinture sèche plus vite et conserve ses couleurs beaucoup plus longtemps.

Doc. 2. La vierge du chancelier Rolin, Van Eyck Jan, 15e siècle

Les époux Arnolfini, une peinture sur bois de 0,82 cm sur 0,60 cm qu’il réalise en 1434 et qui est conservée à la National Gallery de Londres est typique car elle est l’une des premières peintures à l’huile. Cette œuvre est remarquable pour plusieurs raisons : 
- Jan Van Eyck utilise la technique de la perspective avec les lignes constituées par le parquet, le lit, le rebord de la fenêtre ;
- il s'agit d'une commande passée par Giovanni Arnolfini, un marchand né à Lucques vers 1400 et installé à Bruges vers 1421.
Les archives de Bruges contiennent d’ailleurs la trace d’une grande vente de soie et de chapeaux qu’il aurait effectué le 1^er juillet 1421. Le tableau pourrait représenter les fiançailles ou le mariage de Giovanni avec Giovanna Cenami, la fille d'une famille de banquiers de Lucques installée à Paris. À ce propos, un miroir au centre du tableau reflète deux personnages dont l’un serait Van Eyck lui-même.

Elle se propage en Allemagne à l’initiative d’Albrecht Dürer qui sait habilement utiliser les progrès de l’imprimerie puisque la gravure est une image imprimée à partir d’une plaque de bois ou de métal. Par son souci du détail, Albrecht Dürer porte à son point de perfection l’art de la gravure. Par exemple, il grave sur bois en 1515 son Rhinocéros, sans jamais avoir vu cet animal vivant. Il travaille à partir du croquis et de la description faits par un artiste inconnu, d’un rhinocéros indien débarqué au Portugal en 1514, offert par le roi du Portugal au pape. Mais l’animal n’arrivera jamais à destination puisqu’il meurt lors d’un naufrage. Malgré des inexactitudes anatomiques, la gravure est très populaire. Elle est copiée et elle demeure la « référence réaliste » de cet animal jusqu’au 18^e siècle.